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Violences urbaines - Les maires de grandes villes réclament un "Grenelle de la sécurité urbaine"

Pour le ministre de l'Intérieur, les violences qui secouent Grenoble depuis plusieurs mois ne sont pas un phénomène national mais local. "Plus qu'un Grenelle national de la sécurité, il faut un Grenoble sécurisé." C'est en ces termes que le ministre a répondu à la demande du maire de Grenoble, lundi, dans un communiqué. Michel Destot avait en effet réclamé la tenue d'un tel événement, avant même les trois nuits de violences urbaines que sa ville vient de connaître après le décès d'un braqueur tué lors d'un échange de tirs avec la police (nuits au cours desquelles la police a essuyé des tirs à balle réelle). L'agglomération iséroise est en effet en proie à une succession de violences depuis le lynchage d'un jeune de 23 ans dans le tramway le 9 avril dernier, la séquestration à Echirolles d'un couple le 24 mai, et deux homicides commis en pleine rue le 6 juin et le 12 juillet.

Soulignant les "résultats spectaculaires obtenus en Seine-Saint-Denis avec le préfet Ambert", Brice Hortefeux a dit qu'il fallait "rétablir l'ordre public et l'autorité de l'Etat au plus vite et par tous les moyens". Il a demandé au préfet de l'Isère d'organiser, "dès la semaine prochaine, en liaison avec le maire de Grenoble et le procureur de la République, une réunion rassemblant l'ensemble des acteurs publics locaux concernés (forces de sécurité, services de l'Etat, services fiscaux, services sociaux, acteurs associatifs, etc.)".

Michel Destot s'est montré satisfait de cette décision et y voit un premier pas vers un Grenelle. "Cette rencontre doit être une première étape préfigurant un Grenelle de la sécurité urbaine à organiser à l'échelle nationale avec les services de l'Etat et les collectivités locales, qui doivent faire face ces derniers mois à une vague de violence sans précédent, dont témoignent malheureusement les récents événements survenus ce jour à Saint-Aignan, mais aussi ces dernières semaines dans les grandes villes de France (Paris, Lyon, Grenoble…)", a-t-il indiqué, lundi.

Le ministre de l'Intérieur pourra-t-il échapper à un débat national alors qu'à peine revenu de Grenoble il devait se rendre lundi à Saint-Aignan (Loir-et-Cher) où la gendarmerie a été prise d'assaut à coups de hache et de barres de fer par une cinquantaine de personnes appartenant à la communauté des gens du voyage, pour protester contre la mort d'un jeune tué par un gendarme lors d'une course-poursuite, dans la nuit de vendredi à samedi ?

L'Association des maires de grandes villes de France (AMGVF), que préside Michel Destot, a annoncé lundi qu'elle reformulerait officiellement l'idée d'un Grenelle de la sécurité publique, le 22 septembre 2010, lors d'une conférence nationale sur le thème "Cohésion sociale et urbaine, ce que veulent les maires de grandes villes", à l’hôtel de ville de Paris. Une demande appuyée par le député PS de l'Essonne Manuel Valls. "Il faut remettre à plat la question de la sécurité, la manière dont la police intervient dans les quartiers", et celle de son "manque de moyens", a-t-il déclaré sur Europe 1. L'organisation d'un Grenelle de la sécurité est une attente forte des syndicats de policiers municipaux qui ont obtenu du gouvernement, le 27 mai dernier, qu'une réflexion sur "la place et le rôle des polices municipales dans la société" soit engagée avec l'Association des maires de France. Là encore, il a fallu un drame, la mort d'une policière municipale de 27 ans, pour enclencher la discussion.

 

Michel Tendil
 

 

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