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Ehpad - L'InVS souligne l'exposition au risque infectieux des personnes âgées en établissement

Dans le numéro du 25 août de son Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), l'Institut de veille sanitaire (InVS) publie les résultats d'une étude sur la prévalence des infections dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Cette enquête nationale a été menée en 2006-2007, en cinq vagues successives, par l'Observatoire du risque infectieux en gériatrie (Orig) auprès d'un échantillon de 45.000 résidents dans 577 établissements. Ses résultats prennent, bien sûr, un relief particulier alors qu'approche le risque de la pandémie de grippe A(H1N1).
La synthèse des résultats publiée par le BEH rappelle en premier lieu que l'âge moyen des résidents inclus dans l'échantillon est de 86 ans et que ce dernier compte 49% de résidents très dépendants (classés en GIR 1 et 2). Cette situation rend les intéressés particulièrement vulnérables aux maladies infectieuses. L'étude montre également que le taux de prévalence des infections - tous sites infectieux et toutes phases confondues - est de 11,2% à l'échelon national (4,6% pour les cas confirmés et 6,6% pour les cas probables). L'étude estime de plus qu'"il est fort probable que le taux de prévalence des infections soit sous-estimé pour plusieurs raisons" (difficultés à recueillir certaines données auprès des médecins de ville, cas d'infections non déclarés...). Néanmoins, selon le BEH, "ce taux souligne l'importance du risque infectieux en Ehpad". Les auteurs pointent également les effets d'un mauvais usage des médicaments dans ces structures, également mis en avant par le gouvernement pour justifier la réintégration des médicaments dans les forfaits soins (voir notre article ci-contre du 27 août 2009). Selon l'étude, "la fréquence élevée d'infections accompagne la large utilisation d'antibiotiques dans ces structures. L'incertitude inhérente au diagnostic clinique et le peu de recours aux examens complémentaires conduisent à un usage empirique massif d'antibiotiques. Cela favorise la résistance aux antibiotiques en Ehpad".
Autre élément inattendu révélé par l'étude : l'ampleur des écarts entre régions. Le taux de prévalence total varie ainsi de 4,4% à 16,6%. Les taux les plus élevés sont observés dans le centre et le sud de la France. Les écarts sont plus importants encore si l'on considère isolement les différentes phases de l'étude. Sur la phase 2 (avril-mai 2006), les écarts vont de 0% (Picardie) à 12,3% (Auvergne). Sur la phase 4 (novembre-décembre 2006), la Haute-Normandie et le Nord-Pas-de-Calais affichent un taux de 0%, quand Provence-Alpes-Côte d'Azur connaît un taux de 12,1%. L'étude ne donne pas d'explication globale à ces écarts, mais fournit néanmoins quelques pistes : dans le nord de la France, 60% des résidents sont vaccinés contre le pneumocoque contre seulement 40% au sud, tandis que le taux de vaccination des résidents contre la grippe varie selon les régions de 87 à 98%.
Sur ce dernier point - et face à la menace de pandémie - le ministère du Travail et de la Solidarité vient d'ailleurs de mettre en ligne un ensemble de questions-réponses qui visent plus particulièrement le cas des établissements pour personnes âgées. 


Jean-Noël Escudié / PCA