Développement territorial - Les modalités de mise en œuvre du Sraddet précisées par décret
Un décret paru au Journal officiel du 5 août 2016 précise les modalités de mise en œuvre du schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (Sraddet). Ce document prescriptif de planification, créé par la loi Notr, a vocation à se substituer au schéma régional d'aménagement de développement du territoire (SRADT) sur l'ensemble du territoire national à l'exception de l'Ile-de-France, de la Corse et des outre-mer, régis par des dispositifs spécifiques (respectivement le Sdrif, le Padduc et les SAR).
Après la parution le 28 juillet de l'ordonnance relative aux mesures de coordination rendues nécessaires par l'intégration dans le Sraddet de différents schémas régionaux sectoriels concernant notamment les transports (lire ci-contre notre article du 29 juillet 2016), le nouveau texte détaille la composition du Sraddet. Celui-ci comporte un rapport consacré aux objectifs du schéma illustrés par une carte synthétique, un fascicule regroupant les règles générales organisé en chapitres thématiques et plusieurs documents annexes.
Un rapport sur la stratégie...
Le rapport du schéma fait "la synthèse de l'état des lieux de l'aménagement, du développement durable et de l'égalité des territoires dans la région, identifie les enjeux dans les domaines de compétence du schéma, expose la stratégie régionale et fixe les objectifs qui en découlent", tandis que la carte synthétique illustrant les objectifs du schéma, établie à l'échelle du 1/150.000, "peut être décomposée en plusieurs cartes relatives aux éléments qui la constituent, de même échelle et à caractère également indicatif", indique le décret.
... et les objectifs du schéma
Le texte précise le contenu des objectifs du schéma. En matière d'infrastructures de transport, d'intermodalité et de développement des transports, ces objectifs portent sur le transport de personnes et le transport de marchandises et sont déterminés "au regard des évolutions prévisibles de la demande de transport et des besoins liés à la mise en œuvre du droit au transport". Ils visent "l'optimisation de l'utilisation des réseaux et équipements existants et la complémentarité entre les modes et la coopération des opérateurs". "Les objectifs en matière d'intermodalité et de développement des transports sont déterminés en particulier au regard des besoins identifiés de déplacement quotidien entre le domicile et le lieu de travail", souligne le décret. Ils visent "l'articulation entre les différents modes de déplacement, notamment en ce qui concerne la mise en place de pôles d'échange", "la cohérence des services de transport public et de mobilité offerts aux usagers sur le territoire régional ainsi que la cohérence des dispositions des plans de déplacements urbains limitrophes, dans le respect des compétences de chacune des autorités organisatrices de transport du territoire" et "la coordination des politiques de transport et de mobilité des autorités organisatrices définies à l'article L.1221-1 du Code des transports, en ce qui concerne l'offre de services, l'information des usagers, la tarification et la billettique".
Les objectifs relatifs au climat, à l'air et à l'énergie portent sur "l'atténuation du changement climatique", "l'adaptation au changement climatique", "la lutte contre la pollution atmosphérique", "la maîtrise de la consommation d'énergie, tant primaire que finale, notamment par la rénovation énergétique" et "le développement des énergies renouvelables et des énergies de récupération, notamment celui de l'énergie éolienne et de l'énergie biomasse, le cas échéant par zones géographiques". "Les objectifs quantitatifs de maîtrise de l'énergie, d'atténuation du changement climatique, de lutte contre la pollution de l'air sont fixés par le schéma à l'horizon de l'année médiane de chacun des deux budgets carbone les plus lointains adoptés en application des articles L. 222-1-A à L. 222-1-D du Code de l'environnement et aux horizons plus lointains mentionnés à l'article L.100-4 du Code de l'énergie", précise encore le décret.
Les objectifs de protection et de la restauration de la biodiversité sont fondés sur "l’identification des espaces formant la trame verte et bleue définis par le II et le III de l'article L. 371-1 du Code de l’environnement et précisés par l’article R. 371-19 du même code". "Ils sont déterminés notamment par une analyse des enjeux régionaux relatifs à la préservation et à la remise en bon état des continuités écologiques, qui sont hiérarchisés et spatialisés". Les objectifs de préservation ou de remise en bon état sont précisés pour chacune des sous-trames énumérées par l’article R. 371-27 du Code de l’environnement.
Enfin, les objectifs en matière de prévention, de recyclage et de valorisation des déchets déclinent les objectifs nationaux définis à l’article L. 541-1 du Code de l’environnement "de manière adaptée aux particularités territoriales ainsi que les priorités à retenir pour atteindre ces objectifs". Ils portent sur l’ensemble des déchets mentionnés à l’article R. 541-15 du Code de l’environnement et sont fondés sur les éléments énumérés au I de l’article R 541-16 du même code. Ils sont spécifiques pour certains déchets en vertu du III de l’article L. 541-13 de ce code et des dispositions réglementaires prises pour son application. "Il est tenu compte des avis des régions limitrophes, sollicités en application du III de l’article L. 4251-5", précise encore le décret.
Un fascicule de règles générales
Le fascicule de règles générales du schéma est quant à lui structuré en chapitres "dont le nombre, les thèmes et l'articulation sont librement décidés par la région, dans les domaines de compétence du schéma". Il peut intégrer des "propositions de mesures d'accompagnement destinées aux autres acteurs de l'aménagement et du développement durable régional" et "comprend les modalités et indicateurs de suivi et d'évaluation de l'application des règles générales et de leurs incidences".
En matière d'infrastructures de transport, d'intermodalité et de développement des transports sont déterminées "les infrastructures nouvelles relevant de la compétence de la région, les mesures de nature à favoriser la cohérence des services de transport public et de mobilité et la cohérence infrarégionale des plans de déplacements urbains limitrophes, les mesures de nature à assurer une information des usagers sur l'ensemble de l'offre de transports, à permettre la mise en place de tarifs donnant accès à plusieurs modes de transport et la distribution des billets correspondants, les modalités de coordination de l'action des collectivités territoriales et de leurs groupements, relatives aux pôles d'échanges stratégiques entrant dans le champ de l'article L. 3114-1 du Code des transports, ainsi que l'identification des aménagements nécessaires à la mise en œuvre des connections entre les différents réseaux de transport et modes de déplacements, en particulier les modes non polluants, les voies et les axes routiers mentionnés au troisième alinéa de l'article L. 4251-1 qui constituent des itinéraires d'intérêt régional".
En matière de climat, d'air et d'énergie, sont déterminées dans le fascicule "les mesures favorables au développement des énergies renouvelables et de récupération".
Concernant la protection et la restauration de la biodiversité, sont définies "les règles permettant le rétablissement, le maintien ou l'amélioration de la fonctionnalité des milieux nécessaires aux continuités écologiques. Elles sont assorties de l'indication des actions de gestion, d'aménagement ou d'effacement des éléments de fragmentation mentionnées par l'article R. 371-20 du Code de l'environnement ainsi que des mesures conventionnelles et des mesures d'accompagnement permettant d'atteindre les objectifs de préservation et de remise en bon état de la fonctionnalité des continuités écologiques".
En matière de prévention et de gestion des déchets, "les installations qu'il apparaît nécessaire de fermer, d'adapter et de créer sont indiquées" ; "une ou plusieurs installations de stockage des déchets non dangereux et une ou plusieurs installations de stockage de déchets inertes sont prévues, en justifiant de leur capacité, dans les secteurs qui paraissent les mieux adaptés, en veillant à leur répartition sur la zone géographique couverte par le schéma, afin de limiter le transport des déchets en distance et en volume et de respecter le principe d'autosuffisance" ; "une limite aux capacités annuelles d'élimination des déchets non dangereux, non inertes, est fixée dans les conditions définies par l'article R. 541-17 du Code de l'environnement, qui peut varier selon les collectivités territoriales et qui s'applique lors de la création de toute nouvelle installation d'élimination des déchets non dangereux non inertes, lors de l'extension de capacité d'une installation existante ou lors d'une modification substantielle de la nature des déchets admis dans une telle installation" ; "les mesures permettant d'assurer la gestion des déchets dans des situations exceptionnelles susceptibles de perturber la collecte et le traitement des déchets sont prévues, notamment les installations permettant de collecter et traiter les déchets produits dans de telles situations, de façon coordonnée avec dispositions relatives à la sécurité civile prises par les autorités qui en ont la charge" ; "la possibilité, pour les producteurs et les détenteurs de déchets, de déroger à la hiérarchie des modes de traitement des déchets définie à l'article L. 541-1 du Code de l'environnement peut être prévue pour certains types de déchets spécifiques, en la justifiant compte tenu des effets globaux sur l'environnement et la santé humaine, et des conditions techniques et économiques" ; "des modalités d'action en faveur de l'économie circulaire sont proposées".
Les documents annexes
Enfin, les annexes du Sraddet comportent "le rapport sur les incidences environnementales établi dans le cadre de l'évaluation environnementale du schéma réalisée dans les conditions prévues par le chapitre II du titre II du livre Ier du Code de l'environnement ; l'état des lieux de la prévention et de la gestion des déchets dans la région constitué des éléments et la prospective de l'évolution tendancielle des quantités de déchets produites sur le territoire prévus respectivement par le 1° et par le 2° du I de l'article R. 541-16 du Code de l'environnement, le diagnostic du territoire régional, la présentation des continuités écologiques retenues pour constituer la trame verte et bleue régionale, le plan d'action stratégique et l'atlas cartographique prévus par les articles R. 371-26 à R. 371-29 du Code de l'environnement". Peuvent en outre figurer dans ces annexes "tous documents, analyses, évaluations et autres éléments utilisés pour élaborer le schéma que la région estime nécessaire de présenter à titre indicatif ainsi que ceux qui portent sur la mise en œuvre de celui-ci, notamment la contribution attendue du contrat de plan Etat-région".
Elaboration et évolution du Sraddet
Une fois le schéma adopté par le conseil régional, le président de celui-ci transmet le document au préfet de région. Dans un délai de trois mois, à compter de la réception du schéma adopté, le préfet l'approuve ou notifie à la région les modifications à y apporter. "La mise à disposition du public par voie électronique du projet de modification du schéma et des avis recueillis sur celui-ci est affichée sur le site internet de la région et permet le dépôt éventuel d'observations du public", ajoute le décret.
Anne Lenormand
Référence : décret n°2016-1071 du 3 août 2016 relatif au schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires.