Le jumeau numérique sous toutes les coutures
Au cœur de la plupart des projets de smart city, le jumeau numérique ne se résume pas à une maquette 3D de la ville. Pour aider les collectivités à se saisir d’un concept aux multiples facettes, à dissocier les vrais des faux jumeaux, la Banque des Territoires vient de publier un guide illustré de nombreux exemples.
Déployé à Rennes, Strasbourg, Angers, Pau, Genève ou Singapour le jumeau numérique s’impose comme un outil de programmation urbaine, de simulation mais aussi de gestion au quotidien de la ville grâce aux données temps réel des capteurs. Indissociable de la smart city, le concept de jumeau numérique est aussi séduisant que complexe, comme le souligne le guide que vient de publier la Banque des Territoires.
Un miroir de la ville
Le jumeau numérique dépasse en effet le système d’information géographique (SIG), technologie déployée depuis une trentaine d’années dans les territoires ou encore le business intelligence modelling (BIM), plus récent et cantonné aux bâtiments. Le guide propose de le définir comme "une réplique virtuelle de la ville telle qu’elle fonctionne". Un "miroir" rendu possible par l’agrégation de multiples données, qu’elles soient géospatiales, réglementaires, environnementales, comportementales ou temps réel. Ce double est également indissociable de la 3D et des technologies du type Lidar lui donnant un rendu extrêmement fidèle. Le jumeau numérique est enfin un terrain de jeu privilégié de l’intelligence artificielle en ouvrant la voie à la "ville prédictive".
Une plateforme collaborative
A la croisée de multiples technologies, le jumeau permet de simuler aménagements, comportements et risques et d’établir des scenarios aidant à une prise de décision éclairée. Il se caractérise aussi par sa vocation collaborative, souligne le guide, en en faisant "un point de rencontre et une place d’échange de toutes les parties prenantes du projet", dont les élus et les citoyens, là où le BIM n’associe que des professionnels. Grace aux données des capteurs, il peut aussi servir au pilotage en temps réel de politiques telles que la qualité de l’eau, de l’air ou encore des nuisances sonores.
Cas d’usages
Face à cet outil à 360°, aux usages quasi infinis, le guide invite les collectivités à faire des choix car "un jumeau ne se juge pas au nombre d’usages ou à leur typologie mais à la valeur apportée à la collectivité, à ses partenaires et à ses habitants". Exemples à l’appui, l’ouvrage propose l’exploration de plusieurs thématiques : la communication, à l’image de l’Ile-de-France qui s’en sert pour offrir la possibilité aux franciliens de connaitre le potentiel solaire de leur logement. A Genève, il facilite le suivi des permis de construire en ajoutant un volet visualisation dans la dématérialisation des procédures d’urbanisme. A Rennes, la plateforme 3D facilite le "désilotage des services" et le partage de données avec les partenaires de la métropole. A Helsinki, l’écoquartier de Kalasatama a pu modéliser l’exposition au vent et au soleil et élaborer différents scénarios d’aménagements.
Vrais et faux jumeaux
Les territoires cités se caractérisent cependant par une forte antériorité sur les sujets numériques, data et gestion de projets innovants. Se lancer dans un projet de jumeau numérique ne s’improvise pas. L’investissement nécessaire est conséquent et le retour sur investissement doit être évalué. Le guide note par ailleurs "un marché peu mûr avec un grand nombre d’acteurs qui prétendent proposer des solutions de jumeaux numériques alors que leurs offres ne représentent que des briques partielles d’un jumeau numérique". S’y ajoutent des problématiques de RGPD et de cybersécurité. Le guide propose une méthode projet en six étapes allant de la définition des besoins aux choix de solutions interopérables en passant par la mise en place d’une gouvernance ad hoc.