Les projets des 80 cités éducatives dévoilés
Les ministères de la Ville et de l'Education nationale ont réalisé une synthèse des projets portés par les 80 cités éducatives labellisées. Les actions visent à "conforter le rôle de l'école, promouvoir la continuité éducative et ouvrir le champ des possibles". Des projets innovants et reproductibles figurent au menu.
Depuis le 20 février, chacune des 80 cités éducatives labellisées en septembre 2020 connaît l'enveloppe financière qui lui est dédiée pour les trois prochaines années, une enveloppe prise sur l'engagement global de l'Etat : 100 millions d'euros d'ici 2022. Après un fonds d’amorçage de 8 millions d’euros en 2019, le ministère de la Ville déléguera dès 2020 et pendant trois ans aux préfets près de 30 millions par an, selon un communiqué commun des ministères de la Ville et de l'Education nationale. "Ces moyens permettront de financer des actions concrètes", indique encore le communiqué. Quelles sont précisément ces actions ? On le sait désormais grâce à un recensement opéré par les services des ministères impliqués.
Instituées par une circulaire du 13 février 2019, les cités éducatives visent à intensifier les prises en charge éducatives des jeunes de 0 à 25 ans en s'appuyant sur l'alliance de tous les acteurs éducatifs travaillant dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (Éducation nationale, commune et intercommunalité, préfecture, caisse d’allocations familiales, associations, etc.). Afin de parvenir à constituer un "territoire à haute qualité éducative", le projet de chaque cité éducative doit s'articuler autour de trois axes : conforter le rôle de l'école, promouvoir la continuité éducative et ouvrir le champ des possibles.
Sécurité, parentalité, santé
Parmi quelques projets emblématiques, citons tout d'abord ceux qui s'inscrivent dans une opération de renouvellement urbain, sous l'égide de l'Anru, comme à Montpellier, où une restructuration en pôles de l’ensemble des équipements scolaires du quartier de la Mosson est prévue. Notons ici le cas particulier de Mantes-la-Jolie où "un collège du futur", basé sur "une pédagogie personnalisée et une déstructuration des espaces-classes" sera construit.
La thématique "sécurité et climat scolaire" a été retenue dans les cités éducatives de Seine-Saint-Denis, Valenciennes, Amiens ou encore Vénissieux/Saint-Fons. La communauté éducative va y promouvoir des actions de médiation scolaire dans les établissements ou hors établissements, aux abords des écoles et du collège. A Saint-Quentin, l'action sera menée en lien avec la justice.
Autre thème sur lequel les projets étaient attendus : la parentalité, car les familles – c'est l'une des nouveautés du dispositif des cités éducatives – sont désormais partie prenante des actions. La cité éducative de Creil s’appuiera ainsi sur la création d’une Maison des parents, "tiers-lieu éducatif, volontairement neutre et ouvert", notamment vers les structures agissant pour permettre une continuité éducative. A Blois, ce sont des "cafés des parents" qui seront organisés. D'une manière générale, "toutes les cités éducatives prévoient des actions diverses pour développer, nourrir et entretenir le lien avec les parents".
De nombreuses cités éducatives (Mulhouse, Clichy-sous-Bois, Grigny, La Courneuve, Lille, Rennes, etc.) ont pointé la nécessité de "renforcer le travail médicosocial et de santé mentale autour de l’école, dès le plus jeune âge". A Denain, des infirmiers-relais vont mettre en place un bilan de santé préalable obligatoire à l'entrée à l'école (2 ans) "en vue de garantir les meilleures conditions physiologiques et de santé des futurs élèves".
Valeur ajoutée et essaimage
Selon leurs promoteurs, les cités éducatives seront enfin "des territoires privilégiés pour y déployer des projets éducatifs innovants ou des initiatives à forte valeur ajoutée". Plusieurs initiatives visent par exemple à prévenir les conduites à risque. C'est le cas à Calais, où la création d’un Re’pairs Santé va permettre de mener des actions de prévention notamment en matière d’addiction. De nombreux projets portent sur la thématique "langue, langages, illettrisme". A Grigny, une "cité des langues" va réunir tous les acteurs éducatifs autour de l’enfant et du jeune "pour tirer tous les bienfaits cognitifs d’une éducation plurilingue mais aussi permettre l’ouverture au monde". A Nancy ou Saint-Nazaire, l'ambition est de "systématiser différentes formes de mentorat". Leurs cités éducatives respectives mobiliseront pour cela des partenariats avec des associations, des grandes écoles, des universités, des réseaux d’entreprises ou des fondations. Toutes ces actions sont "susceptibles de faire l’objet d’un essaimage à plus grande échelle". Pour permettre un tel essaimage, une plateforme numérique permettra à chaque cité éducative de communiquer et d’échanger avec les autres.