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Tourisme - Les vacanciers français ajustent leur comportement à la crise

Dans le dernier numéro de sa lettre "Le 4 Pages", la direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services (DGCIS, qui a absorbé la direction du tourisme) se penche sur la stratégie et les comportements des vacanciers français face à la crise. Si ces derniers ont sauvé la saison d'été en se repliant sur l'Hexagone, compensant ainsi l'absence des étrangers (voir nos articles ci-contre), l'étude de la DGCIS dessine des perspectives contrastées pour les stations touristiques, au moins à court terme. Côté positif, l'étude - qui s'appuie notamment sur l'enquête "Conditions de vie et aspirations des Français" du Credoc - révèle plusieurs bonnes nouvelles. La principale est que le taux de départ en vacances ne baisse pas malgré la crise. En juin 2009, 54% des Français avaient passé, au cours des douze derniers mois, au moins quatre nuits consécutives hors du domicile pour des raisons autres que professionnelles. Ce taux était de 52% en juin 2008. Autre élément positif, qui s'est d'ailleurs largement vérifié cet été : interrogés sur les ajustements qu'ils sont prêts à apporter à leurs vacances, les Français citent en premier (39% de citations) "partir en France plutôt qu'à l'étranger". Les stations et zones touristiques devraient donc bénéficier du maintien d'un flux important de vacanciers nationaux. Elles pourraient même bénéficier d'un - relatif - étalement de la saison, puisque le second ajustement envisagé (33% de citations) consiste à "choisir une période de départ hors saison".
Si les stations touristiques peuvent ainsi compter sur des vacanciers nombreux, la dépense moyenne devrait en revanche pâtir de la crise. L'étude de la DGCIS montre en effet clairement, chez les touristes français, la ferme intention - du moins affichée - de serrer les cordons de la bourse. Ainsi, le solde entre la proportion des personnes estimant que leur budget vacances va augmenter au cours des six prochains mois et celle des personnes anticipant une diminution se dégrade, passant de -10 points en juin 2008 à -15 points en juin 2009. La DGCIS estime par conséquent que le "budget vacances devrait diminuer au cours des prochains mois", ce qui pourrait toucher les séjours d'hiver. De même, 71% des partants indiquent avoir adopté des mesures d'économie touchant aux divers aspects de l'organisation de leur séjour. Après avoir utilisé les différentes possibilités d'ajustement évoquées ci-dessus, les vacanciers tranchent dans le vif. Les postes les plus touchés dans le dessein de réduire le budget vacances sont ainsi la restauration sur place (40% de citations et +5 points en un an), les loisirs et activités sur place (24%), l'hébergement sur place (21%) et le transport pour se rendre sur place (10%).
Même s'il peut exister un écart entre les intentions et les réalisations, les stations et les zones touristiques devraient donc s'attendre à une contraction globale de la dépense. Mais les choses ne sont pas aussi simples. La DGCIS elle-même reconnaît que "l'ampleur de ces effets est [...] difficile à apprécier tant les comportements sont complexes". Par exemple, si les départs hors saison sont en forte progression (impact positif), ils sont surtout le fait de personnes qui ont choisi d'écourter leur séjour (impact négatif). De même, le choix de se replier sur la France s'accompagne plus fréquemment d'une réduction de la durée du séjour (27%, contre 17% pour ceux qui partent à l'étranger). Comme souvent en matière de tourisme, il faudra donc attendre les premiers week-ends de la saison d'hiver pour avoir ou non confirmation des hypothèses de la DGCIS.

 

Jean-Noël Escudié / PCA