Les nappes phréatiques toujours à des niveaux "préoccupants" dans une grande partie de la France
Les nappes phréatiques restent à des niveaux "préoccupants" sur une grande partie du territoire, a averti ce 13 janvier le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM), qui se dit "assez pessimiste" sur la disponibilité de l'eau en 2023 après la sécheresse exceptionnelle de l'an dernier.
"Les niveaux des nappes du mois de décembre sont peu satisfaisants", écrit le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM) dans son dernier bulletin de situation arrêté au 1er janvier et publié ce 13 janvier. "En effet, les pluies infiltrées durant l'automne sont très insuffisantes pour compenser les déficits accumulés durant l'année 2022 et améliorer durablement l'état des nappes", indique-t-il. Or ce sont ces nappes qui fournissent environ deux tiers de l'eau potable et un tiers de l'irrigation agricole en France.
Plus des trois quarts des nappes sous les normales mensuelles
Des arrêtés sont toujours en vigueur dans une douzaine de départements. Selon l'organisme public, les pluies de l'automne, sur des terres très sèches, ont profité en premier lieu aux sols en surface et à la végétation avant de recharger les nappes en profondeur. "En conséquence, plus des trois quarts des nappes restent sous les normales mensuelles avec de nombreux secteurs affichant des niveaux bas à très bas", relève le bulletin, soulignant que "les niveaux sont nettement inférieurs à ceux de décembre de l'année dernière".
Le BRGM constate ainsi des niveaux "préoccupants sur une grande partie du territoire". Ils sont "historiquement bas sur les Alpes-Maritimes" et l'est du Var. Les niveaux étaient aussi très bas en décembre sur le centre-ouest (Maine, Poitou, Vendée, Périgord). Ils étaient en revanche autour des normales par rapport aux mois de décembre de ces dernières années dans des régions comme la Bretagne ou l'Alsace. "Les niveaux des nappes des calcaires karstiques, des formations tertiaires et des alluvions des régions montpelliéraines, nîmoises et Vaucluse, ainsi que les nappes alluviales côtières de Corse sont comparables aux normales mensuelles grâce aux apports pluviométriques conséquents de fin novembre et de décembre", relève le bulletin.
Craintes pour l'été prochain
Pour 2023, "nous sommes assez pessimistes car le début de la recharge a été très tardif, avec plus d'un mois de retard, les pluies sont très insuffisantes et nous avons eu un étiage sévère sur de nombreux secteurs", a souligné Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM lors d'un point presse. Si la pluie continue à se faire aussi rare, "on arrivera à une situation bien pire que celle qu'on a connue en fin d'été 2022", quand quasiment tous les départements métropolitains connaissaient des restrictions d'eau, a prévenu Pierre Pannet, directeur adjoint des actions territoriales du BRGM.
Selon Météo France, 2022 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée en France avec 14,5 degrés de température moyenne annuelle mais aussi l'une des plus sèches, accusant un déficit de pluviométrie de quelque 25%. La sécheresse et la canicule estivale ont eu d'importantes répercussions sur l'agriculture ou la production d'électricité hydraulique et nucléaire.
Dans son bulletin des grandes tendances climatiques sur trois mois pour la période janvier-mars 2023 , Météo France n'avait identifié fin décembre "aucun scénario" précis en termes de précipitations pour la métropole. Or ce sont les pluies qui seront déterminantes. "Les tendances et l'évolution de l'état des nappes en période hivernale dépendent exclusivement des pluies infiltrées, et donc des cumuls pluviométriques, et de l'inertie de la nappe (temps de réponse à une pluie infiltrée)", souligne encore le BRGM.
Des pluies excédentaires sont donc nécessaires, surtout pendant l'hiver, car "dès que la végétation se met en dormance, la pluie profite au sol et arrive à s'infiltrer en profondeur", souligne Violaine Bault, tandis qu'au "printemps, les pluies sont récupérées essentiellement par la végétation". Avec le changement climatique en cours, "on sait avec certitude que les périodes de sécheresse devraient être plus longues et plus intenses, avec des printemps plus doux donc une végétation qui reprend plus tôt", a-t-elle ajouté.