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L'Udes appelle à soutenir des "emplois utilité citoyenne" dans les associations

Le nouveau projet de loi de finances peut faire plus pour soutenir les associations et autres entreprises sociales : c'est le message de l'Union des employeurs de l'économie sociale et solidaire. Puisque les parcours emploi compétences ne rencontrent pas totalement leur public, l'Udes propose d'utiliser les crédits disponibles pour soutenir la création d'emplois pérennes dans des associations d'"utilité citoyenne". "La crise sociale n'est pas résolue", selon le président de l'Udes, qui appelle à poursuivre les efforts de dialogue avec les territoires déployés après la crise des gilets jaunes.

A l’occasion de la présentation des projets de loi de finances (PLF) et de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2020, l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes) formule ses propositions pour soutenir l’ESS. Avec en particulier une idée : la création d’un dispositif "emploi utilité citoyenne" pour les associations.

"On s’est aperçu qu’un certain nombre de structures n’arrivaient plus à développer leur modèle et qu’elles avaient besoin d’un coup de main au départ qui puisse faire effet levier", a expliqué à Localtis Hugues Vidor, président de l’Udes. Conçu comme une aide à l’embauche dégressive sur trois ans (80% du smic la première année, puis 60% et 40%), ce dispositif serait financé par les crédits non dépensés dans le cadre des parcours emploi compétences (PEC) qui ont succédé aux contrats aidés. Un peu plus de 128.000 embauches ont en effet été réalisées dans ce cadre en 2018, alors que 200.000 PEC avaient été budgétés, rappelle le président de l’Udes. De quoi soutenir la création d’"emplois pérennes" dans des associations type centres sociaux œuvrant pour le lien social et la mobilisation des habitants sur les territoires.

Après les gilets jaunes, continuer à écouter les territoires

"La crise sociale n’est pas résolue, il y a encore des sentiments de déshérence, d’abandon sur les territoires, avec par ailleurs de fortes tensions sur certains secteurs", estime le porte-parole des employeurs de l’ESS, lui-même directeur général de la fédération Adessadomicile. Il rappelle que la mise en place de groupes de travail sur ces questions territoriales avait été annoncée par le gouvernement suite à la crise des gilets jaunes. "On n’a plus tellement de nouvelles aujourd’hui", déplore Hugues Vidor, citant plusieurs propositions portées par son mouvement comme le développement des crèches associatives et mutualistes à horaires atypiques. L’Udes invite l’Etat à "aller plus loin dans cette écoute" des territoires et à s’appuyer davantage sur les corps intermédiaires.

Concernant les collectivités, "le pacte de Cahors pose problème aux secteurs de l’aide à domicile et des établissements et services", rappelle le président de l’Udes. Ainsi, alors qu’une enveloppe de 50 millions d’euros est dédiée à la préfiguration du nouvel modèle de financement des services d’aide à domicile (voir nos articles des 13 février et 20 mai 2019), certains départements, tels que le Calvados, n’y participeraient pas pour ne pas dépasser la hausse de 1,2% de leur budget imposée par le pacte de Cahors.

Opposition à la réforme du mécénat d'entreprise

En cette rentrée sociale, l’Udes propose par ailleurs d’engager la réforme de la taxe sur les salaires, taxe jugée actuellement trop dissuasive pour nombre d’entreprises de l’ESS. Elle réitère par ailleurs sa demande de création d’un crédit d’impôt à l’innovation sociale dédié aux structures non-lucratives, en extension du crédit d’impôt recherche actuel. En contrepartie de ce crédit d’impôt, la mesure de l’impact social des activités conduites permettrait "d’objectiver le soutien aux structures non-lucratives", précise Hugues Vidor. L’Udes a ainsi conçu un outil de mesure de l’impact social qu’elle mettra prochainement à disposition des associations, TPE et PME de l’ESS.

"Attention à certaines mesures d’économies qui pourraient remettre en cause des politiques de prévention", insiste enfin le président de l’Udes, qui cite notamment le projet – finalement écarté par le gouvernement – de suppression de l’exonération de charges patronales pour les personnes de plus de 70 ans employant une aide à domicile. "Nous sommes très opposés à la réforme du mécénat d’entreprise", ajoute Hugues Vidor, considérant que la réduction de l’avantage fiscal peut avoir "un effet très négatif" sur des actions portées par de grandes associations de solidarité telles que la Croix-Rouge et Emmaüs.