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5G et risques pour la santé : le verdict de l'Anses diffère selon les bandes de fréquences

La téléphonie 5G dans la bande de fréquence autour de 3,5 GHz ne présente, au vu des connaissances actuelles, "pas de risques nouveaux" pour la santé, a estimé l'Anses dans son avis rendu public le 20 avril 2021. Elle estime en revanche, concernant l'exposition à la bande de fréquences dites millimétriques, située autour des 26 GHz, qu'"à l'heure actuelle, les données ne sont pas suffisantes pour conclure à l'existence ou non d'effets sanitaires".

Le déploiement de la cinquième génération du mobile, commencé au début de l'année, a déclenché les polémiques que l'on sait. Les appels à un moratoire en attendant l'avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), saisie début 2019 par le gouvernement, s'étaient pourtant multipliés, certaines municipalités ayant même souhaité, voire voté comme à Lille, de tels moratoires pour leur territoire (notre actualité du 2 octobre 2021). L'avis arrive donc dans un contexte que l'agence qualifie elle-même de "controverse publique", d'autant que l'Anses avait déjà relevé dans un pré-rapport en janvier 2020 le manque de données scientifiques disponibles (notre actualité du 27 janvier 2021).

En s'appuyant notamment sur des travaux réalisés sur les fréquences utilisées pour les précédentes générations de téléphonie (700 MHz à 2,5 GHz), et qui servent également pour la 5G, l'agence estime "peu vraisemblable à ce stade que le déploiement de la 5G dans la bande de fréquence autour de 3,5 GHz constitue un nouveau risque pour la santé".

En revanche, concernant l'exposition à la bande de fréquences dites millimétriques des 26 GHz, qui sera prochainement utilisée pour la 5G mais qui n'est pas encore attribuée, l'Agence estime que "à l'heure actuelle, les données ne sont pas suffisantes pour conclure à l'existence ou non d'effets sanitaires". L'avis recommande donc de poursuivre les recherches sur l'exposition aux diverses fréquences d'ondes et leurs éventuelles conséquences sanitaires.

Mise en consultation publique jusqu'au 1er juin 2021

Les ministres concernés (Ecologie, Economie, Santé, Numérique) se sont immédiatement félicités d'un rapport qui "conforte les choix du gouvernement sur le lancement de la 5G" et se sont engagés à "renforcer les efforts de recherche sur (...) d'éventuels effets sanitaires" liés aux fréquences, notamment des 26 GHz.

Les ONG Agir pour l'environnement et Priartem (association contre les risques liés aux technologies électro-magnétiques), qui avaient contesté en justice le déploiement, ont de nouveau fustigé ce 20 avril un "passage en force du gouvernement sans attendre les expertises". D'autant que, pour elles, le rapport de l'Anses démontre la "stupéfiante incertitude" sur la  5G, avec "beaucoup de questions et peu de réponses". Consciente de ce reproche, l'Agence conclut son avis en souhaitant qu'à l'avenir, de telles études sanitaires soient réalisées "préalablement (au) déploiement" de technologies nouvelles.

Enfin, "au vu de l’intérêt sociétal pour le sujet", l'Agence a lancé dès ce 20 avril une consultation publique afin de recueillir les commentaires de la communauté scientifique et des parties prenantes intéressées. Un rapport et un avis complétés, le cas échéant, seront publiés après la prise en compte des contributions reçues dans le cadre de cette consultation, qui débute ce jour pour une durée de six semaines.