Chiffres clés du sport : l'Injep livre une analyse territoriale plus fine
Dans sa dernière livraison des Chiffres clés du sport, l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire propose une approche enrichie. Les données territoriales sur les pratiques et les équipements sportifs sont particulièrement mises en valeur. Une fiche-repère vient par ailleurs mettre en lumière le fait qu'en 2021, l'État a dépensé plus que les collectivités territoriales en faveur du sport.
Jadis publiés par le ministère des Sports et réduits à quelques données à peine, les Chiffres clés du sport ont connu un enrichissement constant depuis 2017, date à laquelle l'Injep (Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire) a pris en charge leur réalisation.
Riche de 66 pages, l'édition 2023 est ainsi la plus complète jamais publiée. Si elle s'appuie toujours sur des données traditionnelles, comme le recensement annuel des licences et clubs sportifs réalisé auprès des 119 fédérations agréées, la publication fait désormais une place à d'autres enquêtes issues de la statistique publique.
Parmi les nouveautés cette année, on note un intéressant chapitre intitulé "pratiques sportives et territoires". On y apprend que les régions Pays de la Loire et Occitanie sont les plus sportives de France avec environ deux tiers de leur population qui pratiquent régulièrement. À l'inverse, la Nouvelle-Aquitaine, la Bourgogne-Franche-Comté et la Normandie affichent, pour la métropole, les taux de pratique sportive les plus bas.
Licences des villes, licences des champs
Plus globalement, la pratique sportive régulière est plus élevée dans les grandes agglomérations (63% de pratiquants réguliers, contre 60% en moyenne nationale), sauf à Paris (57% de pratiquants réguliers).
Si l'on prend en compte la pratique licenciée au sein d'un club sportif, plusieurs départements de Bretagne, Nouvelle-Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes figurent en haut du classement, tandis que le quart nord-est de la France, à l'exception notable des Ardennes, est en queue de peloton.
En outre, la pratique fédérale est peu développée dans les quartiers prioritaires de la ville (QPV) : 4% des licences sportives y ont été délivrées en 2019 (derniers chiffres connus) alors que 8% de la population y résident. En revanche, la part des licences sportives délivrées en zone de revitalisation rurale (ZRR) est de 15%, soit une part similaire à celle de la population française résidant dans ces territoires.
Le football à la portée de tous
Le chapitre consacré aux lieux de pratique sportive s'est enrichi de données sur le temps d'accès aux différents types d'équipements sportifs. Ainsi, les terrains de grands jeux, lieux de pratique les plus répandus sur le territoire (42.752, dont 88% de terrains de football), sont aussi les plus accessibles pour les Français : 90% de la population habite à moins de 6 minutes en voiture d'un tel équipement. Le temps moyen maximum pour accéder à un court de tennis ou à un boulodrome est de 7 minutes en voiture, tandis que les bassins de natation et les pistes d'athlétisme se situent à moins de 16 minutes. Si les domaines skiables sont sans surprise les équipements les plus éloignés pour l'ensemble de la population (4 h 32 en moyenne), on note l'éloignement des patinoires qui se trouvent à plus d'une heure (61 minutes) de voiture pour 90% des Français.
Enfin, les données portant sur le nombre d'équipements sont désormais présentées par département, et non plus par région, ce qui permet une analyse plus fine des inégalités territoriales en la matière. La région parisienne et les départements très urbains sont les mieux dotés en équipements au km², mais de nombreux départements ruraux, à commencer par les Hautes-Alpes et la Lozère, comptent plus d'équipements rapporté à leur population.
En 2021, pour la seconde année consécutive, l'État a dépensé plus que les collectivités territoriales en faveur du sport, selon la fiche-repères "Poids économique du sport"(Lien sortant, nouvelle fenêtre) publiée le 17 novembre par l'Injep (Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire). Sur les 14,3 milliards d'euros consacrés au sport par le secteur public en 2021, l'État a en effet dépensé 7,3 milliards et les collectivités territoriales 7 milliards. En 2020, déjà, sous l'effet de la crise sanitaire, les dépenses des collectivités avaient chuté à 6,8 milliards, contre 7,4 milliards en 2019. Parallèlement, les dépenses de l'État, qui n'étaient que de 6,4 milliards en 2017, sont allées crescendo sous les effets conjugués des dépenses d'organisation des Jeux olympiques de 2024 et de la hausse des dépenses d'éducation. Les ministères de l'Enseignement supérieur mais surtout de l'Éducation nationale étaient ainsi en 2021 les premiers contributeurs publics du sport avec une dépense de 6,1 milliards d'euros, correspondant pour l'essentiel à la rémunération des enseignants d'éducation physique et sportive. Tandis que le ministère des Sports et son opérateur, l'Agence nationale du sport, dépensaient 1,3 milliard, un record historique. La dépense sportive des collectivités territoriales est pour sa part très largement assurée par le bloc communal (6,6 milliards d'euros en 2021) devant les départements et régions (0,4 milliard). Cette dépense porte d'abord sur l'investissement (2,8 milliards, soit 40% du total) devant les rémunérations (1,8 milliard, soit 26%). Pendant longtemps, les collectivités territoriales se sont présentées comme les premiers financeurs du sport en France. Ce n'est plus le cas, mais l'État n'a pas pour autant pris cette place : avec 20,8 milliards d'euros de dépenses sportives, ce sont désormais les ménages qui occupent la première place. Jean Damien Lesay |