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Sport / Urbanisme - Les espaces publics à l'épreuve des pratiques sportives urbaines

Quel rôle pour les pouvoirs publics et les acteurs privés en matière de sport dans les espaces urbains métropolitains ? C’est la question que s’est posée le bureau de l’Economie du sport du ministère des Sports dans sa dernière note d’analyse, parue début mai 2018.
Un décalage entre le nombre de licenciés sportifs (16 millions) et le nombre de pratiquants (environ 34 millions) est observable, annonce la note en introduction. Or, si les équipements normés (terrains de grands jeux, bassins aquatiques, courts de tennis, salles de sports collectives) sont les principaux lieux de pratiques, dans les espaces urbains, on s’oriente vers une plus grande autonomie. Ainsi, avance la note, "en ville, les espaces publics sont aujourd’hui des lieux de pratiques privilégiés pour les usagers. Les rues, les places, les parcs, les squares, les quais, les esplanades sont particulièrement révélateurs des recompositions des pratiques sportives".

"Marqueurs urbanistiques"

Cette recomposition est tantôt le fait d’un détournement d’usage de la voirie (rollers, skate, BMX, etc.), tantôt le fait d’un aménagement spécifique de la part des autorités publiques (terrains en libre accès, aires d’exercices, etc.), enfin, elle peut s’observer de manière périodique, à l’occasion de l’organisation d’un événement sportif sur la voie publique (courses à pied, à vélo, etc.). La note pointe ainsi que "pour les autorités politiques des grandes métropoles, l’aménagement des espaces publics, l’installation d’équipements à usages sportifs et l’organisation de manifestations sportives sont devenus des marqueurs urbanistiques dont l’ampleur et la nature correspondent aux standards internationaux".
Si le nombre d’équipements – détournés ou installés – en ville est difficile à évaluer, il en est de même des pratiquants. La pratique sportive en ville étant "évolutive", pointe la note, "il est aujourd’hui très difficile de quantifier le nombre de pratiquants". On sait toutefois que le vélo (26%), la course à pied (26%) et la randonnée (25%) figurent parmi les activités sportives les plus exercées de manière autonome en ville, en particulier chez les moins de 35 ans. De plus, ajoute la note, "dans les grandes métropoles, la généralisation du processus de gentrification […] voit s’installer une population plus aisée [qui] contribue au développement de certaines pratiques sportives et ludosportives". Parmi les pratiques à la mode : les glisses urbaines, les sports de balle sur surface réduite, les randonnées urbaines et… le street fishing (la pêche en ville, que certains élus parisiens voudraient voir interdite dans la Seine).

Ecart entre offre et demande

Particularité de ces nouvelles pratiques en Ile-de-France : elles ont lieu à 80% à proximité du domicile et connaissent une flexibilité horaire, en particulier chez les 25-35 ans, avec trois pics d’intensité : le matin, l’heure du déjeuner et le début de soirée.
Face à des pratiques parfois méconnues et par définition peu encadrées, "l’aménagement des espaces publics et la mixité des usages, notamment à des fins sportives, sont aujourd’hui des enjeux majeurs pour les municipalités", estime la note, qui ajoute que "malgré certaines limites, les décisions politiques retenues par les villes s’orientent de plus en plus vers la promotion de l’activité physique".
Toutefois, "la rencontre entre l’offre et la demande demeure difficile, notamment dans un contexte budgétaire contraint". Ainsi, parce qu’elles sont jugées abordables, les aires de fitness en accès libre sont parfois installées "sans étude de marché préalable", et "malgré l’activation sociale des mairies, un écart entre la réalité du terrain et les équipements aménagés est observable". Afin d’optimiser la fréquentation, davantage d’études prospectives devraient être réalisées en amont, préconise la note.