5G industrielle : un rôle "majeur" pour les collectivités
Les collectivités ont un rôle "majeur" dans l’appropriation de la 5G industrielle, d'après un livre blanc à paraître le 2 mai 2022 et publié par des acteurs du secteur privé. Ceux-ci estiment "indispensable" de mettre au point "une stratégie à l’échelle locale, en lien avec les enjeux et spécificités des territoires".
"Depuis plusieurs mois, le gouvernement et l’écosystème de la 5G manifestent clairement leur volonté de contribuer à l’émergence de cas d’usages de cette technologie au bénéfice de l’industrie. Pourtant, l’appropriation de la 5G par les industriels français reste encore peu mature", regrettent le cabinet conseil Tactis et ses partenaires Athonet, Hub One et Kontron (1), co-auteurs du livre blanc à paraître le 2 mai 2022. C'est après avoir réalisé une étude sur les réseaux radio professionnels en France et leur potentiel d'évolution vers des solutions 4G/5G privées qu'ils ont décidé de publier ce livre blanc sur le sujet. Les réseaux mobiles professionnels, souvent rassemblés sous le sigle PMR pour "Professional Mobile Radio", sont des réseaux mobiles indépendants d'ampleur généralement locale ou régionale, exploités pour des usages professionnels. En s’intéressant à la dimension territoriale des projets radio professionnels, les porteurs de l’étude ont mesuré "le rôle des collectivités dans l’appropriation de la 5G industrielle et confirment qu’une stratégie à l’échelle locale, en lien avec les enjeux et spécificités des territoires, est indispensable", expliquent-ils dans un communiqué commun du 28 avril.
Ils rappellent que les réseaux privés, utilisés de longue date par de nombreux acteurs professionnels pour un usage métier, local ou ponctuel, sont "basés sur une diversité de systèmes", souvent à bas débit et que "ces systèmes, parfois anciens, s’avèrent inadaptés à la multiplicité des nouveaux usages métiers à haut débit mobile, ou limités en termes de performances [...]". "Les technologies récentes, incluant 4G, 5G et IoT(2), permettent aujourd'hui d'envisager la conception de réseaux professionnels de nouvelle génération, à haut niveau de résilience et de sécurisation, sur des zones géographiques localisées, pour répondre aux spécificités des usages des acteurs des territoires et entreprises." Et ce marché des réseaux mobiles professionnels peut être décomposé en quatre segments principaux dont les collectivités font partie.
Les solutions 4G/5G privées, 212 millions d’euros en 2030
D'après les estimations des porteurs de l'étude, en 2021, les solutions 4G/5G privées n’ont représenté "qu’environ 5% du marché français des solutions de réseaux professionnels, soit environ 20 millions d’euros". Tactis estime qu’elles dépasseront les 212 millions d’euros en 2030, "du fait notamment des besoins de remplacement de la technologie WiFi, émanant d’un nombre accru d’acteurs dans les secteurs de l’énergie, du transport et de l’industrie, du gain en maturité de l’écosystème 5G, et enfin du contexte patent d’obsolescence des technologies PMR à bas débit et Dect", explique Tactis. Toutefois, selon le cabinet conseil, le succès de ces technologies est conditionné par deux éléments. Le premier est "l’accès aux ressources spectrales" qui se définit comme étant le rapport entre le débit binaire (en bit/s) et la bande passante (en Hz). Sur ce point, le livre blanc émet plusieurs recommandations en écho direct avec le rapport de la mission 5G Industrielle, restitué au gouvernement le 3 mars 2022. La seconde condition du succès serait "la capacité des acteurs en place à communiquer et faire de la pédagogie autour des expérimentations 4G/5G privées, et projets en cours, afin de créer un effet d’entraînement, permettant ainsi à une multitude d’entreprises de taille intermédiaire ou petite de bénéficier de cette dynamique économique sur les territoires".
Clé de voûte des territoires intelligents et des territoires d’industrie
"L’appropriation de ces solutions et leur mise en place opérationnelle par l’ensemble des parties prenantes dans les territoires restent un défi majeur", soulignent les porteurs de l'étude. "Celui-ci présente une dimension stratégique forte et s’inscrit dans un contexte global lié à l’aménagement de nos territoires, leur attractivité, leur dynamisme économique, l’innovation et la compétitivité de nos entreprises." Ils ajoutent que "l’accès à des solutions de connectivité mobile, à haut niveau de résilience et de sécurisation, constitue un enjeu de souveraineté pour les territoires".
Autre argument mis en avant : les réseaux mobiles sur-mesure pouvant devenir "la clé de voûte des territoires intelligents et des territoires d’industrie, les collectivités doivent s’en emparer". Pour cela, elles peuvent jouer, à l’échelle de leur territoire, à la fois : "un rôle de meneur pour fédérer les acteurs et animer la communication" ; "un rôle de protagoniste pour examiner les modèles de mutualisation envisageables, en lien avec les acteurs du territoire" ainsi qu'un "rôle d’instigateur pour mettre en œuvre des projets au bénéfice du plus grand nombre d’acteurs économiques présents sur le territoire".
(1) Tactis est un cabinet de conseil français en matière d’aménagement numérique, d’ingénierie et de transformation numérique des territoires ; Athonet est un éditeur de logiciels spécialisé dans les infrastructures télécom mobiles LTE (4G et ultérieures) ; le groupe Hub One est un opérateur de télécommunications et une entreprise de services du numérique française ; la société Kontron, a développé des compétences qui s'étendent à la sécurité numérique, au Edge Computing, à l'intelligence artificielle
(2) L’Internet of Things (IoT) décrit le réseau de terminaux physiques, les "objets", qui intègrent des capteurs, des softwares et d’autres technologies en vue de se connecter à d’autres terminaux et systèmes sur internet et d’échanger des données avec eux. Ces terminaux peuvent aussi bien être de simples appareils domestiques que des outils industriels d’une grande complexité. Avec plus de 14,5 milliards de terminaux IoT connectés d'ici fin 2022, les experts s’attendent à ce que ce nombre passe à 75,44 milliards d'ici 2025.