Les collectivités invitées à compenser les carences numériques lors d'un prochain épisode de "continuité pédagogique"
Un rapport de l'inspection générale de l'éducation nationale tire le bilan de la continuité pédagogique du premier confinement. Si les enseignements n'ont pu se poursuivre normalement, l'essentiel a été sauvegardé. Des préconisations visent à améliorer le niveau d'équipement des enseignants et des élèves.
Lorsque la crise sanitaire a éclaté, le système scolaire français n’était pas prêt mais il a fait preuve d'une forte résilience. Telles sont les conclusions du rapport "Les usages pédagogiques du numérique en situation pandémique durant la période de mars à juin 2020", rédigé par l'inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR) et publié le 15 janvier 2021.
16 mars 2020, le confinement de la population est décrété. Les écoles ferment. Les enseignants sont invités à assurer une "continuité pédagogique" depuis leur domicile. L'IGESR parle d'un "défi". Si la volonté est de réussir à faire cours à distance, par ordinateur interposé, la priorité numéro un s'avère plus prosaïque : assurer le simple maintien du "contact social et pédagogique" avec les élèves. Un maintien qui pose particulièrement problème dans la voie professionnelle, en éducation prioritaire et en maternelle. On fait alors feu de tout bois : téléphone, courrier électronique, espaces numériques de travail (ENT). Le rapport souligne que ces outils "ont pu être mis en œuvre grâce aux efforts considérables de tous les acteurs, qui se sont massivement mobilisés". Notamment les collectivités locales. Dans la très grande majorité des cas, le contact peut être maintenu. Pourtant, "on doit déplorer un décrochage plus important dans la voie professionnelle que dans la voie générale, et particulièrement pour les élèves de CAP", pointe le rapport. Parmi les raisons de ce décrochage : l’accès au numérique d'un nombre non négligeable d’élèves.
Exigences à la baisse
Dans ces circonstances inhabituelles et soudaines, les enseignants revoient leurs objectifs à la baisse. Ils renoncent souvent à enseigner des notions nouvelles pour privilégier l'approfondissement de notions déjà rencontrées. Le rapport regrette que les enseignants de collège en enseignement prioritaire (EP) se soient montrés "systématiquement moins enclins à évoluer par rapport aux enseignants hors enseignement prioritaire (HEP) alors que l’inverse est observé à l’école élémentaire".
Le rapport met également en exergue des failles matérielles. "On ne peut que déplorer que les ressources documentaires institutionnelles n’aient été utilisées que par une minorité de professeurs, qui ont souvent fait appel à l’offre privée", souligne-t-il.
Malgré ces limites, on constate "certaines incidences positives sur les élèves" : autonomie, capacité à s'autoévaluer, maîtrise des compétences numériques quotidiennes.
Mesures de compensation
Si, comme elle l'affirme, "le numérique ne peut, en tant que tel, constituer une solution miracle aux contraintes émergeant de situations de crise inattendues", l'IGESR n'en appelle pas moins à "la meilleure préparation et la meilleure coordination possible des acteurs de l’école".
Sans surprise, directions, enseignants et parents sont invités à se former, à dialoguer, à mutualiser leurs pratiques ou encore à formaliser un plan d’action. Comment ? En s'appuyant sur un entraînement en "vraie grandeur" sur le modèle des exercices de sécurité.
Mais aucune de ces préconisations ne saurait avoir d'effet sans deux actions sur le plan matériel. D'abord adapter l’offre institutionnelle de ressources éducatives. Ensuite "procéder à un état des lieux systématique et régulier sur la capacité à mener ou suivre des actions d’enseignement à distance". Et si l'on en venait à constater une insuffisance du niveau d’équipement ou de la qualité d’accès à internet des enseignants et des élèves ? Il reviendrait à l’État, aux collectivités territoriales ou au tissu associatif de prendre "des mesures de compensation".