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Les "territoires d'industrie" se dotent d'un observatoire

Un observatoire des 141 "territoires d'industrie" a été installé début juillet. Composé d'experts, de scientifiques et de représentants des partenaires du programme, ils se réunira chaque mois pour analyser les forces et faiblesses de ces intercommunalités.

Depuis quelques semaines, les 141 "territoires d’industrie" disposent d’un observatoire. Inauguré le 5 juillet à l'école des Mines (Mines ParisTech), en présence d’Olivier Lluansi, délégué aux territoires d’industrie, "l'objectif de cet observatoire est de mesurer l’impact de cette politique sur les territoires et de mesurer les raisons pour lesquelles un territoire fonctionne bien ou pas", résume François Blouvac au sein de la Banque des Territoires. Celle-ci en est cofondatrice aux côtés de la Fabrique de l’industrie, de l’Institut pour la recherche de la Caisse des Dépôts et de Mines ParisTech.

L’observatoire réunira chaque mois des représentants de la DGE (direction générale des entreprises) de Bercy, de Bpifrance, de Pôle emploi, de l’Ademe, du CGET (commissariat général à l’égalité des territoires), de Business France… et des deux associations d’élus impliquées dans le programme :  l’Assemblée des communautés de France (ADCF) et Régions de France. Des chercheurs des universités de Poitiers et de Paris-Nanterre participeront également aux travaux.

Quatre monographies

Ce travail d’analyse sera complété par quatre monographies approfondies brassant les différents profils de territoires : ceux qui connaissent des difficultés, qui ont subi de plein fouet la désindustrialisation de ces dernières décennies, ou au contraire ceux qui ont pu conserver un tissu industriel performant et qui connaissent une dynamique mais nécessiteraient un accompagnement plus important.

Échanges de bonnes pratiques et retours d’expériences serviront à l’ensemble des 141 territoires d’industrie qui couvrent un total et 500 des 1.250 EPCI pour 15.000 communes, soit environ 30% de la superficie du pays. Ils concentrent la moitié de l'emploi industriel français.

"Il est souhaitable que les acteurs impliqués dans la création et l’animation des projets des territoires d’industrie puissent bénéficier d’espaces de dialogue, d’échanges de bonnes pratiques et de retours d’expériences", expose la Fabrique de l’industrie.  

Les territoires d’industrie avaient été lancés en novembre dernier par le Premier ministre avec la volonté de renforcer la dimension territoriale de la politique industrielle française, jusque-là très orientée sur les filières. Or, ce qui saute aux yeux, c’est la superposition des 141 territoires d’industrie avec ceux retenus dans l’autre politique territoriale phare du gouvernement : Action cœur de ville (voir carte ci-contre). Peu étonnant, car dans bien des cas, la désindustrialisation a précédé la dévitalisation des centres de villes moyennes. "De nombreux territoires ont été laissés exsangues par la désindustrialisation. Mais si la dévitalisation d’un centre est visible, la désindustrialisation est quelque chose de plus diffus, d’où ce besoin d’avoir une analyse fine", commente François Blouvac. 

"On a besoin d'étendards"

Pour accompagner cette politique, l’État a affiché une enveloppe d’1,3 milliard d’euros sur la durée du quinquennat, issus du plan d'investissement dans les compétences (PIC), le programme d'investissements d'avenir (PIA). La Banque des Territoires a pour sa part décidé d’ouvrir une enveloppe d’ingénierie de 26 millions d’euros, qui s’ajoutent aux 100 millions d’euros d’investissements qu’elle a prévus sur quatre ans.

Le programme s’appuie sur quatre piliers : l'attractivité, les compétences (avec l’enjeu de l’adéquation aux besoins des entreprises), l'innovation et la simplification réglementaire. Le pilotage a été confié aux régions. Des fiches actions sont rédigées par les partenaires sur la base d’un binôme comprenant un élu et un industriel. Déjà une trentaine de contrats de territoires ont été signés sur les 141 prévus d’ici la fin de l’année. "On attend entre 50 et 100 projets par territoire (…). Il va y avoir un gros travail de préparation. Il faudra attendre la fin de l’année pour qu’on entre dans une phase un peu plus opérationnelle", prévoit François Blouvac. "On a besoin d'avoir des totems, des étendards, qui apportent des réponses à des problématiques", ajoute-t-il. Ce sera aussi le rôle de l’observatoire de les mettre en exergue.