Les intentions de recrutement ralentissent en 2024
Les entreprises vont réduire leurs recrutements en 2024, selon l’enquête Besoins en main d'œuvre de France Travail. L’établissement public veut intensifier ses efforts d’accompagnement des employeurs pour alléger des difficultés de recrutement qui restent élevées.
Coup de mou sur le marché du travail. En 2024, les intentions de recrutement des employeurs diminuent de 8,5%. 28% des établissements prévoient d’embaucher, contre 31% l’an dernier, d’après l’enquête Besoins en main d’œuvre de France Travail, présentée mercredi 24 avril. Le niveau des recrutements reste supérieur à l’avant-crise, mais il marque le pas. "Les entreprises anticipent moins de nouvelles activités", souligne le directeur général adjoint en charge du Réseau chez France Travail, Stéphane Ducatez. Ce qui explique la forte baisse de la part des recrutements en CDI dans l’ensemble des embauches.
De l’autre côté, la décrue du nombre de demandeurs d’emploi s’est bel et bien interrompue : au premier trimestre 2024, la Dares dénombre 2,8 millions d’inscrits à France Travail en catégorie A, un volume à peu près stable depuis un an.
L’essoufflement de la dynamique des embauches concerne tous les secteurs économiques ainsi que toutes les régions. Mais certaines d’entre elles sont davantage touchées par des baisses supérieures à 10%, comme les Hauts-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Normandie. C’est le Centre Val de Loire qui résiste le mieux.
Manque de profils adéquats
Les difficultés de recrutement ont concerné 45% des établissements en 2023. Trois quarts d’entre eux rapportent un manque de candidatures, ainsi qu’un manque de profils adéquats dans 72% des cas. 6,9% des offres déposées à France Travail ont été abandonnées faute de trouver un candidat contre 6,2% en 2022. Extrapolées à l’ensemble du marché du travail, cela représenterait entre 241.000 à 369.000 opportunités en moins en équivalent temps plein. Les raisons de ces abandons sont le manque d’expérience des candidats, le manque de motivation et le manque de compétences, un facteur qui "progresse beaucoup", signale Stéphane Ducatez.
Pour contourner ces difficultés, 52% des établissements ont formé des candidats venant de l’extérieur, et 40% des établissements ont recouru à des profils de candidats différents. Pour améliorer la mise en relation entre candidats et recruteurs, l’opérateur parie une fois de plus sur l’intelligence artificielle. D’après France Travail, l’IA statistique combinée à l’IA générative permettrait "d’améliorer très fortement la qualité [du] sourcing" de candidats en tenant compte de leurs compétences, appétences et même de leurs différentes contraintes horaires ou de mobilité pour les orienter vers les bonnes offres.
Aides à la garde d’enfants
Pour "mettre un candidat en face de chaque offre", France Travail veut aussi augmenter à 100.000 le nombre de personnes effectuant les tests de recrutement par simulation. Et s’engage à augmenter de 25% le volume de formations préalables au recrutement, qui s’établissait à 90.000 l’an dernier. Pour lever les freins à l’emploi, les critères d’éligibilité aux aides à la garde d’enfants vont être assouplis afin d’atteindre "2 fois plus de bénéficiaires à l’horizon 2025".
Alors que la conjoncture se dégrade et que le nombre d’inscrits à France Travail va augmenter sous l’effet de la loi pour le plein emploi, l’opérateur public va intensifier son travail de prospection, ambitionnant de devenir "le meilleur allié RH des entreprises". Il s’agit d’augmenter de moitié le nombre de recruteurs contactés. "On souhaite travailler avec des repéreurs d’offres", a souligné Paul Bazin, le directeur général délégué de France Travail, qui compte sur les acteurs du réseau pour l’emploi (chambres consulaires, fédérations d’employeurs) pour faire remonter des offres ainsi que sur des prestataires privés qui feront de la prospection d’entreprises dans le cadre de marchés. Une manière de créer de nouvelles opportunités en convaincant les entreprises les plus hésitantes à recruter.