Logement étudiant - Loger les étudiants franciliens : les propositions du rapport Larrouturou

Regroupement des universités parisiennes en deux pôles, création d'un établissement public d'aménagement, présidé par le recteur de Paris, chargé de piloter un "grand plan de rénovation immobilière" : telles sont les deux propositions majeures du rapport de Bernard Larrouturou sur la rénovation de l'enseignement supérieur parisien remis lundi 5 octobre à Valérie Pécresse.
Le rapport contient également des recommandations sur le volet logement. Contrairement au rapport Anciaux qui appelait, il y a un an et demi, les collectivités à s'impliquer davantage sur ce dossier, ce nouveau rapport - consacré cette fois uniquement à l'Ile-de-France - met surtout en exergue la mauvaise coordination entre les Crous franciliens.

"Un grave déficit du logement social étudiant"

Bernard Larrouturou dresse tout d'abord un état des lieux de l'offre : à Paris, à côté des 4.000 chambres du Crous, on trouve les 5.300 lits de la Cité internationale du boulevard Jourdan, les 4.500 chambres des foyers étudiants confessionnels ou associatifs, les résidences privées et les foyers de jeunes travailleurs. En l'absence de recensement complet, on compterait au total environ 6 places pour 100 étudiants à Paris, 8 en Ile-de-France contre 14 sur la France entière.
Cette insuffisance de l'offre, en particulier de logements sociaux étudiants, l'auteur l'attribue essentiellement à un manque de coordination entre les acteurs concernés. Le défaut de coordination entre les Crous des trois académies (Paris, Versailles, Créteil) est particulièrement critiqué : Versailles et Créteil développent une offre pour les étudiants de leur académie, et n'ont donc pas pour objectif de loger les étudiants parisiens. Le rapport appelle à une "coordination plus étroite" et non à une fusion. Côté collectivités territoriales, les réticences à la construction sont pointées du doigt : "Décider de construire en périphérie une résidence principalement destinée aux étudiants parisiens n'est pas dans les priorités des élus locaux et fait parfois craindre une perspective de 'cité-dortoir' peu motivante." Il faut construire des "résidences à vocation inter-académique, situées en périphérie mais ouvertes aux étudiants des établissements parisiens".

Finaliser le schéma directeur régional

L'élaboration en cours du premier schéma directeur régional du logement étudiant, dispositif créé par la loi du 13 août 2004, sous l'égide du conseil régional, devrait être l'occasion d'améliorer les choses. Sur ce dossier, le rapporteur attend de l'Etat "une contribution (…) en vue de favoriser la finalisation de ce schéma". La préparation de ce schéma doit être l'occasion de trouver un accord sur l'avenir de la plus grande résidence d'Europe, celle d'Antony. Le rapport appelle également à trouver une solution aux problèmes fonciers qui bloquent la construction de nouveaux logements sur le site de la Cité internationale.

Quels logements construire, pour quel public ?

Le rapporteur demande une offre "moins monolithique", qui prenne en compte la diversité des étudiants - comprendre à tous les niveaux d'étude - afin de bâtir "des résidences bien adaptées aux attentes des élus et des riverains". Il souligne l'importance des lieux de socialisation (salles de travail) et demande que le schéma directeur se prononce clairement sur la question de la taille des chambres, sur laquelle il faut trouver un compromis entre l'objectif d'accroissement de l'offre et celui de qualité du bien proposé.
Sur le montage des opérations de construction, l'auteur regrette une implication insuffisante des gestionnaires : bailleurs sociaux et collectivités territoriales sont donc invités à impliquer davantage les Crous dès la phase amont des projets. Au sujet de la taille des résidences, un seuil minimal d'une centaine de logements doit permettre de limiter les coûts de gestion et apporter aux locataires un niveau de service adéquat.
Enfin, "accompagner les universités dans leurs politique d'excellence et d'attractivité ne doit pas se faire, dans les prochaines années, au détriment de la mission sociale des Crous" : la politique actuelle qui consiste à attribuer 80% des logements aux boursiers et 20% d'étudiants étrangers, doit donc être poursuivie.

 

Hélène Lemesle