Archives

Environnement - Les Eco Maires exigent le maintien de l'interdiction de la culture d'un maïs OGM

Les Eco Maires, un réseau d'élus fédérant 700 collectivités engagées sur les questions de développement durable, vient de se positionner en faveur du maintien de l'interdiction de la culture du Mon 810, un maïs OGM insecticide conçu et commercialisé par la firme américaine Monsanto et cultivé jusque-là en France sur une vingtaine de milliers d'hectares. "Cet avis est formulé en application du principe de précaution mais en opposition à l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), qui vient d'énoncer dans un avis que ce maïs ne présente pas de danger pour la santé humaine", a expliqué dans un communiqué Guy Geoffroy, député de Seine-et-Marne et président des Eco Maires.
Cet avis des Eco Maires intervient alors même que ce 16 février, au niveau européen, un comité d'experts a examiné une proposition de la Commission européenne visant à obliger la France et la Grèce à lever le moratoire qu'elles imposent selon elle de manière injustifiée à ce type de maïs. A l'issue d'un vote à la majorité qualifiée, les experts ne sont pas parvenus à se départager sur la levée du moratoire : 9 pays sur 27, totalisant 123 voix, ont soutenu la demande de la Commission ; 16 pays, totalisant 190 voix, ont voté contre ou se sont abstenus et deux Etats, l'Allemagne et Malte, n'ont pas pris part au vote. La Commission européenne doit désormais décider si elle demande l'arbitrage des ministres. Dans ce cas, elle doit "sans plus tarder" présenter une proposition et les pays de l'UE devront se prononcer dans les trois mois. Dans l'intervalle, les ministres européens de l'Environnement vont voter le 2 mars sur les clauses de sauvegarde mises en place par l'Autriche et la Hongrie, deux autres pays réfractaires aux OGM.
S'il est logique que la levée ou non du moratoire français fasse débat à l'échelon européen - au sein duquel s'est engagé un patient jeu de négociations depuis que le Mon 810 y est en cours de réévaluation entre les Etats favorables aux OGM (Suède, Espagne, Pays-Bas, Royaume-Uni) et ceux ayant imposé des clauses de sauvegarde, il est plus inattendu qu'un important réseau d'élus fasse bloc sur cette question auprès du gouvernement. Malgré l'avis de l'Afssa mais également celui de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), qui conclut également à l'innocuité du Mon 810, le gouvernement a en effet confirmé son intention de maintenir la suspension du Mon 810, "en attendant une décision de la Commission européenne, qu'elle respectera". Par la voix de Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie, le gouvernement a par ailleurs pointé du doigt l'inadaptation de la procédure d'évaluation européenne des OGM par l'Efsa, pour laquelle de nouvelles règles d'encadrement sont prévues d'ici 2010.

 

Morgan Boëdec / Victoires-Editions