Les zones d'activités économiques : un foncier à réinventer
Représentant plus du quart des surfaces artificialisées en France, les quelque 30.000 zones d'activités économiques représentent un gisement foncier stratégique à l'heure de la réindustrialisation et du zéro artificialisation nette. A condition de répondre aux attentes des entreprises et de leurs salariés et aux nouveaux enjeux environnementaux. Intercommunalités de France et la Banque des Territoires proposent un guide pratique pour aider les intercommunalités à "repenser" et "redynamiser" leurs zones d'activités à la lueur de ces enjeux.
Une commune sur trois en France compte au moins une zone d'activité économique (ZAE) sur son territoire. Industrielles, commerciales, artisanales, portuaires, aéroportuaires… le Cerema en dénombre entre 24.000 et 32.000 (une imprécision qui tient à l'absence de définition législative ou règlementaire) couvrant plus du quart des zones artificialisées. 350 d'entre elles accueillent un quart de l'emploi salarié du pays, selon une étude de l'Insee (voir notre article du 13 juillet 2023). Seulement nombre d'entre elles pensées à partir d'un "urbanisme fonctionnel" consommateur d'espace ont vieilli et portent les stigmates des différentes vagues de désindustrialisation et de tertiarisation de l'économie : friches, vacance, bâti dégradé, voirie en mauvais état... Très souvent installées en périphérie des centres urbains, elles ne correspondent souvent plus aux désiderata des entreprises ou de leurs salariés. Un sondage Opinionway publié en novembre 2023 avait montré que le premier critère de choix de ces dirigeants dans l'implantation de leur entreprise, à égalité avec le prix du foncier, concerne le confort de leurs collaborateurs (voir notre article du 30 novembre 2023)…
Dans un contexte de raréfaction du foncier, avec l'application du zéro artificialisation nette, ces ZAE représentent autant de gisements à redécouvrir, à condition de répondre aux enjeux nouveaux, en prenant en compte la mixité des usages. Dans son rapport sur la mobilisation du foncier industriel, le préfet Rollon Mouchel-Blaisot estimait à 22.000 hectares à horizon 2030 les besoins en fonction nécessaires à la réindustrialisation sur lesquels 3.500 pouvaient passer par de la densification et 10.000 hectares à la réhabilitation de friches (voir notre article du 26 juillet 2023). Parallèlement, plus de deux tiers des intercommunalités déclarent avoir dû refuser des projets industriels sur le territoire faute de foncier disponible (voir notre article du 19 octobre 2022).
"Il va falloir faire mieux avec moins"
C'est l'ensemble de ces constats qui a poussé Intercommunalités de France, la Banque des Territoires et la Scet à proposer un guide pratique intitulé "Repenser les zones d'activités pour redynamiser les territoires" tout juste publié, pour aider les intercommunalités à travailler à une véritable stratégie de redynamisation de leur ZAE. Sachant que depuis la loi Notre de 2015, ce sont elles qui ont la responsabilité de ces zones et qu'avec la loi Climat et Résilience de 2021 elles étaient chargées d'en faire l'inventaire avant fin août 2023. Ce qu'elles ont pu faire notamment avec l'aide de la Banque des Territoires et son service gratuit @Zaé (voir notre article du 17 avril 2023). "Il va falloir faire mieux avec moins", résume en introduction du guide le président d'Intercommunalités de France Sébastien Martin pour qui "l'enjeu dépasse celui du seul foncier". "Plus que d'espaces, les entreprises sont en attente de services et d'interactions. Et bon nombre d'intercommunalités opèrent leur mue : d'aménageurs économiques, elles deviennent les animateurs des tissus économiques locaux et des facilitateurs".
Le guide reprend les différentes étapes visant à bâtir cette stratégie territoriale en associant la région, les entreprises, les financeurs, les riverains… Il donne des conseils pratiques sur les différents modes de portage du foncier et s'appuie sur de nombreux exemples concrets. Ainsi de la politique mise en place par la communauté d'agglomération Seine-Eure pour faciliter l'accueil et la vie des salariés. "Lorsqu'une entreprise de taille importante prévoie de s'implanter sur l'agglomération, l'intercommunalité (…) propose un accompagnement à la recherche du logement sur le territoire et d'un emploi pour le conjoint", peut-on y lire. Elle mobilise même un bus pour faire visiter le territoire aux futurs salariés et distribue des "kits de bienvenue". Pour les auteurs du guide, "les zones d'activités économiques évoluent vers des aménagements qualitatifs tournés vers le bien-être au travail des salariés".