L'Insee dresse le portrait de la France des équipements sportifs
Dans une étude basée sur la dernière mise à jour du recensement des équipements sportifs, l'Insee présente une France contrastée, entre l'offre élargie des zones urbaines et celle, plus restreinte et distante, des zones rurales.

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Des zones urbaines plus équipées mais saturées, des zones rurales où se concentrent les terrains de grands jeux et les complexes de tennis, tel est, à grands traits, le portrait de la France des équipements sportifs que dresse l'Insee dans une étude publiée le 26 février.
L'étude recense 182.700 équipements sportifs hors équipements de sports de nature. Ici, il convient de préciser ce que recoupe ce nombre. Selon la source de l'étude, "un équipement sportif est comptabilisé en fonction de son type dans la nomenclature, quel que soit le nombre d’infrastructures de même type sur le même site. Ainsi, pour un complexe qui comprend plusieurs terrains de football ou de tennis, un seul équipement de chaque type est compté par site." Nous sommes donc loin des 272.000 équipements sportifs recensés par l'Injep (Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire) dans "Les Chiffres-clés du sport 2023". Il s'agit là d'une limite importante de l'étude. En effet, si un complexe sportif propose un ou dix terrains de football, si un complexe de tennis propose un ou vingt courts, l'Insee n'en tient pas compte, alors que l'offre de pratique ne sera bien entendu pas comparable pour la population concernée.
Cette limite posée, l'étude de l'Insee nous apprend que les petits terrains extérieurs (basket-ball, handball, etc.) sont les plus répandus sur le territoire français, avec 4,4 équipements pour 10.000 habitants. Suivent les grands terrains extérieurs (football et rugby), avec 3,9 équipements pour 10.000 habitants, les boulodromes (3,1), les salles multisports ou gymnases (2,4) et les complexes de tennis (2,3).
Refus d'inscription dans les clubs
L'Insee remarque que si les équipements sportifs "sont logiquement implantés à proximité des populations", les taux d'équipements par habitant sont souvent plus faibles dans les zones urbaines en raison de la densité de population. L'Île-de-France affiche ainsi 13,4 équipements pour 10.000 habitants, contre 36,4 en Bourgogne-Franche-Comté. Or cela "peut engendrer des phénomènes de saturation et, dans certains cas, des refus d'inscription dans les clubs sportifs", commentent les auteurs de l'étude.
Autre enseignement de ce travail effectué à partir des données du recensement des équipements sportifs mis à jour au 1er janvier 2024 : les territoires les plus ruraux offrent une moins grande diversité d'équipements sportifs ; 9.000 communes situées dans la ruralité à habitat très dispersé sont même totalement dépourvues d'équipements sportifs en dehors de ceux consacrés aux sports de nature. Cependant, il est à remarquer que les habitants des bourgs ruraux et les petites villes bénéficient d'une variété d'équipements sportifs supérieure à la moyenne nationale grâce à la présence sur leur territoire d'installations souvent partagées entre plusieurs communes.
Diagonale du vide
Enfin, l'étude s'est penchée sur les temps d'accès aux équipements, une donnée cruciale pour évaluer la réalité de l'offre sportive. Pour les équipements les plus courants, il faut en moyenne cinq minutes en voiture pour s'y rendre. Cette moyenne varie toutefois selon le type d'équipement – trois minutes seulement pour les grands et petits terrains extérieurs contre sept minutes pour les bassins de natation –, mais surtout selon le type de territoire. On passe ainsi de quatre minutes pour accéder à un bassin de natation si l'on habite dans un grand centre urbain à sept minutes si l'on vit dans une petite ville, puis à dix minutes dans les bourgs ruraux et enfin à quinze minutes dans le rural à habitat très dispersé.
Globalement, la part de la population éloignée des équipements sportifs courants est de moins de 1% en Île-de-France et de moins de 5% en Provence-Alpes-Côte d'Azur, contre 20% en Bourgogne-Franche-Comté et 18% en Nouvelle-Aquitaine. L'Insee souligne même, sans la nommer ainsi, l'existence en matière d'équipements sportifs, comme pour d'autre types d'équipements publics, de la "diagonale du vide", autrement dit, une zone allant "des Vosges aux Pyrénées".
Enfin, l'étude de l'Insee met – en creux – la lumière sur les freins à la pratique sportive. En effet, des lieux de pratique trop fréquentés en milieu urbain ou un manque d'offres de proximité, notamment en milieu rural, figurent, derrière les contraintes d'emploi du temps et les coûts jugés trop élevés, parmi les principaux obstacles évoqués par les Français pour expliquer qu'ils ne font pas autant de sport qu'ils le voudraient.