Fonction publique - Les discriminations dans l'accès à l'emploi public seraient en recul
Deux ans après un rapport au Premier ministre, Yannick L'Horty, spécialiste des questions d'emploi, fait le point, avec d'autres chercheurs, sur les discriminations dans l'accès à l'emploi public. Dans le cadre de travaux publiés le mois dernier, il observe que les discriminations dans ce domaine se sont réduites. Toutefois, dans la fonction publique territoriale, des candidats aux origines différentes ne seraient toujours pas traités à égalité.
Un candidat d'origine maghrébine qui postule à un emploi de responsable administratif (catégorie A) dans la fonction publique territoriale a un peu de moins de chance de décrocher un entretien d'embauche qu'un candidat d'origine française. C'est ce que met en évidence un rapport de plusieurs chercheurs du CNRS, dont Yannick L'Horty (université Paris-Est Marne-la-Vallée). Ces travaux (voir ci-dessous) avaient été commandés par Annick Girardin, ministre de la Fonction publique, dans les tout derniers mois du quinquennat de François Hollande.
Les chercheurs ont créé les CV de cinq candidats fictifs, similaires en tous points, sauf concernant leur sexe, leur patronyme et leur lieu de résidence. Par ailleurs, l'homosexualité d'un des candidats a été suggérée par la mention de sa participation à l'organisation des Gays Games de Paris, en août dernier. Entre septembre 2017 et mars 2018, ils ont envoyé chacun de ces CV en réponse à 653 offres d’emploi de responsable administratif et d'aide-soignante déposées par des employeurs privés et publics (trois versants) situés en Ile-de-France.
"Nous trouvons (…) des preuves empiriques de l’existence de discrimination dans l’accès à l’emploi", concluent les auteurs de l'étude. Dans le secteur public, ces discriminations concernent l'origine des candidats. Ainsi, les employeurs publics locaux ont été moins nombreux à accorder un entretien d'embauche au candidat ayant un nom à consonance maghrébine qui postulait à un emploi de responsable administratif. De même, la candidate maghrébine qui recherchait un emploi d'aide-soignante (fonction publique hospitalière) a rencontré plus de difficultés que les autres candidats pour le même emploi.
Pas de discriminations selon l'orientation sexuelle
Dans le cadre du rapport sur les discriminations dans l'accès à l'emploi public qu'il a remis en juillet 2016 au Premier ministre, Yannick L'Horty avait déjà effectué des tests sur les professions de responsable administratif et d'aide-soignante. Il les avait réalisés entre octobre 2015 et avril 2016. Le chercheur avait conclu à l'existence dans la fonction publique territoriale de discriminations selon l’origine pour les deux professions et de discriminations selon le lieu de résidence uniquement pour le recrutement de responsables administratifs. Deux ans plus tard, il constate avec ses collègues que les discriminations dans l'accès à l'emploi public se sont réduites globalement et que ne subsistent que des discriminations en raison de l'origine. Celles qui sont liées au lieu de résidence ne sont plus repérées.
Les travaux réalisés en 2017-2018 mettent par ailleurs en évidence "des différences de traitement dans le processus de sélection des candidatures" qui sont en défaveur des candidats homosexuels. Dans leur cas, le temps de réponse de la part des employeurs contactés est ainsi plus élevé en moyenne. Mais, selon les chercheurs, "ces différences ne se traduisent pas dans un écart significatif de taux de réponse à l’encontre des candidats présumés homosexuels".
Discriminations à l'encontre des candidats présentant un handicap
D'après les experts, le "reflux" des discriminations peut s'expliquer par la reprise de l’emploi et donc la réduction du nombre de candidats pour les offres. Le développement des actions publiques en faveur de la lutte contre les discriminations a également pu jouer un rôle, selon eux.
Une autre étude réalisée pour la direction générale de l'administration et de la fonction publique et publiée le mois dernier (voir ci-dessous) indique toutefois que les discriminations dans l'accès à l'emploi demeurent à l'encontre des candidats présentant un handicap. Les tests effectués dans le cadre de cette étude ont été effectués auprès de 311 établissements culturels, dont une majorité relève de la fonction publique. Résultat : la candidate handicapée a eu plus de 16% de chance en moins d’obtenir une réponse positive par rapport à une candidate sans handicap.