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Habitat - Logement : la France en queue de peloton européen pour l'accès à la propriété

Une "absence totale de corrélation" entre richesse d'un pays et taux de propriétaires. C'est l'une des conclusions d'une étude sur le marché immobilier résidentiel en Europe réalisée par l'Observatoire de l'immobilier du Crédit foncier.

Dans la dernière livraison de sa lettre, l'Observatoire de l'immobilier du Crédit foncier publie une étude sur le marché immobilier résidentiel en Europe. Celle-ci reprend les conclusions d'un table ronde tenue en février dernier, lors de la conférence annuelle organisée par l'établissement bancaire. L'étude aborde en premier lieu la question du rapport à la propriété dans les différents pays européens. Au sein de l'Union, la proportion des propriétaires est, en 2013, de 70%, contre 30% de locataires (abstraction faite des autres statuts d'occupation des logements).
Le principal enseignement est "l'absence totale de corrélation entre le nombre de propriétaires de leur logement et la richesse du pays". Le pays affichant le taux le plus élevé de ménages propriétaires est ainsi la Roumanie (95,6%), alors que l'Allemagne affiche le taux le plus bas (52,6%). Cette absence de corrélation est encore plus évidente si l'on considère - hors Union européenne - le cas de la Suisse, qui compte seulement 44% de propriétaires.

La France à égalité avec le Royaume-Uni

Dans cet ensemble - et malgré l'attachement supposé des Français à la pierre -, la France se situe en bas du classement, avec 64,3% de propriétaires, pratiquement à égalité avec le Royaume-Uni (64,6%). En dehors de l'Allemagne, seuls deux pays affichent un taux plus faible : le Danemark (63,0%) et l'Autriche (57,3%). Le taux de propriétaires est toutefois en progression en France, puisqu'il était seulement de 60,5% en 2007. En termes géographiques, l'Europe apparaît fortement typée : l'Europe de l'Est compte 87% de propriétaires, l'Europe du Sud 71% et l'Europe du Nord 60%.
La seconde partie de l'étude se penche sur les raisons de la disparité des prix du logement. Ces écarts s'observent en valeur absolue, mais aussi en tendance : sur les trois dernières années (2012-2014), les prix immobiliers ont ainsi progressé de 15% en Irlande et de 11% en Allemagne, mais ils ont reculé de 13% en Italie et de 16% en Espagne.

Des écarts de prix aux raisons multiples

Outre la fiscalité du logement - domaine dans lequel la France affiche un record européen (voir notre article ci-contre du 22 octobre 2014) -, plusieurs raisons sont avancées pour expliquer ces écarts. C'est le cas de la concentration de la population, avec le cas particulier de l'Ile-de-France et du Grand Londres, qui abritent respectivement 18% et 19% de la population nationale. C'est également le cas de la concentration des pouvoirs, qui attire les investissements et les ménages les plus aisés. Le type de logement (maison ou appartement) est aussi un facteur explicatif des écarts de prix.
Enfin l'étude évoque le lien entre les prix immobiliers et le dynamisme économique et la création de richesse. Elle cite notamment le cas de Londres, où la densité est de moitié inférieure à celle de Paris, mais où les prix immobiliers sont deux à trois fois plus élevés.

Des ménages propriétaires français plutôt peu endettés

La dernière partie de l'étude est consacrée au crédit immobilier résidentiel, qui représentait, à la fin de 2014, un encours de près de 6.000 milliards d'euros dans les 28 pays de l'Union européenne, soit 88% des encours de crédits des particuliers. Ce montant représente une moyenne de 11.820 euros par habitant de l'Union et de 40.320 euros par ménage propriétaire.
Le montant moyen de l'encours varie très fortement selon les pays, en lien direct avec le niveau de vie et la proportion d'accédants. Il va ainsi de 189.839 euros par ménage propriétaire au Danemark à 1.472 euros en Roumanie. Avec un encours moyen de 50.015 euros par ménage propriétaire, la France arrive ainsi derrière le Danemark, le Luxembourg, la Suède, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l'Irlande et Chypre, et juste devant l'Allemagne (49.289 euros).