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Grenelle de l'environnement - Les principaux acteurs craignent l'enlisement

Collectivités, ONG, employeurs, syndicats : dans une tribune publiée par Le Monde ce 26 mars, les acteurs du Grenelle de l'environnement lancent un appel alarmiste au gouvernement et au Parlement pour mettre en oeuvre la révolution écologique annoncée fin octobre.

Les participants au Grenelle de l'environnement sont inquiets et le font savoir dans une tribune publiée par Le Monde daté du 27 mars. "Ces derniers temps, un sentiment d'enlisement et d'essoufflement de la dynamique s'est fait jour parmi les acteurs du Grenelle", estiment les représentants des quatre collèges - collectivités territoriales, ONG, employeurs et syndicats - qui ont participé au Grenelle aux côtés de l'Etat. Pour les collectivités, la tribune est cosignée par Marc Censi, président de l'Assemblée des communautés de France, Claudy Lebreton, président de l'Assemblée des départements de France, Jacques Pélissard, président de l'Association des maires de France, et Jean-Jack Queyranne, président de la région Rhône-Alpes et coordonnateur de la participation des régions au Grenelle de l'environnement.

"Des tentations de retour en arrière s'expriment ici et là. Des pressions s'accumulent. Des questions essentielles comme celle des financements ne sont toujours pas abordées", jugent les signataires de la tribune, parmi lesquels figurent aussi le représentant du Medef, Jean-Pierre Clamadieu, l'animateur de télévision et lobbyiste écologique Nicolas Hulot et l'astrophysicien et président de la ligue ROC Hubert Reeves.

Quatre mois après la tenue de ce vaste forum écologique qui a fait naître l'espoir d'une nouvelle société, soucieuse de ses impacts sur l'environnement, ils estiment que "rien de suffisant ne s'est encore traduit en actes" et que "les résultats se font attendre". Selon eux, "il est urgent de reprendre la main". Ils se tournent donc vers les parlementaires qui auront à examiner prochainement le projet de loi d'orientation du Grenelle. "Nous attendons d'eux qu'ils encouragent et renforcent le mouvement vers l'absolue nécessité du changement de société que le Grenelle de l'environnement préconise", déclarent-ils. Ils s'inquiètent notamment d'une possible dilution sous la pression des lobbies des 268 mesures adoptées fin octobre, qui vont des transports à la rénovation thermique des bâtiments, la construction ou l'agriculture biologique.

La balle dans le camp du Parlement

Le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, a qualifié cette tribune de "piqûre de rappel justifiée et utile" tout en réitérant sa "confiance dans le Parlement". Les signataires "sont inquiets que certains groupes puissent essayer de récupérer d'une main ce qu'ils ont donné de l'autre lors du Grenelle. Je ne le crois pas mais il faut rester vigilant", a-t-il reconnu.

L'avant-projet de loi d'orientation du Grenelle devrait être soumis aux députés avant l'été en première lecture, après examen par le Conseil économique et social et le Conseil d'Etat. Le texte, particulièrement touffu, comporterait une première partie "programme" et une autre consacrée à sa déclinaison technique, qui devrait comporter environ 130 articles. "Le document de base est prêt ainsi que certains textes d'application, sur le chantier thermique (bâtiment) et sur les transports et la mobilité durable notamment", a indiqué le ministre ce 26 mars. Le texte vient d'être transmis à Patrick Ollier, député UMP et président de la commission mixte parlementaire sur le Grenelle, "pour que les députés puissent commencer à travailler", a-t-il précisé. Le ministre a également assuré que "l'intégralité du financement est prévu. Tout a été arbitré à ce jour de façon conforme".

La loi reprend les grandes lignes du Grenelle mais certains points, comme la "trame verte", sorte de corridor écologique pour faciliter le déplacement des espèces, n'y figureront pas. Le bio dans les cantines fera l'objet d'une circulaire actuellement à la signature chez le Premier ministre, selon l'entourage du ministre. Par ailleurs, la législation sur les OGM fait l'objet d'un texte séparé déjà examiné en première lecture par les sénateurs et qui sera soumis aux députés à partir du 1er avril.

 

Anne Lenormand avec AFP