Investissements - Louis Schweitzer réclame une nouvelle ère pour les investissements d'avenir
Déclinés en deux volets (PIA I en 2010, puis PIA II en 2013), les programmes d’investissements d’avenir, lancés en 2010 sous Nicolas Sarkozy, auront-ils droit à une troisième vie ? C’est ce que souhaite Louis Schweitzer, qui a succédé à Louis Gallois au poste de commissaire général à l’investissement en avril 2014.
"C’est une proposition que nous faisons", a-t-il glissé le 21 janvier, lors d’une rencontre à la préfecture d’Ile-de-France. "L’idéal serait de formaliser ce troisième programme courant 2016 pour éviter une rupture", a-t-il précisé. D’ici mi-2017, l’enveloppe restante de 13,5 milliards d’euros devrait être écoulée.
Bonne opération financière pour l’Ile-de-France
Cette année fera figure de test pour les PIA, car leur impact sera soumis à évaluation. Pour l’Ile-de-France, ces plans sont une bonne opération : le territoire a raflé plus d’un tiers des crédits, soit 12 milliards d’euros sur les 33 milliards affectés. Le campus de Saclay est l’un des principaux bénéficiaires.
"Nous n’avons pas d’approche d’aménagement du territoire. Nous prenons l’excellence là où elle est", assume Louis Schweitzer. Dans les contrats de plan Etat-régions, les ressources du PIA sont mentionnées "à titre indicatif". Ce qui ne garantit donc pas qu’elles soient déployées. A ce stade, la couverture en très haut débit est le seul domaine où les investissements d’avenir peuvent irriguer l’ensemble du territoire, d’ici 2020.
Dans les mois qui viennent, le commissariat général à l’investissement et les opérateurs associés (Ademe, Agence nationale de la recherche…) devront redoubler d’effort pour consommer les crédits à temps. Les délais entre l’acceptation d’un projet et le versement des aides sont longs, parfois plus d’un an. Louis Schweitzer se fixe désormais un objectif de trois mois maximum : "L’innovation, ça n’attend pas."
Lien avec le Plan Juncker
Combattre la bureaucratie est aussi un moyen de renforcer la pertinence du PIA, à l’heure où une part de ses crédits est détournée pour renflouer les budgets soumis à une cure d’amaigrissement, comme celui de la Défense. Près de deux milliards d’euros des crédits ont ainsi été dérobés au PIA. Une expérience qui pourrait se reproduire. "Le risque n’a pas disparu", observe l’ex-PDG de Renault. "Plus les sommes sont inemployées, plus la tentation est irrésistible", insinue-t-il. D’où l’importance de donner un coup d’accélérateur, afin d’engager les 13 milliards restants dans les 30 mois à venir.
En parallèle, le commissariat général à l’investissement continue de travailler en tandem avec les équipes européennes chargées de recenser les projets pertinents dans le cadre du Plan Juncker. Une forme de complémentarité entre les PIA et les montages financiers des fonds privés pourrait naître.
L’usine Alstom de Saint-Nazaire a bénéficié des investissements d’avenir, intervenus dans la plus risquée du projet de développement de l'éolien offshore. L’étape suivante, qui consiste à passer en phase industrielle de production et d’installation, pourrait s’inscrire dans le Plan Juncker, si le secteur privé est au rendez-vous.