Les opérateurs veulent lever le pied sur la couverture 5G des zones rurales

Au nom de la sobriété énergétique, les opérateurs mobiles ont proposé à l’Etat de revoir le calendrier de déploiement de la 5G en zone rurale. Une proposition qui ne va pas manquer d’irriter les élus locaux, le planning ayant été pensé comme un moyen d’éviter un New Deal mobile 5G.

Selon le quotidien les Echos, Bouygues Telecom, Orange et SFR ont écrit début novembre 2022 à Jean-Noël Barrot ministre délégué aux télécommunications et à l’Arcep pour demander un ajustement du calendrier de déploiement de la 5G. Pour mémoire, les obligations inscrites dans les licences des opérateurs sur la bande de 3,5 Ghz prévoyaient que chaque opérateur installe 3.000 antennes 5G en 2022, 8.000 en 2024 et 10.500 en 2025 dont 20 à 25% dans des zones rurales.

Le prétexte de la sobriété énergétique

Ce sont ces dernières que vise la note consultée par le quotidien. "Le rythme de déploiement de la 5G […] dans les zones moins denses pourrait être interrogé", énonce pudiquement la note de la fédération française des télécoms. Les opérateurs avancent comme prétexte l’augmentation de leur facture d’énergie, les réseaux mobiles représentant l’essentiel de leur consommation électrique. Aussi, selon les opérateurs, la "modulation" pourrait réduire la consommation électrique des réseaux de "1,4% en 2023" le gain pouvant même "atteindre 5%" si la fédération obtient également des assouplissements réglementaires (non détaillés par les Echos). Ces arguments ne vont pas manquer de faire réagir les élus locaux. On sait ainsi que l’Avicca s’est battue pour l’inscription dans les licences d’obligations précises en matière d’aménagement du territoire pour éviter un New Deal 5G. Et les élus ne manqueront pas aussi de souligner un paradoxe : en réponse aux polémiques sur l’opportunité de déployer la 5G, (notre article du 3 septembre 2020), les opérateurs avaient vanté la sobriété énergétique de la 5G.

Faible engouement pour la 5G

La vraie raison de la demande des opérateurs pourrait cependant être à rechercher ailleurs. Selon les chiffres publiés par l’ANFR début novembre, la France comptait fin octobre 2022 36.868 sites 5G autorisés dont 21.879 sur la bande des 3,5 Ghz. A peine 1,5% des sites sont uniquement en 5G, l’immense majorité étant pluri-technologies. Ces chiffres, qui dépassent les objectifs fixés par les licences, ne s’accompagnent cependant pas d’un véritable engouement pour la 5G. Selon l’observatoire de l’Arcep, en juin 2022, la France comptait 5,1 millions d’abonnés 5G en métropole soit 6% des cartes SIM commercialisées. Un chiffre faible même s’il a été multiplié par cinq en un an. Les usages industriels de la 5G sont pour leur part, au mieux, embryonnaires. Le seul opérateur à tirer son épingle du jeu est Free qui revendique 87% de la population couverte en 5G, dont de nombreuses zones rurales. L’opérateur utilise cependant la bande des 700 Mhz, une fréquence connue pour la bonne propagation de son signal, mais dont les performances sont moindres que la bande 3,5 Ghz en termes de débit.