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Gestion - Les services publics locaux toujours prisés

L'édition 2010 du baromètre BVA / Institut de la gestion déléguée confirme la bonne opinion dont bénéficient les services publics locaux, malgré une certaine érosion de leur image. Les modes de gestion de ces services restent en revanche très mal connus.

Bonne nouvelle. Les Français sont satisfaits de leurs services publics locaux. Déchets, eau, télécommunications, transports, services culturels et sportifs, voirie… Au total, ils sont 83% à afficher leur satisfaction dans le sondage que l'Institut de la gestion déléguée (IGD) et BVA ont présenté ce mardi 18 mai. Un baromètre désormais réalisé tous les deux ans, permettant ainsi de déceler certaines évolutions. Et ainsi de constater que ce quasi-plébiscite connaît toutefois une érosion depuis quelques années, sachant qu'en 2008, 89% des sondés qui se disaient satisfaits. Gaël Sliman, directeur général adjoint de BVA, évoque une "hausse du niveau d'exigence". Mais aussi "une poussée du sentiment de détérioration des services publics". Que ce sentiment soit avéré ou pas, 39% des Français interrogés estiment que la qualité des services publics locaux s'est "plutôt améliorée" tandis que pour 27%, elle s'est "plutôt détériorée" et que pour 34%, cette qualité "n'a pas changé". En 2008, seuls 20% parlaient de détérioration (et 10% seulement en 2006).
Invités à citer les trois services auxquels ils attachent le plus d'importance, les Français mettent aujourd'hui clairement en tête le pôle environnemental, évoquant en premier lieu la collecte des déchets (43%) et la distribution de l'eau (41%). La poussée de la question des déchets est sans doute due "à la fois à la montée des préoccupations environnementales et aux soucis qu'ont connu certaines villes comme Marseille", commente BVA. Vient ensuite "les réseaux de télécommunication et internet haut débit" (37%), montrant ainsi que les TIC sont désormais "en train de devenir un service de première nécessité", tel que le relève Gaël Sliman. On peut toutefois noter que ces choix ont été exprimés à partir d'une liste fermée d'une quinzaine de services faisant la part belle aux services de réseaux et ne comprenant pas, par exemple, des services de nature plus "sociale" tels que les services liés à la petite enfance ou aux personnes âgées.
C'est d'ailleurs aussi du côté des TIC qu'apparaissent les principaux "problèmes" récemment rencontrés par les sondés (problèmes techniques, interruption du service…) et donc les premières insatisfactions. Les transports (transports de proximité, transports interurbains, TER) sont eux aussi souvent cités comme sources de difficultés. Claude Martinand, président de l'IGD, relève également "les difficultés rencontrées sur la voirie cet hiver" (trous, salage, déneigement…).
Pour l'IGD, l'un des enseignements les plus intéressants de ce baromètre 2010 est le "changement de position des sondés, qui se considèrent plus comme des citoyens-contribuables que comme des consuméro-utilisateurs", contrairement à ce qui pouvait s'observer jusqu'en 2008. Interrogés sur la possibilité de proposer des services "moins chers" aux personnes ayant les plus faibles revenus, les Français privilégient avant tout la distribution de l'électricité, de l'eau et du gaz puis, dans une moindre mesure, les transports en commun de proximité. "Les services publics doivent jouer un rôle pour atténuer l'incidence de la crise économique, notamment avec l'instauration du forfait social en faveur des plus démunis, afin de leur permettre d'accéder aux services de base", en conclut l'IGD.

 

Qualité-prix

Autre question forcément importante pour l'Institut : gestion directe ou gestion déléguée ? Où va la préférence des Français ? Premier point : près des deux tiers des sondés ne savent pas de quoi il s'agit. Une fois les définitions fournies, ils sont une petite majorité à penser que la gestion déléguée est plutôt "une bonne chose"… mais sont 61% à préciser dès la question suivante qu'ils préfèrent personnellement voir les services publics locaux de leur territoire être gérés directement par leur commune plutôt que délégués à des entreprises privées. S'il est donc difficile d'en tirer des conclusions nettes, Gaël Sliman parle néanmoins d'une "progression de l'acceptabilité de la gestion déléguée". Une acceptabilité qui augmente fortement dès lors que certaines conditions sont remplies : "si une étude comparative a démontré l'intérêt économique de la gestion des services publics par une entreprise privée", "si les élus prennent bien en compte les plaintes et les problèmes des usagers", "si la collectivité locale contrôle et sanctionne effectivement le travail effectué par l'entreprise délégataire"…
Les qualités et défauts de la gestion déléguée ? Là encore, l'image n'est pas très claire. Les services publics gérés par une entreprise privée seraient tout à la fois plus chers, "plus préoccupés par le profit que par la qualité", "générateurs d'inégalités sociales", mais aussi plus professionnels, plus efficaces, "mieux gérés"… Finalement, la majorité des sondés (67%) se disent favorables à une "mise en concurrence" entre gestion directe et gestion déléguée, y compris dans leur propre commune (63%), afin de "retenir la meilleure offre qualité-prix". Etudes comparatives, mises en concurrence, dispositifs de démocratie participative… en tout cas, on veut visiblement en savoir un peu plus sur ses services publics locaux et on demande à leurs gestionnaires de pouvoir rendre des comptes. Mais l'on est aussi à 67% convaincus que mieux vaut une entreprise de services à capital… 100% public. Sur le modèle des futures sociétés publique locales (SPL) que le Parlement s'apprête à entériner avec une inhabituelle unanimité ?

 

Claire Mallet