Les finances des petites villes sont restées robustes en 2020
Selon une étude de la Banque postale collectivités locales, la crise sanitaire n'a pas épargné les quelque 4.000 communes dont la population est comprise entre 2.500 et 25.000 habitants. Leurs recettes tarifaires et domaniales ont ainsi baissé de près d'un quart l'an dernier. Mais, globalement, ces villes ont conservé les moyens de participer à la reprise de l'investissement local, celle-ci étant effective dès cette année. Pour conforter cette tendance, il faudra que l'État accroisse la "visibilité budgétaire" des élus municipaux, souligne l'Association des petites villes de France (APVF).
La crise sanitaire n'a pas dégradé sensiblement, en 2020, les finances des 4.088 petites villes comprises entre 2.500 et 25.000 habitants, mais les conséquences ont été variables selon la taille de ces communes, conclut une étude de la Banque postale collectivités locales pour l'Association des petites villes de France (APVF) présentée ce 8 décembre.
L'épargne brute, qui constitue la part des dépenses de fonctionnement pouvant être mobilisée pour financer l'investissement et le remboursement des emprunts – et qui, donc, traduit les marges de manœuvre de la collectivité – a progressé l'an dernier, pour ces communes, de 2,5%. Avec un tel résultat, les maires de petites villes peuvent sourire, à la différence d'un certain nombre d'autres édiles locaux, pour qui la situation a été beaucoup plus difficile l'an dernier, notamment les maires de grandes villes. Reflet de cette situation, l'épargne brute globale de l'ensemble des communes (budgets primitifs et annexes) a reculé de 8,5% en 2020, selon le rapport 2021 de l'Observatoire des finances et de la gestion publique locales, qui est paru au début de l'été.
Filet de sécurité
La crise a, certes, durement affecté l'an dernier les produits de services et du domaine des petites villes, et ce, quelle que soit la taille des communes. Du fait de la fermeture des services publics, puis de leur réouverture partielle, ces recettes ont enregistré un repli moyen de 23,1%. Une évolution qui a pesé de manière non négligeable sur les recettes totales des petites villes, qui ressortent en baisse de 1,2%. Mais, simultanément, les petites villes ont réalisé des économies, notamment sur leurs achats et charges externes. Les dépenses de fonctionnement, qui connaissaient depuis plusieurs années une croissance ralentie, ont ainsi diminué l'an dernier de 1,9%.
Toutefois, toutes les petites villes ne sont pas logées à la même enseigne. En effet, les villes de moins de 15.000 habitants, et en particulier les plus petites d'entre elles, ont mieux tiré leur épingle du jeu que les autres. L'épargne brute des communes dont la taille est comprise entre 2.500 et 5.000 habitants a ainsi cru de 3,8%. En revanche, le même indicateur a baissé de 0,5% pour les communes de la strate 15.000-25.000 habitants.
Le "filet de sécurité" instauré par la troisième loi de finances rectificative pour 2020 a apporté un coup de pouce à certaines petites villes, notamment touristiques, en difficulté. Parmi les villes étudiées, 284 en ont bénéficié, soit 7% de l'ensemble des communes à qui cette aide de l'État a été accordée. À noter : elles ont perçu un montant de 62 millions d'euros, représentant 47% du total alloué aux communes.
Indispensable visibilité budgétaire
Pour Luc-Alain Vervisch, directeur des études de la Banque postale collectivités locales, le niveau de l'épargne brute des petites villes est resté "satisfaisant" en 2020. Il fait remarquer par ailleurs que ces communes conservent des marges de manœuvre en matière de recours à l'emprunt : leur capacité de désendettement est un peu supérieure à quatre années d'épargne brute. Au total, les petites villes peuvent "absorber la poursuite, au moins partiellement, des effets de la crise en 2021", et "tracer des stratégies d'investissement pour le mandat qui s'est ouvert", estime l'expert.
Après avoir plongé de près de 18% en 2020, les dépenses d’investissement des petites villes sont attendues en hausse dès cette année. Abondées dans le cadre du plan de relance, les dotations de l'État en faveur de l'investissement (dotation d'équipement des territoires ruraux, dotation de soutien à l'investissement local, dotation politique de la ville) devraient les aider à appuyer sur l'accélérateur. Pour 2020, le montant de ces dotations qui sont attribuées en autorisations d'engagement aux petites villes, s'élève à 571 millions d'euros, soit 36% des sommes attribuées aux communes. 65% des petites villes bénéficient d'au moins une des dotations.
Néanmoins, dans la durée, les dépenses d’investissement ne pourront être confortées qu’à la condition d’une plus grande "visibilité budgétaire", souligne l'APVF. Pour avoir une vision plus dégagée de l'avenir, rien de tel qu'un "nouveau pacte de confiance État-collectivités territoriales", préconise l'association présidée par Christophe Bouillon, maire (PS) de Barentin. Dans les prochaines semaines, l'association adressera des propositions aux candidats à l'élection présidentielle. Elle y insistera sur cette "nécessité de relations plus confiantes" entre l'État et les collectivités locales.