Les ménages modestes davantage exposés aux îlots de chaleur en ville, selon l'Insee

En milieu urbain, les ménages modestes sont en général plus exposés aux îlots de chaleur, selon une étude de l'Insee publiée ce 13 novembre qui a analysé finement l'exposition aux fortes températures dans neuf grandes villes.

Les villes se réchauffent et les ménages modestes sont davantage touchés par cette élévation des températures, souligne l'Insee dans une étude publiée ce 13 novembre qui a analysé finement neuf métropoles françaises grâce à des données satellitaires européennes. Les quartiers populaires, en général denses et peu végétalisés, sont en moyenne les plus exposés au phénomène d'îlots de chaleur.

Différences entre centre-ville et périphérie

La relation entre niveau de vie et exposition aux îlots de chaleur découle principalement de l’organisation spatiale des villes, notent les auteurs de l'étude. Ainsi, deux configurations apparaissent. À Paris, Bordeaux, Lille et Nantes, les ménages les plus aisés et les plus modestes habitent plus souvent en centre-ville que les ménages au revenu médian. "Dans ces villes, ce sont donc à la fois les ménages les plus aisés et les ménages les plus modestes qui sont les plus exposés au phénomène d’îlot de chaleur urbain, relèvent-ils. Cette surexposition des ménages les plus aisés est la plus marquée à Paris, où les 30% des ménages aux niveaux de vie les plus élevés sont plus exposés que ceux aux niveaux de vie médians."

En revanche, à Lyon, Marseille, Montpellier, Nice et Strasbourg, plus le niveau de vie des habitants est faible, puis ils sont exposés aux îlots de chaleur. Dans toutes ces villes sauf à Nice, les ménages aisés vivent plus souvent en périphérie. C'est à Lyon que l'écart d'exposition aux îlots de chaleur entre les ménages classés selon leur niveau de vie est le plus marqué : à l'été 2017, sans canicule, il atteignait 0,41°C entre le dixième des ménages les plus fortunés et celui des moins riches, devant Nice et Marseille, où cet écart montait respectivement à 0,37°C et 0,32°C.

Disparités de végétalisation

À l'exception de Paris, les ménages les plus aisés vivent dans des zones plus végétalisées que les ménages moins aisés. Ces disparités de végétalisation du quartier de résidence contribuent aux inégalités d’exposition aux îlots de chaleur en fonction du revenu. "Ces contributions sont particulièrement élevées dans les villes de Lyon, Marseille, Montpellier et Nice, où pour les 10% des ménages aux niveaux de vie les plus élevés, la végétalisation du quartier de résidence contribue à un indice d’îlot de chaleur plus faible par rapport aux autres ménages, de l’ordre de 0,05 °C (Montpellier) à 0,12 °C (Nice)", note l'étude.

Les constructions récentes moins exposées

Mais les ménages aisés sont parfois parmi les plus exposés, en partie en raison de l’ancienneté des logements. Ainsi, dans les villes de Paris, Bordeaux, Lille et Nantes, la forte part de logements anciens (construits avant 1948) dans les quartiers de résidence des ménages aisés explique en partie les températures plus élevées dans ces quartiers. "Si l’inertie thermique du bâti ancien peut protéger la journée leurs habitants à l’intérieur, elle contribue à élever l’indice d’îlot de chaleur des ménages aisés par rapport aux autres ménages", analyse les auteurs de l'étude. En revanche, à Montpellier, Marseille, Nice, mais surtout Lyon et Strasbourg, la part de logements récents (construits après 1981) dans les quartiers de résidence des ménages aisés est plus élevée et contribue à diminuer le risque d’exposition de ces ménages aux îlots de chaleur.

Enfin, "de façon générale, les ménages pauvres avec au moins une personne particulièrement jeune ou âgée sont exposés à des températures en moyenne légèrement plus élevées que les autres ménages, souligne l'étude. Ces ménages sont plus vulnérables aux fortes températures, et disposent de moins de possibilités pour y faire face : ils ont notamment plus rarement la climatisation ou une résidence secondaire".