États généraux du numérique pour l'éducation : des propositions qui engagent les collectivités
Les États généraux du numérique pour l'éducation ont débouché sur quarante propositions. Pour nombre d'entre elles, la question du financement n'est pas tranchée… mais vise souvent les collectivités territoriales.
Après quatre cents rencontres territorialisées, qui ont réuni dix mille participants depuis le mois de juin, et deux jours de rendez-vous national, les 4 et 5 novembre, les États généraux du numérique pour l'éducation (EGN) se sont achevés. Et maintenant ? Les débats ont été synthétisés à travers quarante propositions. Plusieurs font écho aux revendications des collectivités territoriales, qu'il s'agisse de la gouvernance ou des investissements.
Sans surprise, la première proposition vise à organiser une gouvernance plus participative au niveau national et dans les territoires. Le document de synthèse précise que "les instances nationales devront structurer les grandes lignes stratégiques, les piloter, les opérationnaliser [sic] à travers des comités opérationnels et des comités des usagers". Des représentants des collectivités territoriales pourraient ainsi siéger au comité stratégique présidé par le ministre de l'Éducation nationale. De plus, ces outils de gouvernance nationaux "devront se décliner au niveau local". Ici, c'est un comité stratégique au niveau de la région académique qui accueillerait les représentants des collectivités. Ceux-ci pourraient encore figurer dans chaque comité de circonscription, pour les écoles primaires, et chaque comité d'établissement, pour le secondaire. Si ces propositions multiplient les échelons, au risque de ralentir ou de bloquer le processus décisionnel, elles correspondent à une demande de concertation à tous les niveaux clairement exprimée.
Équiper, équiper et encore équiper
Au chapitre "Enseigner et apprendre le numérique et avec le numérique", on retrouve une proposition émise par les acteurs privés du numérique éducatif : "créer un compte ressources et services numériques pour chaque enseignant." Son but ? Permettre l’acquisition de ressources et de services numériques directement par le professeur. Ici, apparaît une difficulté soulevée durant les débats par les représentants des collectivités : régions, départements et communes n'entendent pas être de simples porte-monnaie. Comme l'a souligné Jean-Louis Nembrini, vice-président de la Nouvelle-Aquitaine, lors des débats, "on ne peut pas nous demander d'investir puis d'être au service d'un donneur d'ordres qu'est l'État" (lire notre article du 5 novembre).
Mais en termes d'investissement, ce sont sans doute les propositions visant à garantir un égal accès au numérique pour tous et à réduire la fracture numérique qui toucheront le plus les collectivités. Sur ce thème, les actions envisagées sont larges. Elles vont de la définition des critères communs d’identification de la fragilité numérique au développement d'outils et ressources spécifiques et de tiers-lieux ouverts pour les lycées professionnels. Dans le détail, il est question de fournir "une aide ciblée à l’équipement numérique des élèves" et une autre "à l’équipement de tous les professeurs". Aujourd'hui, les aides aux équipements des élèves sont financées par les collectivités, sans que cela soit une obligation. Il arrive même que certaines équipent des directeurs d'école. Mais du financement de ces équipements, la synthèse des EGN ne dit rien.
Le document nomme en revanche directement les collectivités lorsqu'il s'agit de "renforcer les moyens de maintenance des équipements et infrastructures numériques des écoles et établissements en incitant [à] la mutualisation des moyens". Objectif affiché : avoir un technicien informatique par établissement. Les collectivités pourraient encore être sollicitées pour rendre concrètes d'autres propositions : garantir une connexion suffisante, accélérer le déploiement du très haut débit, créer un ENT (espace numérique de travail) pour chaque école ou mettre en place le "Pass connexion éducation" pour tous.