Logement : le ministère publie une carte des loyers, commune par commune
Cette carte est l'aboutissement d'un travail lancé en 2018 associant une équipe de recherche et plusieurs partenaires, y compris des sites d'annonces immobilières. L'outil est sans doute intéressant surtout pour les communes petites ou moyennes.
Pour la première fois, le ministère chargé du Logement publie une carte interactive des loyers en France (métropole et départements d'outre-mer).
Il s'agit en fait de deux cartes : l'une pour les appartements, l'autre pour les maisons. Autre précision importante : les loyers présentés s'entendent charges comprises. La justification de la publication de ces cartes est que "la connaissance du niveau des loyers est importante pour garantir le bon fonctionnement du marché locatif et la conduite des politiques nationales et locales de l'habitat".
Une base de plus de neuf millions d'annonces
Il existe certes déjà des dispositifs d'observation des loyers, ne serait-ce que la trentaine d'observatoires locaux des loyers (OLL), déployés depuis 2013 et renforcés par la loi Elan du 23 novembre 2018. Ce réseau associatif couvre aujourd'hui les loyers pratiqués dans 51 des principales agglomérations françaises, représentant un peu plus de la moitié du parc locatif privé. Il existe également des données émanant de sites privés, comme des réseaux d'agences immobilières. Mais il manquait encore une vision d'ensemble, pour tout le territoire. Le ministère souligne d'ailleurs que "pour le reste des communes et en particulier pour les zones détendues et rurales, l'information était partielle, voire inexistante".
Les cartes mises en ligne par le ministère sont l'aboutissement d'un travail lancé, en 2018, par la direction générale de l'aménagement, du logement et de la nature (DGALN). La démarche associe une équipe de recherche en économie d'Agrosup Dijon et de l'Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), ainsi que les sites d'annonces immobilières SeLoger, leboncoin et PAP (De particulier à particulier). Le site data.gouv.fr précise que "ce partenariat innovant a permis de reconstituer une base de données avec plus de 9 millions d'annonces locatives. A partir de ces données, l'équipe de recherche a développé une méthodologie d'estimation d'indicateurs, à l'échelle communale, du loyer (charges comprises) par m² pour les appartements et maisons".
Un outil intéressant pour les communes petites et moyennes
Les cartes sont construites à partir des données d'annonces publiées sur les plateformes partenaires au cours de la période 2015-2019. Les indicateurs produits sont ensuite comparés aux données des OLL, mais aussi aux indicateurs de loyers de PriceHubble, un site professionnel spécialisé dans la fourniture de données aux acteurs de l'immobilier. Le communiqué du ministère indique que les cartes "seront mises à jour tous les deux ans par l'Anil [Association nationale pour l'information sur le logement]. Le site data.gouv.fr se contente, pour sa part, de dire que "dans une deuxième phase du projet, la méthodologie devra être consolidée et pérennisée, pour prévoir une actualisation à intervalle régulier de ces indicateurs".
En pratique, il suffit de zoomer sur une des deux cartes pour trouver la commune recherchée et obtenir ainsi le loyer moyen + charges au m². L'outil est effectivement intéressant pour les communes petites ou moyennes, même si le loyer moyen d'une petite commune est presque toujours le même que celui des communes avoisinantes, voire de l'ensemble du bassin de vie. En revanche, on peut se demander quel est l'intérêt pratique de savoir que le loyer moyen + charges au m² d'un appartement est de 13,80 euros à Marseille, 31 euros à Paris et 12,90 euros à Strasbourg. Ces métropoles présentent en effet des écarts très importants d'un quartier à l'autre et le prix moyen a donc peu de signification, si ce n'est pour comparer les grandes villes entre elles. Les données des observatoires restent donc les plus pertinentes dans ce cas.
Par ailleurs, la comparaison des deux cartes montre que les écarts territoriaux de loyers sont plus prononcés pour les appartements que pour les maisons. Pour ces dernières en effet, la quasi-totalité des loyers se situent sous la barre des 9 euros le m², mais grimpent très fortement dans quelques territoires où les maisons sont des denrées rares (centre de l'Ile-de-France, Côte d'Azur, les deux Savoie...). Enfin, les cartes mettent aussi en évidence la cherté des loyers outre-mer, où leurs montants sont systématiquement supérieurs à ceux de la plupart des bassins de vie en métropole.