Les professionnels de la restauration scolaire réclament une hausse de 9% aux collectivités
Les professionnels de la restauration collective demandent aux collectivités une hausse d'au moins 9% de leurs contrats et, en cas d'impossibilité, à "pouvoir rompre" ces contrats. L'AMF, qui regrette "la pression médiatique", se dit "prête à discuter" tout en souhaitant "préserver un coût abordable pour les familles".
"Il y a urgence. Les cantines sont en danger. Les exécutifs locaux doivent prendre leur responsabilités", exhortent les professionnels de la restauration collective dans une tribune diffusée lundi 7 novembre 2022 dans la presse spécialisée des collectivités. "En un an, le prix des ingrédients a déjà crû de plus de 12%, la grille des salaire de la branche a été revalorisée de plus de 7%. La facture d'énergie va tripler au cours de l'année scolaire", alertent les professionnels de la restauration collectives qui demandent à leurs "clients, les mairies, les collectivités et les établissements scolaires, au moins 9% d'augmentation de leurs contrats par rapport aux prix pratiqués au 1er janvier 2022", dans leur communiqué du lundi 7 novembre qui résume la tribune diffusée dans la presse spécialisée des collectivités. "Et si cela n'est pas possible, nous demandons à pouvoir rompre les contrats", est-il ajouté dans cette lettre signée par le Syndicat national de la restauration collective (SNRC) qui inclut des groupes comme Sodexo France et Elior, et le Syndicat national des entreprises de restauration et services (Sners). "Depuis trois ans, notre secteur vit la crise la plus profonde de son histoire, face à la montée des prix, nous ne pouvons plus continuer", assurent les signataires. "Désormais, à chaque repas servi dans une cantine, les entreprises de notre secteur perdent de l'argent". Les syndicats rappellent que le Conseil d'État a autorisé dans son avis n° 405540 du 15 septembre 2022 ces modifications contractuelles. "Certaines collectivités ont déjà procédé ainsi, nous les en remercions sincèrement", écrivent les signataires. Chaque jour, la restauration collective nourrit 3,2 millions d'enfants dans 30.000 écoles, soulignent-ils.
"Cela représente 10.000 contrats"
Selon Gilles Pérole, membre de l'Association des maires de Frances, ces entreprises servent 40% des communes ayant une école, les 60% restantes ayant leur propre cantine. "Cela représente 10.000 contrats. C'est un peu bizarre d'interpeller par voie de presse 10.000 clients et de leur demander une augmentation uniforme de 9% alors que chaque commune a son contrat et son prix", a-t-il réagi. "L'AMF est prête à discuter mais il faut de la transparence sur la structure des prix car ces hausses ne doivent pas servir à préserver les bénéfices de ces entreprises alors que les collectivités sont elles-mêmes en difficulté. Et il faut par ailleurs préserver un coût abordable pour les familles", a-t-il ajouté. David Lisnard, le président de l’AMF, s’est dit lui aussi surpris de la méthode du SNRC, celle d’une tribune au lieu d’une prise de contact direct. Tout en regrettant que les choses se fassent ainsi "sous pression médiatique", il prévoit "bientôt une réunion" avec le syndicat et estime possible de "trouver des solutions". "Cette déclaration dans la presse est ressentie comme un moyen de faire pression sur les collectivités", a aussi estimé de son côté Bertrand Hauchecorne, membre de l'Association des maires ruraux de France. "J'estime l'augmentation des dépenses d'alimentation à environ 6%, loin des 9% minimum demandé par les prestataires", a-t-il indiqué par ailleurs.
L'association de consommateurs Confédération syndicale des familles (CSF) avait alerté fin août de ces coûts intenables. Elle relevait dans son étude annuelle sur le coût de la rentrée scolaire que les tarifs des repas pour l'année à venir n'étaient pas encore connus dans de nombreuses communes et disait craindre une possible hausse des tarifs à la rentrée ou en janvier 2023. Dès cet été, les professionnels de la restauration étaient montés au créneau et certaines collectivités avaient accepté des hausses de 7% en moyenne (voir notre interview du 10 juin 2022). Dans une circulaire du 23 mars 2022, le Premier ministre avait réclamé un effort aux communes, pour l'industrie agroalimentaire.