Investissement - Les régions peinent à trouver leur place au sein du plan Juncker
Premier grand marqueur du mandat de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne, le plan d'investissement de 315 milliards d'euros a été approuvé politiquement le 18 décembre par les chefs d’Etat réunis à Bruxelles. Une étape qui, à ce stade, ne permet pas aux collectivités de sortir du brouillard.
En France, la déclinaison du plan a pris un mauvais départ, les régions ayant mal vécu de ne pas avoir été associées à la sélection d'une trentaine de projets susceptibles d'être financés par le programme d'investissement européen. Elles tentent à présent de reprendre la main.
Une contre-liste de projets
En faisant remonter leurs griefs, tout d'abord, lors d'une rencontre le 9 décembre avec Philippe Léglise-Costa, conseiller Europe à l'Elysée et secrétaire général aux affaires européennes. Depuis, les régions ont décidé de confectionner leur propre liste de projets d'ici le mois de janvier. Au cours de sa conférence de presse à Bruxelles le 18 décembre, François Hollande a précisé que les investissements pourraient être définis "par les régions dans le cadre des contrats de plan Etat-région en cours de signature".
Mais les modalités d'intervention du fonds restent à clarifier. Grâce à 21 milliards d'euros de garanties publiques, la Banque européenne d'investissement est susceptible de pouvoir lever 63 milliards d'euros qui, à leur tour, devraient attirer les investisseurs privés soucieux d'effectuer des placements dans des actifs de long terme et rémunérateurs.
Le renforcement du coussin de garanties dépendra de la volonté des Etats. A l'issue du sommet européen, François Hollande a brièvement évoqué la mise à contribution potentielle de "la Caisse des Dépôts ou de la Banque publique d'investissement".
Si la perspective de relancer la demande rassure plutôt les collectivités, "les élus ont du mal à appréhender la réalité de ce plan", indique une source régionale.
"Les PPP, on en fait déjà"
Le pari de doper la croissance en misant sur l'apport anticipé d'investisseurs privés (assureurs, fonds de pension, etc.) rend l'initiative virtuelle. S'il s'agit de faire des partenariats public-privé via des contrats de concession, "en quoi le passage par Bruxelles est-il une condition indispensable ? questionne cette même source. Les PPP, on en fait déjà".
L'appel au secteur privé a été conçu comme un moyen de relancer l'activité en pesant le moins possible sur l'endettement des Etats. Mais était-ce la seule solution ? Le vice-président de Rhône-Alpes Bernard Soulage ne le croit pas. "La Commission a voulu éviter d'endetter ceux qui le sont, les Etats, tout en occultant l'endettement de celle qui ne l'est pas : l'Union européenne."
Pour l'élu, le plan de relance a été lancé sans que le dogme d'un emprunt public européen n'ait été brisé. "J'ai des doutes sur les effets réels du plan Juncker et je ne vois pas ce qu'on peut faire dans ce cadre idéologique stupide", assène-t-il.
Les régions italiennes ne sont pas aussi catégoriques. Elles voient dans le plan Juncker une fenêtre de tir pour négocier l'exclusion de la part de cofinancements nationaux du calcul du déficit public, lorsqu'ils viennent compléter des projets retenus par le programme européen. Une option pour le moment écartée par la Commission.