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Services publics - Les Européens mécontents de leurs services publics et des politiques sociales

C'est un véritable record qu'affiche l'enquête Eurobaromètre sur le climat social rendue publique le 2 février 2010 : quatre Européens sur cinq sont heureux de la vie qu'ils mènent. Et les Français ne sont pas en reste puisqu'ils sont 85% à être satisfaits de leur quotidien. 52% jugent leur situation professionnelle satisfaisante et plus des deux tiers considèrent la situation financière de leur ménage correcte. Pourtant, les citoyens européens sont préoccupés. Selon ce sondage mené par TNS Opinion & Social à la demande de la Commission européenne, près de 78% d'entre eux pensent que la situation économique de leur pays est mauvaise et un Européen sur deux estime que les administrations sont mal gérées. Une situation qui aurait empiré au cours des cinq dernières années selon 33% des sondés. Les pouvoirs publics ne sont pas épargnés : 22% des personnes interrogées considèrent que les services publics devraient encore se dégrader en 2010. Le plus inquiétant reste l'emploi. Ainsi, comme la plupart de leurs voisins, plus de neuf Français sur dix s'alarment de la situation de l'emploi qu'ils ont vue se détériorer depuis 2005 et n'envisagent pas d'amélioration cette année. Un pessimisme européen aggravé par "les mauvaises allocations chômage" de leur pays. Pour 45% des Européens, l'Etat ne couvre pas les besoins des chômeurs. Plus généralement, les Européens sont particulièrement insatisfaits de la manière dont leur pays aborde la question de la pauvreté et des inégalités. Un sujet qui les angoisse car la majorité d'entre eux n'entrevoit aucun progrès. 30% des Européens s'attendent même à ce que la situation se détériore. Or, la question des retraites reste en suspens et la moitié des résidents de l'Union européenne juge leur pension de retraite mauvaise. Un constat qui "reflète une peur de vivre sa vieillesse dans la pauvreté", comme le soulignent les experts de la Commission européenne. Seule bonne note dans ce paysage : les services de santé qui satisfont 64% des Européens. Les Français se situent d'ailleurs dans le haut de la fourchette avec 77% de personnes satisfaites du système de soins qui leur est proposé. Pour les citoyens des 27 Etats membres de l'Union, ce n'est donc pas la situation des individus mais la politique sociale de chaque pays qui doit être améliorée.

 

Emilie Zapalski

 

Le logement broie du noir

Considéré, avec les activités financières, comme l'un des éléments déclencheurs de la crise mondiale, le secteur du logement recueille des résultats très négatifs dans le dernier Eurobaromètre "Climat social". Ce pessimisme exprimé par les Européens - et plus encore par les Français - s'appuie cependant sur des considérations objectives. La part du revenu que les citoyens consacrent au logement a en effet progressé de près de quatre points en dix ans. De même, l'endettement hypothécaire s'est fortement accru.
Ce contexte a manifestement des effets anxiogènes sur les Européens. Ainsi, 77% d'entre eux jugent que l'accès au logement est plutôt ou très difficile. Si ce sentiment domine, certains pays ont toutefois une vision plus positive, comme la Suède (64% de réponses positives), le Danemark (60%), la Lettonie et l'Allemagne (57%). La France figure au contraire parmi les pays pessimistes (78% de réponses négatives), mais sans être le plus négatif sur la question (95% à Chypre, 87% en Espagne et en Grèce...). Le sentiment d'une dégradation de la situation depuis cinq ans est également bien ancré chez les Européens, avec 62% de réponses en ce sens, pour 26% de répondants qui jugent la situation inchangée et seulement 7% qui perçoivent une amélioration sur la période. La France figure à nouveau parmi les pays présentant la perception la plus négative, avec 74% de réponses négatives, juste derrière Chypre (93%), la Hongrie (85%), l'Espagne et la Lituanie (77%), ainsi que la Belgique (74%).
Tout en restant globalement sombre, la vision de l'avenir est un peu moins pessimiste. Seuls 37% des Européens estiment en effet que la situation du logement va se dégrader dans les douze prochains mois, contre 4% qui jugent qu'elle va rester identique et 15% qui prédisent une amélioration. Les Français se situent dans la moyenne, avec 36% de prévisions d'amélioration, 39% de stabilité et 19% d'amélioration. Tous ces résultats - marqués par une incontestable anxiété sur la question du logement - sont d'autant plus à souligner que 70% des Européens sont propriétaires de leur logement, ce qui devrait être perçu comme un élément de sécurisation.
PCA