Les premiers contrats locaux d'accompagnement ont produit des effets positifs
Appelés à remplacer les réseaux d'éducation prioritaire, les premiers contrats locaux d'accompagnement, mis en place à titre expérimental depuis la rentrée 2021 dans trois académies, ont produit des effets positifs, selon des notes récentes de l'IGÉSR.
Les premiers contrats locaux d'accompagnement (CLA) ont produit des effets positifs, selon les premières notes d'étapes récemment mises en ligne par la mission de suivi ad hoc issue de l'inspection générale de l'Éducation, du Sport et de la Recherche (IGESR).
Les CLA sont expérimentés depuis la rentrée 2021 dans les académies d'Aix-Marseille, Lille et Nantes. Ils ont, à terme, vocation à remplacer les réseaux d'éducation prioritaire (REP) – tandis que les réseaux renforcés REP+ seraient pour leur part maintenus – et visent à introduire une progressivité dans l’allocation des moyens en faveur d'écoles et établissements proches des critères de zonage actuels de l'éducation prioritaire mais qui en sont aujourd'hui exclus.
Le premier enseignement des notes de l'IGESR porte sur les délais de mise en place des expérimentations : "Malgré de fortes contraintes, chaque académie s’est organisée pour faire aboutir le processus de mise en œuvre du dispositif dans les premières semaines de la rentrée", se félicite la mission.
Cumul de difficultés
À propos du choix des 99 écoles (33 collèges et 40 lycées bénéficiaires), la mission assure que "quel que soit le niveau d’enseignement (premier ou second degré), l’indicateur de positionnement social (IPS) de la structure est faible". Elle ajoute : "[En] milieu rural ou milieu urbain, les caractéristiques du contexte socioéconomique local impactent le fonctionnement de la structure scolaire. Les équipes éducatives, souvent fortement investies, doivent faire face à un cumul de difficultés : baisse démographique, absence de mixité sociale, manque d’attractivité des établissements, faible engagement des familles, éloignement de la culture scolaire, absentéisme des élèves, instabilité des équipes enseignantes et éducatives, vacance de postes, etc." Certaines écoles étaient encore "orphelines" – non rattachées à un collège REP tout en possédant les caractéristiques de l'éducation prioritaire – ou sorties récemment de l’éducation prioritaire. Pour ces dernières, les structures qui bénéficient d’un CLA étaient déjà identifiées par les autorités académiques et les collectivités de rattachement au titre d’aides complémentaires ou de dispositifs d’accompagnement partenariaux (PRE, cité éducative, etc.), précise encore la mission.
À titre d'illustration, on apprend que dans l’académie de Nantes, le choix s'est fait à partir de trois grandes catégories d'indicateurs : sociaux (part des élèves résidant en QPV, part des élèves boursiers à taux 3, etc.), scolaires (taux d'élèves en difficulté, taux de réussite au brevet, etc.) et personnels (ancienneté des enseignants, taux de titulaires, etc.), mais aussi sur d'autres indicateurs comme le taux moyen de non-recours aux bourses et l'indice d'éloignement en ruralité.
Renforcer le lien avec les Atsem
De leur côté, les projets contractualisés "témoignent d’une volonté d’agir dans les domaines qui sont au cœur du projet scolaire". On y trouve les apprentissages proprement dits, le climat scolaire, les pratiques enseignantes, la continuité du parcours scolaire ou encore les partenariats éducatifs.
Dans une école, le CLA s'est donné par exemple comme orientation stratégique, entre autres, de renforcer le rôle de l'école et estime nécessaire, à ce titre, de "renforcer les alliances avec les partenaires", parmi lesquels se trouvent les Atsem (agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles). Une action en découle : la rencontre entre Atsem et familles "afin d'être plus à l'écoute pour faciliter l'entrée à l'école".
Quant au caractère progressif des moyens, il s'exprime dans les notes de l'IGESR à travers quelques chiffres. On apprend ainsi qu'une école s'est vu octroyer un demi-poste ETP (équivalent temps plein), une IMP (indemnité pour missions particulières, accordée aux enseignants pour des missions d'accompagnement ou de coordination) et 554 euros de crédits pédagogiques pour ses projets au titre de l'année scolaire 2021-2022. Parallèlement, un lycée professionnel était doté pour la même période de six IMP, 4.100 euros de crédits pédagogiques, 861 euros au titre du dispositif Devoirs faits et 9.080 euros de fonds sociaux.
Reconnaissance des personnels
La mesure de l’impact des CLA sur la réussite des élèves est encore prématurée, selon la mission. Néanmoins, celle-ci identifie "quelques effets immédiats, qui ont été systématiquement évoqués dans les structures visitées". Tout d'abord, le CLA est un vecteur de reconnaissance de l’engagement des personnels et des difficultés auxquelles ils sont confrontés. "Il permet de rompre avec un sentiment d’abandon institutionnel qui érodait leur capacité à s’engager dans un mouvement de rénovation pédagogique", souligne la mission. Ensuite, le CLA est perçu comme un dispositif de relance des dynamiques pédagogiques et éducatives. "Les inspecteurs de circonscription et les chefs d’établissement rencontrés ont unanimement souligné l’effet rapide et positif du CLA dans la conduite de l’action collective", précisent encore les notes de l'IGÉSR.
Souplesse de gestion
Enfin, le CLA semble s’être adapté aux particularités de chaque degré d’enseignement, par exemple en ne s’appuyant pas sur les mêmes pratiques de pilotage dans le cas d'un directeur d’école primaire – membre de l’équipe pédagogique chargé d’une mission de direction – ou d'un chef d’établissement – autorité hiérarchique et fonctionnelle dans le second degré. Ou encore en allouant des moyens "souvent plus favorables au second degré". On a ainsi noté que dans le cadre de leurs CLA respectifs, une école de 17 classes disposait d’une allocation trois fois inférieure à celle d’un collège de 16 divisions situé dans le même département. "Pour autant, fait valoir la mission, cette différenciation ne semble pas nuire à la mise en place d’une dynamique qui cherche à tirer les bénéfices d’une souplesse de gestion qui respecte l’identité de chaque structure."
Alors qu'un bilan annuel des CLA doit être établi par la mission en juin 2022, l'extension de l'expérimentation à douze nouvelles académies à compter de la rentrée scolaire 2022 a d'ores et déjà été annoncée.