Transports - Les députés ont hâte de voir se réveiller l'Afitf
Plus on en parle, moins on la connaît : l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf) a ceci de mystérieux qu'elle est sans cesse évoquée dans le milieu des transports sans qu'on sache très bien à quoi elle sert. Créée en 2004, son manque de moyens fait débat. Sa gouvernance aussi. Il y a deux ans, la Cour des comptes a tout bonnement recommandé sa suppression. "Inutile", "sans réelle valeur ajoutée", elle ne mâchait alors pas ses mots au sujet de cette structure dont les membres ne jouent, selon elle, "aucun rôle" dans la sélection des investissements proposés.
Depuis, aucun changement majeur mais sa constitution a été régulièrement modifiée par décret. Le dernier en date, le 20 avril dernier, a fait passer de deux à trois le nombre d'élus locaux membres de l'Agence. Quant à son conseil d'administration, qui doit être obligatoirement piloté par un parlementaire, il était jusque là présidé par le sénateur de la Meuse, Gérard Longuet. Devenu ministre de la Défense, celui-ci a vraisemblablement échoué à en faire un espace de dialogue, de concertation et d'expertise respecté et reconnu. Ce sera donc la première mission de son remplaçant. Principal candidat en lice, l'ancien ministre des Transports Dominique Perben est pressenti pour prendre les rênes de l'établissement public. L'Elysée l'a indiqué et même si cela reste à confirmer, cela semble bien parti, au point que les députés de la commission développement durable de l'Assemblée ont choisi de l'auditionner le 11 mai.
Chargée de coordonner le financement de grands projets d'infrastructures de transport routières, ferroviaires, fluviales ou portuaires, l'Afitf devra selon Dominique Perben "poser les bonnes questions et définir les priorités entre les aménagements et les grands travaux à réaliser. Elle sera un lieu de dialogue, d'échange qualitatif. Elle ne se contentera pas de lister les projets mais proposera une vraie évaluation, une valeur ajoutée. Sans pour autant marcher sur les plates-bandes de l'exécutif ou du législatif car elle restera avant tout une Agence". Les parlementaires présents se sont réjouis de la candidature du député du Rhône à ce poste. Elle augure en effet d'une possible reprise en main du secteur. "Un secteur où, pour l'heure, le niveau de dialogue et des réponses à apporter n'est pas la hauteur", a fustigé André Chassaigne, député du Puy-de-Dôme. "On a besoin d'un bon connaisseur des transports pour réfléchir à des ressources nouvelles et à l'adaptation de l'offre", a ajouté Bertrand Pancher, député de la Meuse. En matière de nouveaux financements, Dominique Perben propose que l'Agence offre une expertise dans le domaine. D'une coquille creuse, il s'agirait de faire évoluer l'Afitf vers une agence dotée de compétences d'ingénierie. Il ajoute enfin que l'Agence sera indispensable pour mettre en œuvre et renforcer le report modal et qu'elle remplira une "fonction anti-gel" des capacités financières qui ne seront pas remises en cause chaque année par la loi de finances.