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Ile-de-France - Les maires franciliens évoquent les "complémentarités" du couple région-métropole

La métropole du Grand Paris concurrencera-t-elle la région ? Dans le cadre d'un atelier des Assises de l'Association des maires d'Ile-de-France (Amif) organisé le 4 juin à Vincennes, les élus ont répondu sans hésiter par la négative.

Avec 6,7 millions d’habitants - soit plus de la moitié des personnes résidant en Ile-de-France - et des compétences très larges dans les domaines de l’aménagement, de l’urbanisme et du cadre de vie, du logement, de la politique de la ville, du développement économique, de l’environnement, ou encore en matière de gestion des milieux aquatiques… la métropole du Grand Paris aura à partir du 1er janvier 2016 une puissance considérable. Dès lors, on peut se demander si elle ne marchera pas sur les plates-bandes de la région. Jean-Marc Nicolle, délégué spécial du président Jean-Paul Huchon sur le Grand Paris, ne nie pas l’existence de ce risque. Ce qui ne l’empêche pas de souhaiter la réussite du Grand Paris. "La métropole peut être un puissant accélérateur des politiques régionales", souligne-t-il. Claude Capillon, maire de Rosny-sous-Bois, partage cet optimisme. "Il ne devrait pas y avoir de concurrence" entre les deux institutions "si l’on clarifie le rôle de chacune" et si la métropole est "un outil opérationnel", dit-il.
Les partenaires doivent passer "un contrat stratégique" portant en particulier sur leurs compétences partagées, préconise Pierre Mansat, conseiller spécial d’Anne Hidalgo sur la métropole. Selon lui, il est inenvisageable que la région se désengage de la politique du logement, à laquelle elle consacre cette année 175 millions d’euros. Il faut "un couple région-métropole", en déduit une représentante du Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) d'Ile-de-France. Une nouvelle gouvernance est à trouver : elle nécessite de bien articuler les compétences de la région avec celles de la métropole, ajoute-t-elle.

Fin des départements : "ne pas se précipiter"

Le nouveau couple en train de se former devra quand même encore cohabiter quelque temps avec les départements, si la suppression des conseils généraux est confirmée. Les transferts de compétences et de personnels ne devront pas être menés dans la précipitation, se sont accordés les intervenants. Le chantier nécessitera probablement de traiter au cas par cas chacun des départements concernés, du fait de la spécificité des politiques qui y sont menées, a fait valoir Pierre Mansat. Celui-ci laissant entendre qu'il serait peut-être plus logique de transférer à la ville de Paris, plutôt qu'à la région, les collèges aujourd'hui gérés par le département de Paris.
Avec la réforme territoriale qui renforce ses compétences, il faudra compter sur la région, a souligné Jean-Marc Nicolle. Et cela partout en Ile-de-France... y compris, donc, sur le sol de la métropole. En clair : la région ne se repliera pas sur la Grande Couronne et les franges de l’Ile-de-France. Ce n’est d’ailleurs pas franchement le scénario que les élus de ces territoires s’attendent à voir se réaliser. Ils redoutent, au contraire, que la métropole "draîne l’ensemble des ressources financières de la région", comme l’a expliqué Eric Roulot, maire de Limay, dans les Yvelines. Par ailleurs, les projets de transports en commun du Grand Paris express n’aboutiront dans leurs communes qu’en "2030", a déploré Véronique Coté-Millard, maire des Clayes-sous-Bois (Yvelines). A ces motifs de mécontentement s’ajoute l’obligation faite par la loi à une partie des intercommunalités de Grande Couronne de revoir leurs périmètres pour réunir au moins 200.000 habitants. Quelque 60 communautés sont ainsi sur la sellette. Attention à "ne pas créer des usines à gaz", a alerté Bernard Rigault, président de la communauté de communes Plaines et Monts de France, (110.000 habitants). Quel que soit le visage des réorganisations en Grande Couronne, la région en tiendra naturellement compte dans sa politique de contractualisation, a indiqué Jean-Marc Nicolle.

"Les citoyens sont les grands oubliés"

Etonnamment, la question de l'avenir de la vingtaine de "territoires" qui composeront la métropole n'a pas ressurgi lors de cet atelier organisé par l'Amif. On sait pourtant que les élus, qui réclament plus de libertés pour ces espaces, ont engagé un bras de fer avec le gouvernement. Ils ont menacé de boycotter les travaux de la mission de préfiguration du Grand Paris. Ce ne sont pas de vains mots : avec la sortie, le 21 mai, du décret concernant le fonctionnement de la mission, puis, le 4 juin, avec celle du décret procédant à la nomination de son directeur – le préfet François Lucas –, celle-ci n'attend plus que leur participation pour démarrer ses travaux. Le gouvernement a choisi au final de lâcher du lest. Le 27 mai dernier, la ministre en charge de la Décentralisation a donné son accord pour remettre l'ouvrage sur le métier, à une condition : que ces territoires ne lèvent pas l'impôt.
"Et le citoyen dans tout cela ?", se demandent les élus. Ceux-ci doutent qu'il comprenne grand-chose aux réformes en cours, auxquelles ils sont peu associés. "Les élus sont au courant, mais les citoyens, eux, ce sont les grands oubliés", résume Claude Capillon. "Il faudra un énorme travail de pédagogie", en déduit Pierre Mansat. Au risque sinon de voir ressurgir le spectacle des dernières élections européennes, où l'abstention et le Front national avaient atteint des records, conclut-il.