Les régions inégales face au livre et à la lecture

Les chiffres-clés publiés par la Fédération interprofessionnelle du livre et de la lecture montrent que le développement du secteur est très inégal selon les régions. L'Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes et la Bretagne se distinguent dans des domaines différents.

En quelques chiffres précis et bien ciblés, la Fédération interprofessionnelle du livre et de la lecture (Fill) dessine le portrait des régions françaises en matière de livre et de lecture et met en lumière de fortes disparités dans ce secteur. Ces chiffres-clés, publiés fin décembre 2024, émanent de quinze régions mais excluent l'Île-de-France, qui "n'a pu être intégrée à cette étude, en l'absence de données mobilisables, sauf pour les bibliothèques".

Contrairement à de nombreuses études sur le sujet, celle du Fill a le mérite de traiter ce thème à la fois sous l'angle des acteurs publics – les bibliothèques – mais aussi privés – maisons d'édition, librairies, manifestations littéraires... Une façon de percevoir plus complètement l'aménagement du territoire en matière de livre et de lecture et de mettre en avant des régions plus dynamiques que d'autres.

Les maisons d'édition plus nombreuses dans le sud

Sur les 1.475 maisons d'édition recensées hors Île-de France, 54% se situent dans les quatre régions du sud. Deux territoires se détachent nettement : la Nouvelle-Aquitaine et l'Occitanie, qui en comptent chacune 247, loin devant Auvergne-Rhône-Alpes (Aura, 166) et Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca, 144), mais surtout très loin devant la Bourgogne-Franche-Comté (59) et les Hauts-de-France (56), qui ferment la marche pour la métropole. La Nouvelle-Aquitaine abrite par ailleurs quatre des quinze entreprises de diffusion-distribution de province auxquelles près de six éditeurs sur dix font appel pour commercialiser leurs livres.

Avec respectivement 264 et 221 librairies indépendantes sur leur territoire, l'Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine sont encore bien placées dans cette catégorie dominée par Auvergne-Rhône-Alpes (333). Les Hauts-de-France, avec seulement 75 librairies indépendantes, sont de nouveau en queue de peloton de ce secteur pourtant dynamique : on a enregistré 166 créations de librairies indépendantes en 2022. L'étude nous apprend par ailleurs qu'une librairie sur cinq (21%) se situe dans une commune de moins de 5.000 habitants et que les communes de 10.000 à 50.000 habitants totalisent 29% des librairies.

Quatre fois plus de bibliothèques en Aura qu'en Paca

Le nombre de manifestations littéraires laisse aussi apparaître un écart très significatif entre les régions les plus actives et les autres. Dans cette catégorie, c'est une nouvelle fois l'Occitanie qui se distingue, avec 239 manifestations consacrées au livre par an, dont 21% ont lieu en juillet et en août, contre 12% pour le reste des régions. Elle devance nettement Auvergne-Rhône-Alpes (179), la Nouvelle-Aquitaine (141) et Provence-Alpes-Côte d'Azur (139). Quant au trio de fin de classement, il est constitué de la Bourgogne-Franche-Comté (69), des Pays de la Loire (67) et du Centre-Val de Loire (63). L'étude souligne par ailleurs la dynamique des créations de manifestations littéraires en Bretagne, où 39% d'entre elles ont connu leur première édition il y a moins de cinq ans.

Enfin, la répartition des bibliothèques de lecture publique, tous types confondus, n'est pas plus équitable sur tout le territoire. On en recense 2.646 en Auvergne-Rhône-Alpes, 1.950 en Occitanie et 1.883 en Nouvelle-Aquitaine, mais seulement 694 en Normandie et 692 en Provence-Alpes-Côte d'Azur. 

Ces derniers chiffres sont toutefois à relativiser. Le taux de population desservie par région – soit le nombre d'habitants résidant dans une commune équipée d'au moins une bibliothèque – est en effet beaucoup plus équilibré : en métropole, il s'établit entre 96%, en Bretagne, et 79%, dans les Hauts-de-France.

Des bibliothèques plus qualitatives en Bretagne

Au rayon des bibliothèques toujours, la Bretagne se distingue encore par son taux de bibliothèques de catégorie A de 21%, contre 11% en moyenne nationale. Les catégories de bibliothèques, telles que définies par l'Association des bibliothécaires départementaux, s'étalonnent de A à E selon neuf critères allant du niveau de dépenses documentaires à la surface, en passant par le nombre d'heures d'ouverture ou encore le nombre de personnel qualifié. Globalement, l'étude relève que les bibliothèques des catégories A et B – les plus qualitatives – sont les exceptions. La majorité des établissements de lecture publique étant classés en catégorie C (22%), D (23%) et E (21%).

Il n'est donc pas surprenant de retrouver la Bretagne en tête du taux d'inscrits actifs en bibliothèques : 18% de sa population, contre 12% en moyenne nationale. Mais aussi au sommet des dépenses d'actions culturelles par habitant : 0,61 euro contre 0,47 en moyenne nationale.