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Agriculture - Les régions au coeur du plan "Ambition bio 2017"

Le plan "Ambition bio 2017" présenté par le ministre de l'Agriculture, le 31 mai, vise à doubler la surface en bio d'ici 2017. Les régions joueront un rôle de premier plan, au titre de leurs nouveaux pouvoirs dans le cadre de la PAC. Elles vont pouvoir décider de soutenir telle ou telle filière sur leur territoire. Le plan, organisé en six axes, relève par ailleurs les montants du fonds Avenir Bio et des aides à la conversion et au maintien en bio.

Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a présenté le 31 mai 2013 un plan "Ambition bio 2017". Son objectif : multiplier par deux la part des surfaces en bio d'ici à 2017, et développer la consommation, alors que les conversions piétinent depuis quelques mois. Le Grenelle de l'environnement s'était déjà fixé un objectif ambitieux de faire passer ce taux à 6% en 2012 et 20% en 2020. Mais on en est loin : actuellement 1,2 million d'hectares sont consacrés au bio, soit environ 3,7% de la surface agricole utile, avec 23.135 exploitations en agriculture bio. La montée des prix dans l'agriculture conventionnelle décourage les agriculteurs de se convertir au bio, même si 1.100 agriculteurs ont décidé de s'installer en bio depuis le début de l'année...
Nouveauté dans le plan : les régions "vont avoir un rôle important à jouer", a souligné Stéphane Le Foll. "Les régions ont plus de marge de manœuvre pour décider d'accompagner davantage une filière d'agriculture biologique qu'une autre", explique ainsi à Localtis Etienne Gangneron, membre du conseil d'administration de l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture (Apca) et président de l'Agence Bio, à l'occasion de la conférence de présentation du plan. Un renforcement qui vient des nouvelles compétences dont héritent les régions dans le cadre du deuxième pilier de la politique agricole commune (PAC). "Mis à part l'indemnité compensatoire handicap naturel (ICHN), une partie des mesures agro-environnementales (MAE) et l'installation des agriculteurs, ce sont les régions qui vont gérer le deuxième pilier de la PAC. Elles seront le pivot de la réflexion et pourront décider d'appuyer une filière ou une autre", détaille Etienne Gangneron, qui estime qu'il faudra toutefois assurer une cohérence plus globale, pour éviter qu'un agriculteur dans une région soit plus avantagé qu'un autre dans une autre région...
Les régions ont participé activement à la construction du plan, et vont faire partie du pilotage. Le niveau régional fait ainsi partie des trois niveaux de pilotage du plan, avec le niveau national (pour la cohérence et le suivi) et l'Agence Bio, responsable de l'information, l'observation et l'animation de l'agriculture biologique et de la structuration des filières.

Le fonds Avenir Bio augmenté

Le plan "Ambition bio 2017" se décline en six axes. Parmi les mesures phares : un renforcement du fonds Avenir Bio géré par l'Agence Bio et destiné à soutenir des initiatives de développement de filières biologiques. Le ministre s'engage ainsi à porter à 4 millions d'euros par an (contre 3 millions à l'heure actuelle) le soutien à ce fonds. Le plan prévoit aussi de relever progressivement les aides à la conversion et au maintien en bio, les faisant passer de 90 à 160 millions d'euros par an entre 2014 et 2020.
Le recours à bpifrance, pour obtenir des prêts (pour les coopératives agricoles notamment), est envisagé pour financer des investissements structurants de stockage, transformation ou commercialisation.
Le plan confirme aussi l'objectif de 20% de produits bio dans la restauration collective. Cet objectif était fixé dans le cadre du Grenelle de l'environnement mais il semble difficile à atteindre. Actuellement, 56% des restaurants collectifs servent des produits bio, ne serait-ce que de temps en temps. Mais ils ne représentent que 4% des volumes d'achats. "Il faut déjà convaincre les gestionnaires, qui sont les premiers prescripteurs, nous allons les réunir, et ensuite il faut être en capacité d'approvisionner, donc il faut sécuriser l'ensemble du dispositif. On arrivera au 20% si on est parfaitement organisé pour répondre à la demande", a insisté Stéphane Le Foll.
La structuration des filières, importante pour assurer ensuite aux clients (collectivités ou autre) la sécurité de l'approvisionnement, fait également partie du lot. Le plan propose de développer celles pour lesquelles les besoins sont les plus importants. Une priorité aux projets de grande culture sera également donnée à court terme (2013-2014).
Enfin, une partie du plan est consacrée à la recherche publique. Sur ce point, les attentes des producteurs sont nombreuses. Le plan prévoit de définir collectivement les priorités et de veiller à leur prise en compte via une réunion annuelle du comité de pilotage du programme Ambition bio 2017. "On espère que cela va être complété par des programmes lancés par l'Institut national de la recherche agronomique (Inra)", souligne Etienne Gangneron. A la fin du mois de juin 2013, Stéphane Le Foll doit en effet préciser les détails de ce plan, qu'il voit comme inscrit dans le projet agro-écologique pour la France initié par la démarche "Agricultures : Produisons autrement".