Les services rendus par le commerce de proximité peuvent représenter plusieurs millions d'euros par an pour une ville

Le projet de recherche-action d'Excom s'est attaché à convertir en montants financiers les services rendus par les commerçants de proximité en matière de lien social, solidarités, santé/sécurité, vie de quartier, environnement ou entretien de l'espace public. Publiée le 26 mars 2025, cette étude établit à 3 millions d'euros annuels la valeur de ces services rendus, pour une ville comptant 1.000 commerces.

 

Trois millions d'euros par an. C'est la valeur des services rendus par les commerces pour une ville qui en compte un millier. Le calcul est issu du projet de recherche-action Excom, initié par Paris Commerces, Datactivist et Altavia Foundation, avec le soutien de Métropole Rouen Normandie, Fondation Urbanis, Urbanis Aménagement, dont les résultats ont été publiés le 26 mars 2025. Objectif : mettre en lumière les "externalités positives" du commerce de proximité, dans les domaines du lien social, des solidarités, de la vie de quartier, de la santé et sécurité, de l'environnement et de l'entretien de l'espace public (voir notre article du 9 avril 2024). Pour chaque item, une étude a été menée auprès des commerçants (324 témoignages répartis dans plusieurs villes dont Paris, Rouen, Marseille, Saint-Ouen entre avril et novembre 2024), concernant leurs actions auprès des clients, habitants, ou vis-à-vis de l'espace public. Une équivalence en termes de temps (en heures passées) est ensuite établie puis en termes de montants financiers.

77% des commerçants impliqués dans des initiatives d'embellissement de la rue

Ainsi, en matière d'entretien, 77% des commerçants sont impliqués dans des initiatives d'embellissement de la rue, 59% ont déjà interpellé les services techniques de la mairie pour signaler une dégradation ou du matériel public défectueux et 70% nettoient les abords extérieurs de leur commerce au moins une fois par semaine. 15% le font plusieurs fois par jour. "Cette activité, couplée à l'entretien de la devanture, leur prend environ 15 minutes par jour", détaille Excom, qui en déduit que les activités fournies par un commerçant sont équivalentes à 5 heures de travail d'un agent d'entretien de l'espace public par mois, soit 3.114 euros par an et par commerce, et, à l'échelle d'une ville comptant 1.000 commerces, 467.000 euros.

Côté sécurité, l'équivalence atteint 414.000 euros par an à l'échelle d'une ville (3 heures d'un agent municipal par mois, soit 2.068 euros), sachant que les activités des commerçants consistent, pour 20%, à intervenir au moins une fois par mois face à un incident dans le domaine public, et autant en cas d'accident, à accueillir des personnes en détresse dans leur espace, soit environ 10 minutes par jour à surveiller la rue et, dans une moindre mesure, à accompagner les personnes qui en ont besoin.

Lien social : 1,2 million d'euros par an d'apport

Le poids le plus important des commerçants, en matière d'externalités positives, reste toutefois dans le domaine du lien social. En considérant que 20% des commerçants échangent avec leurs clients sur des sujets privés plusieurs fois par jour, soit environ 30 minutes quotidiennement, en un mois, on atteint 10 heures. Cela équivaut à 6.228 euros par an et par commerce si on se base sur le travail de bénévolat au sein d'une association d'écoute type SOS Amitié, et à environ 1,2 million d'euros pour une ville de 1.000 commerces !

Pour la solidarité, 20% des commerces sont sollicités plusieurs fois par jour par des personnes dans le besoin, et le don de nourriture est l'une des formes d'aide les plus fréquentes. En estimant à 0,5 euros le coût dépensé par sollicitation et à 30 minutes par semaine le temps passé, Excom avance la somme de 1.293 euros par an et par commerce pour l'ensemble de ces tâches, soit 259.000 euros à l'échelle d'une ville.

Les commerces de proximité, "le cœur battant de nos villes"

Enfin, si côté écologie l'étude peine à identifier le montant équivalent des tâches réalisées par les commerçants (il est question d'une campagne de sensibilisation), en matière de vie de quartier, et particulièrement pour l'organisation d'événements de quartier et l'aide aux commerçants des alentours et ses voisins, Excom estime que cela représente l'équivalent d'une petite subvention à une association locale et à 2 heures de bénévolat dans une association, soit 1.446 euros par an et par commerce, et 289.000 euros à l'échelle d'une ville de 1.000 commerces.

"Les commerces de proximité sont bien plus que de simples points de vente, affirme l'étude, véritables acteurs de la vie économique et sociale de nos centres-villes, ils tissent du lien, animent nos rues et renforcent la cohésion entre les habitants. Au-delà de leur rôle marchand, ils sont le cœur battant de nos villes".

 

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