Economie - Les propositions des maires ruraux pour donner le pouvoir aux campagnes
"Les vaches et le paysage". Pour Vanik Berberian, président de l'Association des maires ruraux de France (AMRF), "la ruralité souffre encore de représentations fausses et étriquées…" Et parfois même au plus haut niveau de l'Etat. La ruralité ne se réduit pas à l'agriculture. En outre, un tiers de la population française habite et travaille en zone rurale. C'est pour cette raison que le président de l'AMRF a convoqué des "Etats généreux de la ruralité" dans toute la France. Le but est de permettre aux maires ruraux et à tous les acteurs locaux de la ruralité de débattre largement de toutes les thématiques qui intéressent les campagnes et leurs habitants (formation des jeunes, mobilité, culture, protection du patrimoine, développement du très haut débit internet, nouveaux modes de relation entre les collectivités, développement local…) afin de "constituer un message national qui aura valeur d'adresse aux candidats à l'élection présidentielle 2017". Un hors-série de la revue Village intitulé "Le pouvoir des campagnes" (12 euros en kiosque), agrémenté de nombreuses photos et de témoignages concrets, rassemble 18 propositions pour la ruralité qui seront enrichies de nouvelles préconisations au fil des mois. Elles seront toutes réunies dans une synthèse qui sera publiée en mars/avril prochain.
Ces 18 premières propositions qui ont été présentées par l'AMRF et ses partenaires, le 19 octobre à Paris, ont été élaborées par 17 associations nationales (Notre Village, Maisons familiales rurales, les chambres d'agriculture, le collectif Ville campagne, ADRETS, RED/MER, association des Nouvelles Ruralités, Foyers ruraux, etc.). La priorité de l'AMRF est d'ajouter une dimension territoriale dans notre Constitution. Les maires ruraux proposent sa révision "pour que la prise en compte de l'espace, de la superficie soit une réalité contraignante au même titre que l'égalité entre les citoyens dans les textes de loi". Pour l'Union nationale des Maisons familiales rurales (MFR), la priorité est à la formation des jeunes. Elle préconise la création d'un "capital partagé de formations européennes dédiées aux territoires et aux approches transversales où les acteurs [notamment les jeunes, Ndlr] pourront partager leurs savoirs". De son côté, le Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC) souhaite "proposer un apprentissage de l'engagement sur les territoires ruraux" sur des sujets aussi divers que le logement, les transports, le développement économique, la culture. Le but étant "d'assurer une complémentarité nécessaire entre la ville et les territoires ruraux".
"Nouvelles Ruralités" propose, elle, que soit élaborée "une loi d'orientation et de programme sur les territoires ruraux (…) à l'instar de la loi sur la politique de la ville adoptée en 2014". Leader France prône une démarche de développement du monde rural menée par les acteurs locaux, et pour que tous les acteurs se connaissent, l'association Ruralité Environnement Développement (RED) propose d'inciter à l'échelle de chaque EPCI l'élaboration d'un projet de territoire conçu et mis en œuvre avec les acteurs locaux et de signer avec chacun d'eux des contrats pluriannuels d'objectifs et de moyens. De son côté, la Fondation du patrimoine plaide pour que les collectivités territoriales conservent les moyens d'être les maîtres d'ouvrage de la sauvegarde des édifices qu'elles possèdent. Les 18 propositions seront bientôt mises en ligne sur le site de l'AMRF (www.amrf.fr).