L'Île-de-France veut expérimenter des écoles primaires régionales
La région Île-de-France a adopté un vœu par lequel elle demande au ministère de l'Éducation nationale d'expérimenter des "établissements scolaires régionaux libres". Ceux-ci se verraient accorder une liberté de gestion et de recrutement des enseignants.
C'est un premier pas vers ce qui pourrait être un séisme dans l'organisation de l'éducation en France. Sur proposition d'Alexandra Szpiner, déléguée spéciale chargée du décrochage scolaire, le conseil régional d'Île-de-France a adopté le 26 novembre 2024 un vœu par lequel il mandate sa présidente, Valérie Pécresse, pour saisir la ministre de l'Éducation nationale et engager les travaux de mise en œuvre d'une expérimentation portant sur des "établissements scolaires régionaux libres sous contrat avec l'État ".
Cette proposition figurait déjà en septembre 2023 dans un document intitulé "Saisine de l'État pour un choc de décentralisation en Île-de-France". À travers ce texte, la région entendait "identifier une série de modifications des règles législatives et réglementaires relatives à l'attribution et à l'exercice de [ses] compétences". Il en est résulté quarante-cinq propositions, adoptées par le conseil régional le 20 septembre 2023, dans le cadre d'une saisine officielle de l'État, autrement dit, en actionnant la possibilité offerte aux régions par la loi "3DS" de 2022 de présenter des propositions tendant à modifier leurs compétences.
Sortir du "cadre rigide" de l'Éducation nationale
À travers le vœu d'Alexandra Szpiner, l'Île-de-France propose donc d'expérimenter des établissements scolaires publics régionaux sous contrat avec l'État. Pour la conseillère régionale, "une école plus libre dans son fonctionnement et moins centralisée dans son action" permettrait "de proposer aux familles un contrat pédagogique ambitieux" et offrirait "sans aucun doute une partie de la solution à la crise de l'Éducation nationale". Dans le document de référence de la région, on peut lire : "Le cadre rigide du ministère de l'Éducation nationale n'a d'ailleurs jamais garanti un déploiement homogène du service public de l'éducation sur le territoire national, bien au contraire." Ou encore : "D'après la Cour des comptes, en 2010, l'État dépensait 47% de plus pour former un élève parisien qu'un élève de l'académie de Créteil." Dès lors, la proposition du conseil régional s'appuie sur une conviction : "La concurrence des méthodes et la liberté d'expérimenter des pédagogies et des contenus d'enseignement différenciés peut être un outil de redressement de notre système éducatif."
Partenariat avec les communes
Dans le détail, le vœu adopté par la région Île-de-France vise donc à expérimenter des établissements publics qui, à terme, accueilleraient tous les élèves, de l'école maternelle à la terminale, même si le vœu adopté porte aujourd'hui sur les seules écoles primaires. Leurs équipes bénéficieraient d'une "liberté pédagogique" en adaptant les rythmes scolaires, les horaires dédiés aux disciplines, les modalités d'apprentissages et d'enseignement ainsi que la composition des classes. De plus, les chefs d'établissements auraient une "liberté de gestion du budget et des ressources humaines", ce qui impliquerait notamment la responsabilité du recrutement des professeurs et des membres des équipes pédagogiques. Enfin, le vœu prévoit que le chef d'établissement et son équipe seront chargés de rédiger un contrat présentant le diagnostic de l'établissement, ses objectifs et sa stratégie pour les réaliser, qui serait communiqué aux familles.
Jointe par Localtis, Alexandra Szpiner précise que dans le cas des écoles primaires, le travail se ferait "en partenariat avec les communes" : alors que la région endosserait le rôle actuellement joué par l'État, les compétences des communes resteraient inchangées. En outre, les territoires les plus en difficulté seraient concernés de manière prioritaire par cette expérimentation. Toujours selon la déléguée spéciale, plusieurs maires seraient déjà intéressés par une telle expérimentation. Alexandra Szpiner espère que la démarche du conseil régional d'Île-de-France aboutira dans un délai d'un an, comme le prévoit la loi 3DS.