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Chômage des jeunes - Les premiers contrats d'autonomie signés à Mantes-la-Jolie

Un tournant dans la politique de l'emploi : c'est dans un cabinet de ressources humaines privé que les premiers "contrats d'autonomie" ont été signés, jeudi 10 juillet. Le secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez et son homologue à la Ville Fadela Amara se sont en effet rendus dans les locaux du cabinet C3 Consultants, à Mantes-la-Jolie pour lancer cette première. Le "contrat d'autonomie", mesure phare du plan Espoir banlieues, est en effet la dernière trouvaille du gouvernement pour lutter contre le chômage des jeunes dans les quartiers difficiles dont le taux atteint les 40%. Ce contrat s'adresse plus précisément aux 18-25 ans domiciliés dans une zone couverte par un Cucs (contrat urbain de cohésion sociale). 15.000 de ces contrats doivent être signés dans les trois ans, avec un budget de 250 millions d'euros à la clé. Si l'on ne compte plus les prédécesseurs du contrat d'autonomie, la nouveauté réside ici dans l'ouverture aux organismes privés, dans le cadre d'un appel d'offres lancé fin mars dans 35 départements pilotes. La principale force du contrat d'autonomie réside dans l'obligation de résultats : l'opérateur touchera 25% au moment de la signature, 40% si le jeune est ensuite recruté en CDD de plus de six mois ou en CDI, et le reste s'il est stabilisé. Un moyen de mettre la pression sur les opérateurs qui doivent assurer un suivi personnalisé pendant une période de six mois, sur le modèle du "coaching" (apprendre à se présenter à des entretiens, à rédiger des CV, etc.) pratiqué outre-manche.
L'intrusion du privé dans ce qui relevait jusqu'ici de la chasse gardée du public a suscité un vif émoi chez les acteurs locaux spécialisés, notamment les missions locales responsables pour leur part du Civis (contrat d'insertion dans la vie sociale). S'adressant au même public, ce dernier bénéficie pour 2008 d'une enveloppe de 168 millions d'euros. Mais ses bénéficiaires perçoivent une allocation moitié moindre que celle prévue pour le nouveau contrat, à savoir 900 euros contre 1.800. Alors que les missions locales et les permanences d'accueil d'information et d'orientation (PAIO) agissent au quotidien auprès de 180.000 jeunes des quartiers sensibles, les principaux syndicats de la profession et la fédération des unions régionales des organismes de formation (Urof) étaient montés au créneau en avril pour dénoncer une "privatisation" et une "marchandisation" de l'accompagnement des jeunes. Ils avaient également critiqué les modalités de l'appel d'offres peu favorables à l'organisation territoriale des missions locales.
Le débat ne fait sans doute que commencer : un rapport de la Dares (ministère de l'Emploi) vient de montrer que le recours au privé pour l'accompagnement renforcé des demandeurs d'emploi n'était pas un gage de meilleure efficacité.

Michel Tendil

 

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