L'interopérabilité, enjeu central du jumeau numérique national

L'IGN et le Cerema ont présenté l'ambition et les attendus de l'appel à communs sur le jumeau numérique national. Les collectivités sont invitées à faire remonter des besoins et des cas d'usage. Le principal défi portera cependant sur l'interopérabilité entre le jumeau national et les jumeaux territoriaux existants.

Le réchauffement climatique appelle de recourir à des solutions innovantes pour anticiper ses effets, comparer les scénarios d'adaptation et aider au pilotage des politiques publiques. C'est à partir de ce constat que l'IGN, en association avec le Cerema et l'Inria, a décidé de lancer un appel à candidature pour contribuer au jumeau numérique national. Le détail de cet "appel à communs" a été présenté le 31 mai 2024 à l'occasion d'un webinaire (replay prochainement disponible).

Faire dialoguer les jumeaux

Premier élément, cet appel à contribution s'adresse à l'ensemble de l'écosystème, qu'il s'agisse des collectivités dotées d'un jumeau numérique, de structures positionnées sur des jumeaux thématiques ou encore des entreprises proposant des solutions technologiques. Car le concept de jumeau numérique n'est pas nouveau, la représentation 3D d'immeubles, de villes ou encore d'usines dans le but d'analyser, de comprendre, piloter et simuler des phénomènes étant pratiquée depuis de nombreuses années. Ces jumeaux ont cependant pour limite d'être rarement interopérables. Tout l'enjeu sera donc de permettre le passage à l'échelle d'initiatives intéressantes ou, a minima, de faire dialoguer les jumeaux existants. "Nous pouvons envisager des connecteurs (API) pour interroger les jumeaux existants ou encore une interface commune", a précisé Dimitri Sarafinof en charge du projet de jumeau l'IGN. Par ailleurs, le projet associera le conseil national de l'information géographique (CNIG) afin d'élaborer des standards rendant possible l'interopérabilité des jumeaux numériques.

Exploitation des données existantes

Que contiendra le jumeau national ? "Ce jumeau a vocation à valoriser les grandes bases de données de l'IGN (BD Topo, BD Ortho…), la nouvelle base Lidar [cartographie du sol réalisée avec une technologie laser donnant notamment le couvert végétal] et le référentiel sur l'occupation des sols. Il intégrera aussi la réglementation, notamment sur les obligation zéro artificialisation nette (ZAN) et la rénovation thermique", détaille Dimitri Sarafinof. Techniquement, il s'adossera à la Géoplateforme, le point d'entrée unique vers les géodata sur lequel planche parallèlement l'institut. En revanche, il n'est pas prévu dans l'appel à communs de financer la constitution de nouveaux jeux de données. Le jumeau utilisera ensuite des "briques technologiques existantes" avec pour seul impératif d'être open source afin d'en garantir la rediffusion. A minima, l'infrastructure technique permettra de visualiser les données, de naviguer, d'interagir et surtout de simuler les effets du changement climatique et des politiques publiques. 

Faire remonter les besoins

D'ici au 30 septembre 2024, l'IGN et le Cerema attendent des collectivités d'exprimer leurs besoins et de faire remonter les solutions déployées localement qu'il pourrait être opportun de faire passer à l'échelle. Cinq cas d'usage du jumeau ont par ailleurs été identifiés : 
- la planification écologique et l'aménagement durable des territoires ;
- la gestion du littoral ;
- l'agriculture ;
- la forêt ;
- la simulation des épidémies. 
Une liste non exhaustive que les collectivités sont invitées à compléter. Les collectivités qui répondront sont susceptibles de devenir territoire pilote pour tester le jumeau sur leur thématique. Il est également prévu de créer des "communautés" pour faciliter la coopération des acteurs sur des problématiques telles que le littoral ou la forêt.

Premier cas d'usage en 2025

En termes de calendrier, les besoins et cas d'usages du jumeau national seront arrêtés d'ici la fin de l'année, un consortium associant IGN, le Cerema, l'Inria et des industriels (dont le nom n'a pas été dévoilé) étant parallèlement en cours de constitution. L'année 2025 devrait être consacrée à la mise en place de l'infrastructure technique, le déploiement des premiers cas d'usage intervenant dans la foulée. Ces investissements seront financés dans le cadre de France 2030. Pour les applications plus spécifiques, dans un second temps, il est envisagé d'adosser à la plateforme nationale un magasin d'applications proposés par des entreprises selon un modèle économique restant encore à affiner.