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L'analyse de l'impact sanitaire de la 5G bute sur un manque de données

L'Anses a été missionnée par le gouvernement pour évaluer l'impact sanitaire de la 5G. Dans un rapport intermédiaire publié le 27 janvier 2020, l'agence déplore un manque de données, notamment pour la bande 3,5Ghz, déployée à partir du second semestre 2020.

L’Arcep a lancé officiellement le 30 décembre 2019 la procédure d’attribution de fréquences de la 5G dans la bande des 3,5 GHz. Les premiers déploiements de réseau démarreront au second semestre, leur exploitation commerciale étant annoncée pour décembre 2020. Un déploiement de réseau qui s'accompagne d'inquiétudes sur les effets sanitaires potentiels de la 5G et qui ont conduit les ministères de la Santé, de l’Écologie et de l’Économie à saisir l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) en juillet 2018. L'agence a publié lundi 27 janvier un rapport intermédiaire qui pointe les difficultés de l'exercice.

Les industriels mis à contribution

Du coté des certitudes, l'Anses estime que la 5G, technologie du véhicule autonome, de la santé connectée et de la smart city, va "modifier les modalités d’exposition de la population, et nécessitera d’adapter les méthodes de mesure et d’évaluation". En revanche, pour évaluer précisément l'impact de la 5G, l'agence a besoin "de disposer des données décrivant les technologies développées et leurs installations afin de caractériser les niveaux d’exposition associés et d’évaluer les éventuels effets sanitaires". L'agence appelle donc les industriels à lui fournir un "maximum d'informations techniques" afin d’être "capable de définir des scénarios d’exposition des populations". À court terme, l'Anses mise surtout sur les déploiements expérimentaux (listés ici), l'agence travaillant avec l'Agence nationale des fréquences (ANFR) pour récupérer un maximum de données dans le cadre de ces premiers déploiements.

Deux technologies, deux études d'impact

Le travail de l'agence est en outre compliqué par le fait que la 5G recouvre deux technologies plutôt qu'une. La 5G va en effet être déployée sur deux bandes de fréquences pour des usages distincts :
- la bande 3,5 GHz (dès 2020) pour la couverture en téléphonie mobile dans des zones géographiques étendues ;
- la bande 26 GHz pour la communication entre des objets connectés ou pour de la téléphonie mobile dans des périmètres restreints.

Le manque de données concerne surtout la bande des 3,5 GHz pour laquelle peu d'études existent sur les effets biologiques et sanitaires potentiels liés à l’exposition à ces fréquences. L'agence ne s'interdit cependant pas d'extrapoler certains travaux sur les technologies précédentes (3G, 4G, Wifi…). Concernant la bande 26 GHz, "les données disponibles dans la littérature sont plus nombreuses et "les travaux d’expertise s’attacheront donc à les analyser pour évaluer les impacts sanitaires éventuels". L'Agence prévoit de remettre son rapport début 2021.

Le décret 5G attaqué

Un calendrier qui alarme les associations défendant la réduction de l'expositions aux ondes électromagnétiques. Agir pour l’environnement et Priartem ont en effet déposé le 24 janvier un recours devant le Conseil d'État attaquant le décret lançant la procédure d'attribution des licences 5G. Les associations déplorent que "le gouvernement lance cette nouvelle technologie dans la plus grande précipitation, sans en mesurer les conséquences". Elles estiment que la 5G va se traduire par "un accroissement de l'exposition aux ondes et une multiplication des points atypiques (mesures supérieures à 6 V/m)".