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Innovation - Les start-up reçues à Matignon pour amorcer le dialogue avec les administrations

Le Premier ministre accueillait, le 20 novembre au soir à Matignon, la troisième édition des "Jeudigital", une rencontre au cours de laquelle – c'est le principe - six start-up présentaient leurs activités et leurs produits à une assemblée composée de représentants de grands comptes, d'acheteurs publics et d'investisseurs privés afin d'établir un contact utile et si possible obtenir de nouveaux soutiens. La présence du Premier ministre et de deux secrétaires d'Etat, Axelle Lemaire pour le numérique et Thierry Mandon pour la réforme de l'Etat, donnait une nouvelle occasion de mettre en valeur ces "nouveaux espaces de dialogue, de confrontation et d'inventivité ". 
Manuel Valls rappelé les raisons qui poussent le gouvernement à faire preuve d'un plus grand activisme en faveur des entreprises innovantes : "Nous avons des talents, des entrepreneurs de qualité, nous voyons émerger des jeunes pousses dans nos incubateurs publics, avec l'appui de réseaux organisés et des collectivités territoriales. Ce qui nous manque, c'est l'accès des start-up aux financements privés, au développement international et à l'achat institutionnel. Cette réunion doit permettre de faire le point et de remédier à ce manque".
Les sociétés qui présentaient brièvement leur activité et leurs produits n'ont pas eu à forcer leur talent pour démontrer l'intérêt de la démarche. Outre la dimension nouvelle de ces "échanges culturels" entre deux mondes parfois éloignés, c'est bien autour de l'accompagnement, de la simplification des règles et de l'ouverture des marchés publics qu'existent encore de réelles marges de manœuvre. Certains organismes ont amorcé un début de mutation. Un jeune entrepreneur a notamment signalé les travaux de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) qui met en place des chemins innovants pour alléger les contraintes réglementaire au profit des plus petites structures.
Mais c'est sur la commande publique et son adaptation au contexte des entreprises innovantes qu'il reste encore beaucoup à faire. Thierry Mandon a rappelé les récents progrès "permettant aux start-up ayant un savoir faire mais pas encore de références de pouvoir candidater à des marchés publics" ainsi que les nouvelles règles de partenariat entre administrations et entreprises innovantes pour permettre à ces dernières "de finaliser leurs produits et de les expérimenter".
Mais l'échange marche dans les deux sens. L'Etat a aussi beaucoup à apprendre de la culture "start-up". C'est ce qu'il commence à entreprendre, avec le concept de "start-up d'Etat", présenté au cours de cette soirée par les représentants du Secrétariat général pour la modernisation de l'action publique (SGMAP). La démarche se fonde sur la mise en place de petites équipes chargées de développer en quelques mois des applications "utiles" en y associant, dès le départ, les partenaires et les futurs usagers. Ce nouvel "alliage" a déjà donné naissance au marché public simplifié (MPS) et engage l'administration dans cinq ou six autres projets d'envergure.
Au final, Axelle Lemaire à souligné l'importance du travail de sensibilisation qui reste à accomplir "pour que les acheteurs publics des services de l'Etat, des collectivités locales et des hôpitaux jouent le jeu digital et acceptent de prendre le risque d'acheter à des start-up". C'est pourquoi elle invite toutes les administrations, ministères, préfectures, collectivités à se saisir du concept des rencontres "Jeudigital" et à les décliner en interne. Un moyen d'amorcer des pratiques plus vertueuses au bénéfice de tous les acteurs.