Jumeaux virtuels : comment Dassault Systèmes éclaire les décisions des élus

Retenu dans les embouteillages, le maire de Meudon (Hauts-de-Seine), Denis Larguero, n'a pas pu se rendre à temps dans le XIX^e arrondissement de Paris, le 30 mai, où il était censé intervenir dans le cadre du Printemps des Territoires, sur le thème de "la ville de demain". Sans doute l'utilisation d'un jumeau virtuel aurait permis à la ville de Paris d'améliorer son plan de circulation et à l'édile d'arriver à l'heure… Or c'est justement sur l'usage de ces jumeaux virtuels que Denis Larghero était attendu afin de présenter son expérience, à l'occasion de la cinquième édition de cet événement annuel de la Banque des Territoires. Heureusement, Florence Verzelen, directrice générale adjointe de Dassault Systèmes, partenaire de Meudon sur ce programme, a pu s'en acquitter très bien. Connue pour ses compétences de modélisation en matière aéronautique, le groupe l'est moins pour cette activité en plein essor qui est en train de révolutionner l'art de la décision politique locale. À Meudon, un jumeau virtuel permet de travailler sur les enjeux de végétalisation à l'aune du changement climatique. "On est en capacité d'avoir une vision des îlots de chaleur, c'est pour les élus le moyen de prendre la meilleure décision", commente Florence Verzelen. Les simulations en cours font apparaître des écarts de chaleur d'une dizaine de degrés par endroits, selon les choix opérés.

Un investissement modeste

Comme l'indique leur nom, les jumeaux numériques sont des sortes de doubles virtuels de la ville (ou du territoire), qui reproduisent au détail près les rues, les bâtiments, les infrastructures… En collectant toutes sortes de données et en les faisant tourner, ils permettent de tester différents scénarios et d'éclairer les choix des élus pour améliorer l'environnement urbain et "penser la ville du futur". Soit un apport considérable par rapport à une simple maquette en 3D. Pour les mégapoles en expansion, cela devient vital. La ville de Kyoto travaille par exemple sur des scénarios d'inondations. Singapour, île-cité en pleine croissance, cherche à intégrer les constructions de bâtiment, l'augmentation du trafic, le déploiement des réseaux de transports en commun, pour voir la soutenabilité de son développement. Dassault Systèmes travaille également avec la ville de Lyon sur la pollution de l'air. Pour ce faire, la société compile les données satellitaires produites par Airbus disponibles sur le jumeau numérique de la terre. Contrairement à ce que l'on peut penser, ces jumeaux sont à la portée de toutes les bourses au presque. "On parle de 10.000, 20.000 voire 30.000 euros, pas d'un investissement de 100.000 euros, même si cela dépend évidemment de la taille de la ville", indique Florence Verzelen. Pour Lyon, "les études ont pu être menées en quelques jours, cela va vite", poursuit-elle. 

Sérieux atout dans le débat public

Les jumeaux virtuels deviennent un sérieux atout dans le débat public. "Il devient facile de calculer l'impact des décisions politiques et montrer que des décisions prouvées scientifiquement vont améliorer la qualité de la vie", souligne Florence Verzelen. Dassault Systèmes coopère avec le Canada sur un projet de grande voie ferrée qui va impacter 54 communautés autochtones. "Le visuel permet une prise de conscience de ce qui se passe (...). Le jumeau permet d'avoir un dialogue permanent, que ce soit en phase de représentation, en phase de construction ou en phase d'opération."

Dassault Systèmes travaille aussi avec Egis (filiale de la Caisse des Dépôts) à la reconstruction de l'oblast de Tchernihiv en Ukraine, théâtre de la guerre russo-ukrainienne entre février et avril 2022. Le jumeau virtuel est l'occasion de tout remettre à plat : la conception des réseaux cyclables, des infrastructures de transport public, des espaces publics… et de bâtir une "ville du futur".