Sécurité - Manuel Valls envisage de modifier la carte des gendarmeries
Le maillage des 4.000 casernes de gendarmerie est-il amené à bouger ? C'est ce qu'a laissé entendre le ministre de l'Intérieur qui présentait ses vœux aux 95.000 gendarmes, le 8 janvier. Une première pour un ministre de l'intérieur, qui découle de la loi du 3 août 2009 ayant placé la gendarmerie sous l'autorité de Beauvau. Manuel Valls a ainsi appelé à une évolution de la "carte des implantations territoriales de la gendarmerie", apportant toutefois cette précaution : "Rien ne doit remettre en cause le principe d'un égal accès à la sécurité pour tous, partout sur le territoire. Les adaptations sont possibles, mais elles ne pourront se faire qu'en prenant en compte les spécificités locales." Un chantier sensible pour le monde rural qui a déjà vu passer de nombreuses réformes douloureuses ces dernières années (cartes judiciaire, militaire...) auxquelles va venir s'ajouter la révision de la carte des sous-préfectures. En tout cas, les effectifs de la gendarmerie comme ceux de la police ont été sanctuarisés pour la durée du quinquennat, après des années de baisse. Ils vont progresser de 500 postes tous les ans (toutes forces confondues), même si "ces nouveaux postes, qui sortiront d'école, tarderont un peu", a reconnu le ministre. En revanche, l'état des gendarmeries nécessite d'importants investissements. Une centaine de casernes seraient à rénover d'urgence comme l'a récemment souligné le député socialiste de la Haute-Vienne Daniel Boisserie.
Renforcer la présence sur le terrain
Le ministre ne dit pas sur quels critères les futurs arbitrages seront basés. Mais il précise que la révision de la carte des implantations sera complémentaire d'un nouveau redéploiement des forces de police et de gendarmerie. Il s'agira de prendre en compte les évolutions locales, notamment démographiques, intervenues depuis le précédent redéploiement mené entre 2002 et 2007. "Il nous faut donc avancer dans la concertation en suivant un principe simple : à la gendarmerie la charge de protéger les territoires et les communes et agglomérations qui les structurent ; à la police celle de veiller sur les principaux centres urbains", a souligné le ministre. Début novembre, à l'Assemblée, il avait indiqué qu'une liste d'une quarantaine de communes serait présentée "dans les prochains jours" pour engager la concertation avec les préfets, élus et personnels.
Alors qu'il vient de lancer une réforme de l'appareil statistique, le ministre est revenu sur la hausse de faits enregistrés en 2012 en zone gendarmerie, "notamment des cambriolages et des atteintes aux personnes". "Ces évolutions s'expliquent pour beaucoup par les effets combinés de la crise et d'une forte progression démographique liée notamment aux transferts de population venant des zones urbaines", a-t-il expliqué. Le ministre remettra prochainement ses directives annuelles aux directeurs généraux de la police et de la gendarmerie et aux préfets. Il leur sera demandé de renforcer la présence sur le terrain et de "définir des réponses locales aux causes locales de l'insécurité". "Tout ne peut pas se décider d'en haut, depuis les états-majors. C'est à chacun des commandants de groupement et à chacun d'entre vous, à votre niveau, d'agir au plus près des réalités du terrain afin de mettre en oeuvre les réponses adaptées", a-t-il affirmé aux gendarmes.