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Environnement - Le processus du Grenelle est en panne, selon les régions

Deux mois après la table ronde finale du Grenelle de l'environnement, la grogne des participants au processus s'exprime de plus en plus fortement. Les régions, qui se sont largement impliquées dans les travaux du Grenelle, jugent aujourd'hui que "le processus est en panne" et "s'inquiètent des décalages flagrants entre les discours et les actes", selon les termes d'un communiqué diffusé par l'Association des régions de France (ARF) ce 14 décembre. "Les semaines passent et nous avons toutes les raisons de penser que ces ambitions n'étaient en fait que des engagements de papier", souligne dans ce communiqué Jean-Jack Queyranne, coordonnateur des régions pour le Grenelle de l'environnement et président de la région Rhône-Alpes. "Il semblerait que l'esprit de concertation qui prévalait lors des premières étapes ait été remisé", regrette l'ARF qui estime que les mesures annoncées depuis la fin octobre, en particulier le projet de loi sur les OGM et la promotion de l'écopastille avec bonus malus pour les véhicules particuliers "ont été le résultat d'un travail conduit dans la plus grande opacité par le ministre d'Etat". "De fait, ajoute l'ARF, les premiers résultats du Grenelle sont très en deçà des espérances suscitées." Selon les régions, l'écopastille proposée n'est qu'une "pâle version" de l'option retenue par les participants au Grenelle et le moratoire demandé sur les OGM "n'est qu'un gel hivernal". "On ne peut assurément pas faire voter aujourd'hui une loi en force, en quelques semaines, après tant d'années de tensions, de mensonges et d'incohérence des politiques publiques", souligne l'ARF. En écho aux débats de leur dernier congrès qui s'est tenu à Strasbourg les 6 et 7 décembre, les régions s'inquiètent du fait qu'aucun aménagement n'ait été apporté au budget 2008 pour que les annonces du Grenelle, notamment en matière de développement des transports collectifs, puissent être mises en oeuvre dès l'année prochaine. Elles regrettent notamment qu'aucun crédit supplémentaire ne soit prévu pour l'entretien et le développement des infrastructures ferroviaires. Elles attendent du gouvernement qu'il "explicite le processus qui sera mis en oeuvre pour traduire au plus vite, et notamment dans le cadre du budget 2008, les orientations arrêtées au Grenelle". En attendant, les régions annoncent qu'elles mettront en place des comités de suivi du Grenelle de l'environnement "dans les plus brefs délais".

De leur côté, les associations et organisations syndicales (1) qui ont participé aux travaux du Grenelle sur la thématique des transports ont rendu publique le 12 décembre une déclaration commune. Elles estiment dans ce texte que les premières mesures prises ou annoncées récemment par le gouvernement en matière de transport (budget 2008 du secteur, mises en chantier d'autoroutes, abandon par la SNCF du wagon isolé dans 262 gares, nouvelles compensations financières et fiscales pour le transport routier de marchandises, appel au développement de l'aérien low cost, etc.) vont à "contresens" des orientations retenues et proposées au Grenelle.

(1) CGT, CFDT, CFTC, CFE-CGC, Alliance pour la planète, France Nature Environnement, Greenpeace, Fondation Nicolas Hulot, Les Amis de la terre, Réseau action climat, WWF, Fédération nationale des associations d'usagers des transports.

 

Anne Lenormand