L’essor de l’entrepreneuriat rural nécessite un accompagnement, constate le collectif Entreprendre la ruralité

Après trois ans de travaux, le collectif Entreprendre la ruralité, créé à l’initiative de la fondation Entreprendre, a publié le 19 mars son livre blanc. Dix propositions y sont détaillées pour lever les freins au développement de l’entrepreneuriat dans les territoires ruraux. L’accompagnement des porteurs de projets apparaît comme le levier essentiel de la revitalisation de ces territoires.

Moins de un Français sur cinq se sent apte à entreprendre à la campagne, alors même que un Français sur trois habite dans une commune rurale. Le manque d’encadrement apparaît comme un obstacle majeur à l’entrepreneuriat en dehors des villes. Forte de ce constat, la fondation Entreprendre a lancé en 2021 une expérimentation d’une durée de trois ans avec le soutien d’un collectif de mécènes (le fonds de dotation Terre & Fils, la fondation RTE pour les ruralités et le Groupe AG2R La Mondiale). Ce programme, baptisé "Entreprendre la ruralité", a été doté de 1,2 million d'euros sur trois ans et s’est déployé sur 14 territoires.

Quatre associations spécialisées dans l’accompagnement à l’entrepreneuriat en milieu rural ont été sélectionnées par appel à projets. Elles sont venues compléter le collectif de mécènes et les experts de l’innovation sociale, de R&D et de mesure d’impact retenus : Airelle (Nouvelle-Aquitaine), Atis (Nouvelle-Aquitaine), la Chartreuse de Neuville (Hauts-de-France) et Ronalpia (Auvergne Rhône-Alpes). 

Un livre blanc 

L’ensemble des actions menées dans le cadre du programme sont restituées dans un livre blanc qui a été remis le 19 mars 2025 à Françoise Gatel, la ministre chargée de la ruralité. Au total, 263 projets ont été accompagnés dans le cadre de l’expérimentation après la réalisation de diagnostics territoriaux. Environ un quart se situe dans le champ de l’économie sociale et solidaire. 32% des projets sont mobilisés sur le lien social et 14% sur la thématique du bien-vieillir. 10% des projets sont axés sur la mobilité.

La valorisation du savoir-faire est également au centre des projets (25% d’entre eux) : 27 porteurs mobilisent des savoir-faire locaux. Un tiers (32%) des personnes accompagnées sont originaires du territoire et 21% d’entre elles sont venues s’y installer pour développer une activité, en particulier dans les filières de l’agriculture et de l’agroalimentaire (15,7%), du tourisme et de l’événementiel (13%), et de l’artisanat d’art (12,6%). Suivent la filière bois (10,4%), la culture et les spectacles (10,4%), l’éco-construction (4,3%), la gestion des déchets (3%), le textile (2,6%), les télécommunications et le numérique (1,7%).

L’accompagnement à l’entrepreneuriat de territoire en circuit-court

Plusieurs types d’accompagnements ont été proposés : comprendre et identifier les besoins du territoire, formaliser un projet et un modèle économique, capacités à piloter un projet, recherche de valeur ajoutée pour le territoire (sociale, économique, environnementale). 

Les trois années de travaux ont fait émerger trois "innovations majeures", à travers un modèle en "circuit-court de l’accompagnement à l’entrepreneuriat de territoire" :
- susciter la mobilisation des habitants en faveur d’un projet utile pour le territoire : "Les résidences citoyennes prototypées par l’association Atis peuvent être organisées pour explorer des besoins du territoire, répondre à une attente d’une collectivité, favoriser l’implication des citoyens et soutenir la mise en œuvre de projets", suggère le collectif ;
- engager des démarches d’aller-vers les entrepreneurs par opposition au "voir venir" ;
- renforcer l’ingénierie d’accompagnement.

Dix propositions

Le livre blanc détaille dix propositions pour faire en sorte que les habitants des zones rurales qui le désirent puissent "trouver, à proximité de leur lieu d’habitation, une solution d’accompagnement pour faire émerger et changer d’échelle leurs projets entrepreneuriaux".  Deux retiennent plus particulièrement l’attention de Françoise Gatel : "l’importance d’ouvrir les dispositifs de France Ruralités aux structures d’accompagnement à l’entrepreneuriat dans les territoires" et "la mise en place d’un dispositif permettant de sensibiliser et de former les maires et élus locaux à [cet] entrepreneuriat".

La fondation Entreprendre préconise également de "lancer une nouvelle édition du programme national Entreprendre au cœur des territoires, opéré par Bpifrance, centrée sur la création, la reprise, le changement d’échelle et l’essaimage d’entreprises agissant en faveur de la revitalisation sociale, environnementale et culturelle en milieu rural". Elle propose aussi d’intégrer un module sur l’entrepreneuriat de territoire dans le parcours de formation des chefs de projet Villages d’avenir et des délégués du préfet.

Ajuster les accords-cadres d’ingénierie des opérateurs de l’État

La solution pourrait venir également de "l’ajustement de la rédaction des grands accords-cadres d’ingénierie des opérateurs et agences de l’État pour inciter leurs titulaires à intégrer dans leurs groupements des structures d’accompagnement pour tous les sujets liés à l’entrepreneuriat de territoire (tiers-lieux, développement économique, commercial, touristique, etc.)".

La fondation invite en outre les clubs et fédérations d’entreprises locales implantés dans les territoires ruraux (CJD, Les entreprises s’engagent, Clubs Face, Medef, CPME, etc.) à "considérer les structures d’accompagnement comme des tiers de confiance pour faciliter les mises en relation et les échanges entre leurs membres et les porteurs de projet inscrits dans une dynamique d’entrepreneuriat de territoire".

 

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