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Formation - L'inquiétude sur la rémunération des stages en travail social ne retombe pas

La question de la rémunération des stages des étudiants en formation dans les filières de formation sociales et médicosociales continue d'inquiéter l'ensemble du secteur. Le ministère pensait pourtant avoir répondu à ces inquiétudes avec la circulaire de la direction générale de l'action sociale du 27 février 2008 relative à la gratification des stagiaires dans le cadre des formations préparant aux diplômes de travail social. Celle-ci précisait notamment que le décret du 31 janvier 2008 instaurant une rémunération obligatoire des stagiaires pour tous les stages en entreprise dépassant trois mois consécutifs s'appliquait bien aux étudiants des filières sociales et médicosociales effectuant leur stage dans un établissement ou service de statut privé. Elle indiquait aussi que la rémunération des stagiaires "constitue une dépense qui s'impose aux employeurs qui les accueillent".
Mais cette circulaire n'a pas suffi. Xavier Bertrand, ministre du Travail, des Relations sociales, de la Famille et de la Solidarité, a donc écrit, le 14 mars, au président du Groupement national des instituts régionaux du travail social (GNI). Dans sa lettre, il confirme que la rémunération des stages "constitue une dépense obligatoire ayant vocation à être couverte par les tarificateurs [dont les départements, ndlr], dans le cadre de la négociation d'ensemble des budgets des établissements et services". Il se dit également convaincu "que l'esprit de responsabilité de chacun - établissements médicosociaux, autorités de tarification, organismes de formation - permettra de conjuguer un meilleur traitement des étudiants en stage [...] souvent confrontés à des situations précaires, et le développement de la formation en alternance aux métiers du travail social".
Malgré cette double assurance, la tension continue pourtant de monter. La quasi-totalité des grandes fédérations d'établissements et de centres de formation - GNI, Fehap, Croix-Rouge, Uniopss, Unapei, Fnars, etc. - ont ainsi publié le 18 mars un communiqué commun s'inquiétant des conséquences du décret du 31 janvier 2008, qui "est en passe de mettre en péril" tout le dispositif de formation de la filière sociale. Les fédérations d'établissements privés redoutent que l'Etat et les départements ne compensent pas les coûts supplémentaires induits par la rémunération des stagiaires. De son côté, le Syndicat national au service des associations du secteur social et médicosocial - qui regroupe 769 associations représentant plus de 2.400 établissements et services et 110.000 salariés - invite ses adhérents à intervenir auprès des préfets, mais aussi des présidents de conseils généraux et régionaux.
Les étudiants ne sont pas en reste. Ils craignent en particulier que les établissements ou services privés refusent désormais d'accueillir des stagiaires, faute de vouloir ou de pouvoir les rémunérer. Une coordination est en train de se monter et une "manifestation nationale décentralisée" doit se tenir le 26 mars, avec plusieurs rassemblements régionaux. D'ores et déjà, plusieurs centaines d'étudiants ont manifesté, le 20 mars, devant l'hôtel de région des Pays-de-la-Loire, tandis qu'environ 150 autres manifestaient devant la Drass de Rennes.

 

Jean-Noël Escudié / PCA