Archives

Présidentielle - Les CRT veulent amender la loi Notr pour "conforter" l'échelon régional dans le développement du tourisme

Dans une tribune adressée aux candidats à l'élection présidentielle, les présidents des comités régionaux de tourisme (CRT) remettent sur le tapis la question de la compétence tourisme, en suggérant que la loi Notr soit amendée "afin de conforter l’échelon régional dans son rôle stratégique de coordination et de concertation". Ils demandent également au futur président que son gouvernement comprenne un ministère du tourisme ou une délégation interministérielle dédiée.

Les présidents des Comités régionaux de tourisme, via leur fédération Destination Région, ont adressé le 7 avril une tribune à l'attention des candidats à l'élection présidentielle. Si l'intitulé n'est pas très original par les temps qui courent - "Face à la mondialisation, faisons du tourisme une priorité pour la France" – les solutions pour y parvenir ne sont pas forcément consensuelles.
Au-delà de la question des moyens financiers (dont il serait "indispensable" qu'ils soient "revus sensiblement à la hausse"), ils demandent que la loi Notr soit amendée "afin de conforter l’échelon régional dans son rôle stratégique de coordination et de concertation" sur la thématique tourisme. Ils affirment que "les régions sont légitimes pour fédérer les acteurs publics et privés autour de destinations lisibles, visibles et attractives", du fait de leur investissement "massif" dans le secteur ("à hauteur de plus de 250 millions d’euros", rappellent-ils). Que la région est " le bon échelon pour rivaliser avec les grandes destinations européennes et mondiales". Et que "en tant que détentrices de la compétence 'développement économique', elles se positionnent naturellement en tant que chefs de file du développement touristique des territoires". A ce titre, ils estiment que "en refusant de clarifier ce point, la loi Notr n’a fait qu’entériner une situation confuse et contre-productive entre les différents échelons territoriaux".

Pour un schéma régional de développement touristique prescriptif

De même, "le schéma régional de développement touristique doit devenir un outil commun et prescriptif à tous les partenaires territoriaux", suggèrent-ils.
Dans ce cadre, "le partenariat Etat/régions en faveur d’une politique nationale touristique forte doit être consolidé", ajoutent-ils, notamment grâce à une "meilleure représentation" de l’échelon régional dans les instances nationales, mais aussi à une "coordination plus forte" de l’Etat et des régions autour, par exemple, d'un dispositif d'observation "cohérent réunissant, selon un programme pluriannuel établi en commun, tous les acteurs concernés". Dans leur esprit, ce partenariat devra également s’appuyer sur les intercommunalités, "appelées à jouer un rôle décisif pour le développement local touristique dans les années qui viennent".
Ils souhaitent accompagner la révolution numérique "dont les conséquences sont nombreuses : changement profond des modes de consommation, uberisation des acteurs, usage prépondérant des outils numériques". Pour ne pas "la subir", ils estiment que l’Etat doit, d’une part, "accentuer ses efforts sur la promotion 'online'", d’autre part, "prendre des positions fortes dans le sens d’une régulation des géants de la commercialisation en ligne".
Ils demandent qu’une conférence réunissant Atout France et les organismes régionaux de tourisme puisse se tenir annuellement "afin d’échanger sur une stratégie concertée d’observation, de promotion et de développement touristique de nos territoires, tant métropolitains qu’ultramarins".
Enfin, ils considèrent que "les outils structurants que sont les contrats de destination et les pôles d’excellence doivent être consolidés et pérennisés".

Un ministère du tourisme "à part entière"

Ils suggèrent également au prochain président de la République de créer un ministère ou une délégation interministérielle pour le tourisme "à part entière" qui "prenne véritablement en compte le poids de ce secteur dans l’économie". Durant ce quinquennat, cinq ministres ou secrétaires d'Etat ont eu le tourisme dans leur portefeuille parmi d'autres attributions.
Il y a d'abord Sylvia Pinel "ministre déléguée à l'Artisanat, au Commerce et au Tourisme" entre mai 2012 et mars 2014. Puis le tourisme part au Quai d'Orsay avec Fleur Pellerin "secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères et du Développement international, chargée du Commerce extérieur, de la Promotion du tourisme et des Français de l'étranger". Il y restera avec l'éphémère Thomas Thévenoud, puis avec Matthias Fekl à partir de septembre 2014 et jusqu'au départ de celui-ci pour la place Beauvau le 21 mars dernier. Depuis peu, Harlem Désir, jusque-là secrétaire d'Etat chargé des affaires européennes "traite également, par délégation du ministre des Affaires étrangères et du Développement international, les questions relatives au commerce extérieur et à la promotion du tourisme" lit-on dans le JO du 6 avril.
Et il ne faudrait pas oublier Martine Pinville "secrétaire d'Etat chargée du commerce, de l'artisanat, de la consommation et de l'économie sociale et solidaire" dont le décret d'attribution paru au JO de juillet 2015 dit bien qu'elle est "associée à la définition et au suivi de la politique de l'Etat en matière de soutien aux activités touristiques. Elle concourt à la politique sociale du tourisme visant à permettre l'accès de tous aux vacances" (voir aussi notre article Le tourisme, une compétence partagée, très partagée du 15 juin 2016). Tout récemment, durant la période de transition Fekl-Désir, elle a d'ailleurs lancé la campagne "La France, tout un monde à explorer" (voir notre article du 6 avril 2017 ci-dessous). Une campagne destinée à "valoriser l'offre touristique française auprès du grand public".